Les compagnies Nnpc et Sonatrach sont en charge de la réalisation de ce projet dont les impacts stratégiques et socioéconomiques ne cessent de susciter l'intérêt des compagnies gazières. Le projet du gazoduc Transsaharien (Tsgp), ouvrage gigantesque de 4200 km pour acheminer du gaz du Nigeria vers l'Europe, en traversant le Niger et l'Algérie, suscite un intérêt grandissant des grands groupes pétroliers et gaziers. Par ailleurs, dans le cadre de ce projet, une route transsaharienne et un câble de fibres optiques doivent être réalisés avec ce gazoduc, projets inclus, à l'instar du Tsgp, dans le cadre du Nouveau partenariat de développement de l'Afrique (Nepad) De fait, une étude réalisée par la société britannique Penspen/IPA a confirmé la faisabilité du projet et, en 2008, la Sonatrach a lancé à Bruxelles la campagne de promotion du Tsgp. Après une période de réflexion, le projet Tsgp revient donc à l'ordre du jour des états-majors gaziers des compagnies parties prenantes de cette gigantesque réalisation avec un impact économique certain. Pour ce qui est du projet Tsgp, proprement dit, notons l'intérêt que lui portent le gazier russe Gazprom et le groupe pétrolier français Total qui se sont déclarés les premiers intéressés à participer dans le développement du projet du gazoduc lors d'une conférence annuelle du gaz et du pétrole qui s'est déroulé le 23 février dernier à Abuja. «Nous avons ici l'opportunité d'offrir certaines solutions que nous avons mises au point. Nous avons de l'expérience dans la gestion de tels projets à large échelle», avait alors indiqué Vladimir Ilyanin, directeur de Gazprom au Nigeria. Il a même fait des offres de service à la Nigerian National Petroleum Corporation (Nnpc). Par ailleurs, ce responsable avait également souligné que son groupe avait déjà travaillé avec Total, qui est également intéressé par une participation à ce projet, et qu'il ne voyait pas de raison de ne pas être capable de faire de même sur celui-ci. Néanmoins, les analystes du secteur étaient et sont toujours sceptiques et voient en l'implication de Gazprom dans ce projet une tentative d'accroître le contrôle de la Russie sur les fournitures de gaz à l'Europe qui, soit dit en passant, a souffert cette année d'une crise gazière sans précédent, lors du différend sur les prix qui opposa la Russie à l'Ukraine.. Le chef de Total au Nigeria, Guy Maurice, avait déclaré de son côté que son groupe était également intéressé par ce projet. «Je profite de l'occasion pour dire publiquement que Total est prêt à prendre part à ce projet», avait affirmé M.Maurice. Il a récemment réaffirmé, dans la dernière édition de la publication spécialisée Pétrole et gaz arabes (PGA) cet engagement. En effet, une porte-parole de Total avait indiqué à PGA que le Tsgp apparaissait comme une option d'exportation à long terme qui présentait de l'intérêt pour une compagnie très active au Nigeria et en Algérie. «Ce projet a du sens, tant sur le plan stratégique qu‘économique», avait-elle expliqué. La publication a également repris les propos du directeur Afrique du Nord du groupe, Jean-François Arrighi de Casanova, qui est intervenu lors du dernier «Euro-Arab Gas Forum», soulignant que Total avait regardé de près, les éléments technico-économiques du projet contenus dans l'étude de faisabilité et que cet examen avait conduit à une opinion positive du projet dans tous ses aspects. Dans son intervention lors du forum, ce responsable avait en outre souligné que les coûts du transport du gaz par le Tsgp seraient similaires à celui d'un projet GNL en termes de net back et qu'il y avait des optimisations possibles grâce à la connexion avec le réseau algérien. Ce qui permettrait selon lui, en plus de l'exportation de gaz vers l'Europe, de desservir les marchés du nord du Nigeria, renforçant ainsi les incitations à l'exploration orientée vers le gaz dans ce pays. Quant à l'Italien ENI, c'est le président-directeur général du groupe, Paolo Scaroni, qui avait annoncé le 28 février dernier que le groupe souhaitait participer au Tsgp. «Nous sommes très intéressés par le développement de ce projet», avait déclaré M.Scaroni lors des travaux du premier Forum de consultation et d'échange d'informations sur le marché du gaz naturel organisé par l'Agence de valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). «Déjà présente au Nigeria, ENI voudrait participer à la réalisation de ce mégaprojet (Tsgp) pour s'approvisionner en gaz naturel sous une forme moins coûteuse», avait expliqué le P-DG de cette société italienne, avant de souligner que son groupe possède la technologie transport à haute pression (TAP) nécessaire au développement de ce type de projet. Pour rappel, ce sont les compagnies Nnpc et Sonatrach qui sont en charge de la réalisation de cet ouvrage dont les impacts stratégiques et socio économiques ne cessent de susciter l'intérêt des compagnies pétrolières et gazières, des institutions financières et des clients. Le gazoduc projeté permettra la flexibilité d'exportation pour le Nigeria, la création d'une nouvelle route d'exportation du gaz naturel africain vers l'Europe, le développement des régions traversées ainsi que la sécurité des approvisionnements gazièrs de l'Europe. Il induira en outre la création de près de 5 à 6 millions d'emplois dans les trois pays que le gazoduc va traverser. D'une longueur totale de 4200 km (dont 2300 km en Algérie) et d'un coût de 10 milliards de dollars, ce gazoduc intercontinental transitera, dès sa mise en service vers 2015 un volume de 20 à 30 milliards de m3 de gaz.