Le bluesman camerounais se produira mardi prochain à Tlemcen et mercredi à 19h à la salle Ibn Zeydoun d'Alger. Les amateurs de musique afro-américaine seront gâtés cette semaine. Avec le Festival culturel panafricain qui se prépare activement à Alger, il y aura de quoi danser cette année sur les rythmes du continent noir. Le Centre culturel français n'a pas attendu ce grand rendez-vous phare de l'année puisqu'il s'est déjà lancé dans l'organisation de concerts de haute facture avec des musiciens venus d'outre-mer et qui n'ont de cesse de nous réconcilier avec notre africanité. Après Ousman Danedjo le mois dernier, le CCF d'Alger nous convie ce mercredi à la salle Ibn Zeydoun à la découverte d'un bluesman hors pair. Il s'agit de Roland Tchakounté. Né au Cameroun, loin des champs de coton qui ont peaufiné le style de ses lointains ancêtres, il a commencé son apprentissage musical avec les percussions puis la guitare. Il s'initie ensuite au piano et à l'harmonica et fait ses premières expériences de groupe au Cameroun comme bassiste chanteur dans différentes formations locales, spécialisées dans les reprises des chansons afro-américaines. (James Brown, Wilson Picket, Jimi Hendricks etc.) Il attrape le virus du blues en écoutant Crawling kingsnake de John Lee Hooker et n'a désormais qu'un seul rêve, devenir bluesman. Il réussit à créer une parfaite synthèse entre ses racines africaines, ses influences blues et la singularité d'interpréter son répertoire en «bamiléké», son dialecte maternel, et sort en décembre 1999 Bred bouh shuga blues, album qui le fait révéler au public. S'ensuit Abango, un opus en duo acoustique enregistré en 2005, avec qui il fait de nombreuses tournées notamment aux Etats-Unis (Chicago, Memphis), au Canada (Montréal) et en Belgique, en tandem avec son complice Mick Ravassat. En 2006, il fait la rencontre du batteur percussionniste, Mathias Bernheim, et l'intègre immédiatement dans l'équipe, séduit par son jeu, à la fois très simple et très efficace. Waka, son nouvel album sort en février 2008, marqué par un concert (sold out) au New Morning à Paris. Depuis, il sillonne à nouveau les routes du monde et sera présent sur les scènes en Belgique, au Canada, en Indonésie, au Vietnam, en Malaisie, en Lituanie, en Croatie, en Afrique (Burkina Faso, Mali) mais aussi à Cognac, à Vaison la Romaine et dans d'autres villes de France. Roland Tchakounté qualifie sa musique de «mélodie sauvage» servant à aborder des sentiments souvent tristes ou joyeux mais aussi à exprimer l'état d'abandon dans lequel est plongé le continent africain. Il ne cache pas son admiration pour les artistes tels que Sun House, Robert Johnson, Edmore James, Muddy Waters, mais considère John Lee Hooker et Ali Farka Touré comme ses vrais maîtres. Utopic revendiquée, son désir est de rassembler l'espèce humaine au sein d'une seule et même grande famille sans distinction de races et de couleurs. Roland Tchakounté sera accompagné sur scène par Mathias Bernheim aux percussions, Mick Ravassat au dobro guitare (à résonateur), le bluesman donnera à voir tout son talent et son amour pour la musique «farouche» qu'il affectionne tant car affranchie de toutes frontières. A ne pas manquer!