Unanimes, les meneurs de la contestation sociale appellent à «mettre un terme à la politique du replâtrage». «On n'a pas d'autre pays de rechange.» C'est avec ces mots très significatifs que le porte-parole de la coordination des syndicats autonomes Meziane Meriane, a lancé un appel au gouvernement pour «assumer» les promesses faites aux différentes sections syndicales. L'appel se veut celui de l'ouverture du dialogue comme, également, un garant de l'égalité quant à l'augmentation des salaires. De fait, cette revendication afférente aux salaires a constitué l'un des points cruciaux ayant accentué le «déchirement» entre les syndicats et la tutelle. Expliquant cette iniquité, M.Meriane, contacté hier par L'Expression, estime que les salaires des fonctionnaires sont totalement inadéquats au regard de ceux octroyés aux représentants du peuple, soulignant: «Les salaires des députés ont connu des augmentations astronomiques tandis que celles des fonctionnaires demeurent insignifiantes.» Le constat est loin d'être reluisant. Au lendemain de l'élection présidentielle, des mouvements de protestation ont repris de plus belle. La question sociale se positionne d'ores et déjà comme le défi majeur de la nouvelle mandature. «Il suffit d'une politique rationnelle qui ne marginalise aucun syndicat, pour qu'un terrain d'entente soit trouvé», explique le porte-parole de la coordination des syndicats. Par ailleurs, le secteur de la santé revient sur le terrain. Le syndicat des psychologues, les professeurs, docents et maîtres-assistants ouvrent le bal et reprennent leur mouvement à raison de trois jours de grève par semaine. Les praticiens de la santé veulent «du concret». Pour Lyès Merabet, secrétaire général du syndicat national des praticiens de la santé (Snpsp), «la revendication des salaires est mise en exergue». Qu'en est-il des promesses? «Tous les candidats (à la magistrature suprême) ont parlé du secteur de la santé. Et pour que cet engagement soit tenu, on doit revaloriser la ressource humaine qui reste une condition sine qua non pour la résolution du problème», enchaîne le représentant du Snpsp. Concis mais précis, il appelle la tutelle à «mettre un terme à la politique du replâtrage». Les faits sont là. Des deux côtés, il faut réfléchir loin de toute obédience pour aller de l'avant. Sinon, la résolution du problème des salaires risque de ne pas connaître son issue. S'agissant toujours du même thème, les enseignants du supérieur menacent à leur tour de recourir à une grève nationale. Abdelmalik Rahmani, coordinateur national du Cnes, avertit quant à la question du régime indemnitaire. «On attend du nouveau sur cette question. Le 30 avril prochain est fixé comme une date butoir pour (les responsables du secteur) répondre à nos doléances. Et si d'ici-là aucune décision n'est prise quant à nos demandes, le conseil national se réunira en session extraordinaire.» Le choix de la date avancée par le coordinateur du Cnes, faut-il le préciser, est lié à la tenue de l'élection présidentielle. «On attend que l'effet du scrutin se dissipe pour voir plus clair», ajoute M.Rahmani. Le conseil qu'il préside prévoit également, selon ses dires, une rencontre avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, pour élaborer une stratégie à court terme. S'il y a un appel que M.Rahmani compte lancer, c'est bien évidemment celui de demander «plus de visibilité sur ce dossier». Comme M.Meriane, le responsable du Cnes souligne que «le gouvernement doit ouvrir le débat avec tous les syndicats, pas seulement avec l'Union générale des travailleurs algériens». De fait, en sus des secteurs évoqués, celui de l'éducation n'est pas en reste à moins de deux mois du baccalauréat. Les cheminots qui ont repris le travail menacent également de tout paralyser si satisfaction n'est pas donnée à leurs revendications.