La situation sanitaire dans la wilaya d'El Oued ne prête guère à la sérénité. Plus de 70.000 personnes sont atteintes de glaucome primitif à angle ouvert. Cela représente un taux de 9,2% de la population de la wilaya, a révélé une étude menée par la Société algérienne du glaucome. Pas moins de 5,2% des glaucomateux dépistés ignoraient leur maladie, a établi cette étude réalisée par une équipe médicale spécialisée du CHU Lamine-Debaghine (Bab El Oued) et supervisée par Mme Malika Tiar, présidente de la Société algérienne du glaucome. L'enquête épidémiologique récemment élaborée sur un échantillon de 938 patients résidant à El Oued et les daïras avoisinantes, a touché 524 hommes (55,8%) et 414 femmes (44,2%) âgés entre 40 et 96 ans. Pour réaliser cette étude, l'équipe médicale a procédé au dépistage systématique des sujets âgés de 40 ans par la mesure de la pression intra-oculaire et l'examen du fond d'oeil. L'étude s'est axée sur les facteurs de risque des glaucomes dépistés, tels le diabète diagnostiqué chez 141 personnes (15%), l'hypertonie oculaire chez 131 patients (13,9%), la myopie chez 85 personnes (9%) et le glaucome familial chez 28 malades (2,9%). Concernant les facteurs de risque, l'étude a établi que l'hypertonie oculaire en constitue le principal pour un taux de 85% des cas et que l'existence d'un Gpao familial à hauteur de 9,2% constitue un facteur prédisposant mais ne serait pas un facteur de progression. Selon l'enquête, l'hypertension artérielle (HTA) et le diabète sont fréquemment associés au glaucome, mais la relation directe de cause à effet n'a pu être encore établie. Le nerf optique aura déjà perdu la majorité de ses fibres visuelles au moment où le malade commence à ressentir la baisse d'acuité visuelle, ce qui explique les retards dans la consultation, a révélé l'étude. Le taux de prévalence élevée du Gpao estimé à 9,2% à El Oued et l'ignorance de 52% des glaucomateux dépistés, de leur maladie, sont dus à des raisons socioéconomiques (coût du traitement et éloignement géographique), ce qui incite les spécialistes à prescrire rapidement l'indication chirurgicale. Dans ce sens, l'équipe médicale a insisté sur la nécessité d'un dépistage systématique dès l'âge de 40 ans, par la mesure de la pression intra-oculaire et l'examen du fond d'oeil. La Société algérienne du glaucome veille à développer la recherche, à sensibiliser la société et à mettre en oeuvre tous les moyens de lutte contre la cécité par glaucome dont la moyenne d'atteinte varie entre 50 et 70%, selon les régions. Ainsi, la situation sanitaire des régions éloignées du pays appelle une politique à même de permettre une prise en charge urgente des populations.