Walid Bouabdallah explique que les nouvelles dispositions de réduction de tarifs ne concerneront qu'une catégorie d'émigrés ciblée de voyageurs citant les «familles» et les travailleurs au salaire moyen aligné sur le Smig. Le programme de la saison estivale qu'établit chaque année Air Algérie sera difficile à élaborer cette année. «Nous ne savons pas comment vont se comporter les voyageurs algériens cet été sachant que le mois de Ramadhan aura lieu cette année au mois d'août. Mais bon, il nous faudra gérer...», a déclaré Wahid Bouabdallah P-DG d'Air Algérie hier sur les ondes de la Chaîne III. Ce qui revient à dire qu'il devra faire appel au flair et au sixième sens pour le programme 2009. Ceci est d'ailleurs valable pour toutes les autres sociétés de transports aérien, maritime et terrestre. On peut toutefois s'avancer à dire que les arrivées dans les ports et aéroports d'Algérie ainsi que les départs lors des prochaines vacances seront des plus imprévisibles. La raison? Les réductions de tarifs en direction des Algériens résidant à l'étranger favoriseront sans nul doute beaucoup de bénéficiaires à venir passer ce mois sacré au pays. D'autant que la mesure a été également adoptée par Aigle Azur et l'Enmtv pour le maritime. Toutefois, et M.Bouabdallah a bien fait de le préciser au cours de l'émission, cette réduction des tarifs ne s'appliquera qu'à certaines catégories de voyageurs. Il a cité les formules de voyage en «famille», les «personnes au revenu mensuel égal ou inférieur à 1200 euros, ainsi que les personnes âgées». Quoi qu'il en soit, la procédure d'identification des bénéficiaires devra s'effectuer auprès des consulats. Ce qui ne permet pas pour l'instant de prévoir le nombre de personnes qui ont droit à cette réduction et partant, ne facilite pas le travail d'élaboration du programme de la saison estivale. Sacré casse-tête pour les dirigeants des compagnies de transport concernées. L'autre sujet abordé par le P-DG de la compagnie nationale et qui a un lien direct avec les prévisions de la saison estivale est lié aux retards des avions qui continuent de malmener l'image de marque d'Air Algérie. Des retards qui, en période de pointe, imposent le recours à l'affrètement, c'est-à-dire la location d'avions sur le marché international. Celui-ci doit être prévu des mois à l'avance avec versement d'avances (des arrhes). Or, et à toutes les données manquantes que nous avons énoncées plus haut, il est hasardeux pour Air Algérie de se lancer dès maintenant dans des contrats d'affrètement. Autre obstacle énoncé par M.Bouabdallah: «La réglementation actuelle ne nous permet pas de verser des avances en devises. Nous avons demandé aux pouvoirs publics de résoudre ce problème.» Au-delà de cette équation à multiples inconnues que doit, malgré tout, «gérer» (c'est lui qui le dit) le premier responsable d'Air Algérie, il faut savoir que la mesure de réduction des tarifs au profit de nos émigrés ne concerne que nos ressortissants «en France et en Espagne», ceci d'une part. D'autre part, cette mesure contient deux volets: l'un du ressort d'Air Algérie et l'autre du ministère de la Solidarité nationale. Pour Air Algérie, comme l'a expliqué son premier responsable, il n'y a aucune compensation du différentiel à attendre du Trésor public. C'est purement du marketing comme pour toutes les promotions que peuvent décider toutes les compagnies aériennes du monde. Le ministère de la Solidarité nationale intervient à l'atterrissage sur le sol algérien de nos compatriotes ayant bénéficié de la mesure. Pour une meilleure compréhension, prenons l'exemple des voyageurs entrant dans le cadre de la mesure et qui atterrissent à Alger alors qu'ils doivent se rendre à Tamanrasset. Les nuitées à l'hôtel éventuellement et le transport jusqu'à leur destination finale sont pris en charge par les services du ministère de la Solidarité nationale. Ce qui suppose l'installation d'antennes de ces services dans les ports et aéroports du pays. Vaste programme. Et ce sont ces dépenses qui seront prises en charge par le Trésor public puisées dans le budget alloué à cet effet au ministère de la Solidarité nationale. Pour être complet, signalons à nos compatriotes qui bénéficieront de cette mesure et qui choisiront le bateau, que le billet de transport de leurs véhicules à bord en est exclu. Comme on peut le voir, cette mesure d'aide en direction de nos émigrés mobilisera beaucoup de moyens. D'abord, nos services consulaires qui devront traiter les dossiers des demandeurs. Ensuite, Air Algérie qui est «condamnée» à coller au rythme que prendra le trafic malgré l'absence de beaucoup de données comme on l'a vu plus haut et enfin le ministère de la Solidarité qui devra être présent à tous les points d'arrivées et de départs, faire preuve d'efficacité malgré la nouveauté de la tâche pour lui. Dans le cas contraire, c'est l'inévitable retour de manivelle. A la moindre défaillance c'est toute la mesure qui en prendra un coup. D'une généreuse mesure de solidarité à haute portée, elle se transformerait en opération négative au compte de l'Etat dans son ensemble. Les responsables chargés de cette opération le savent. Beau défi!