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Un pari sur l'avenir
DEVELOPPEMENT DURABLE ET ECOCITOYENNETE
Publié dans L'Expression le 16 - 04 - 2009

«Le peu qu'on peut faire, le très peu qu'on peut faire, il faut le faire, pour l'honneur, mais sans illusion.»
Théodore Monod, explorateur et humaniste.
Destiné à répondre «aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins», selon la définition de la Commission des Nations unies présidée en 1987 par Gro Harlem Brundtland, le développement durable prône une prise en compte de l'environnement dans les politiques de développement. Il englobe aussi les dimensions économique et sociale, comme cela a été rappelé lors du Sommet de Johannesburg en 2002, mais aussi culturelle. De fait, la prévention des catastrophes naturelles, la lutte contre le VIH/sida, la gestion de l'eau ou encore la réduction de la pauvreté relèvent de ce concept.
«À la différence de l'éducation à l'environnement, qui vise la préservation des ressources naturelles, le développement durable est centré sur l'homme», précise Claude Villeneuve, directeur de la chaire en écoconseil à l'université du Québec à Chicoutimi (Canada). Et c'est bien l'homme, invité à changer ses comportements, qui est au coeur de la Décennie des Nations unies pour l'éducation en vue du développement durable (2005-2014).
Les jeans poussent-ils dans les arbres? La question est saugrenue. C'est le but. Il s'agit de frapper l'imagination des élèves et de les inciter à réfléchir sur leurs vêtements: en quoi ils sont faits, d'où ils viennent, comment ils finissent leur vie...À partir de là, les enfants sont incités à imaginer des histoires en s'inspirant du cycle de fabrication de leurs chaussures de sport ou de leur blouson. Une telle démarche fait presque figure d'exception tant le développement durable peine à se faire une place dans les programmes scolaires. Pourtant, depuis son apparition en 1987, l'idée a fait son chemin. La vogue du commerce équitable, des aliments biologiques ou les placements éthiques en témoigne. Plus significative encore: la remise du prix Nobel 2004 à la militante écologiste kenyane Wangari Maathai «pour sa contribution au développement durable».(1)
Un défi de taille
La destruction des écosystèmes et l'épuisement des ressources menacent le bien-être de l'homme à moyen terme. Un exemple: la quantité d'eau disponible par habitant est passée de 12.900 m3 en 1970 à moins de 7000 m3 aujourd'hui et elle devrait descendre à 5100 m3 en 2025. Autre indicateur inquiétant: dix-sept des plus grandes zones mondiales de pêche ont atteint ou dépassé leurs limites naturelles (Source: FAO).
Mais savoir que la planète est menacée ne suffit pas à infléchir les attitudes au quotidien. Encore faut-il en prendre acte. La plupart des recherches conduites sur les habitudes des consommateurs montrent que la relation entre la prise de conscience et l'action est faible. Les études réalisées dans les pays industrialisés montrent en effet que 5% seulement des consommateurs ont adopté un mode de vie compatible avec le développement durable.
Dans ce contexte, l'éducation a un rôle-clé à jouer. Mais ayant à voir aussi bien avec nos modes de production, de transport, d'alimentation ou de construction, le développement durable ne peut être enseigné comme une autre matière, au même titre que la biologie ou l'algèbre.
Il s'agit donc moins de faire sien un concept abstrait que de cultiver une forme de citoyenneté appliquée à nos gestes quotidiens. Chacun peut en faire l'expérience, en préférant par exemple les produits de saison. Des raisins d'Argentine ou des melons de Sao Paulo importés par avion et achetés en Algérie en mars, consomment en effet 24 fois plus d'énergie que le même fruit acheté en juin et cultivé localement. «Le développement durable commence à sa porte. Il suffit de prendre conscience que chacun de ses actes compte», insiste Claude Villeneuve. Reste ensuite aux autres acteurs de la société à prendre le relais. Changer les attitudes est important et l'éducation peut y aider, précise Clayton White, mais nous devons aussi créer les institutions sociales, économiques et politiques qui permettent d'inscrire le développement durable dans les faits.
A sa façon élégante Nicolas Hulot ne s'arrête pas d'attirer l'attention des décideurs et des citoyens sur l'imminence du danger climatique. Le long métrage Le Syndrome du Titanic de Nicolas Hulot est annoncé comme un «cri d'alarme et un cri d'espoir». Il appelle à un changement radical et immédiat de notre consommation. D'un côté, 6,5 milliards d'êtres humains. De l'autre, ou plutôt sous leurs pieds, une planète, amochée, mais encore solide. Comment consommer sans entamer de façon rédhibitoire les ressources physiques de la Terre? Nous envoyons chaque jour 75 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, c'est-à-dire 3 millions de tonnes de CO2 à l'heure, ou encore 50.000 tonnes de CO2 à la minute! Ensuite, parce que cette ultraconsommation est mal répartie. Si tous les habitants de notre planète, demain, consommaient comme un Américain, une seule planète ne suffirait pas. Il en faudrait 4. Cette impasse décrite par le Club de Rome au début des années 1970 est désormais largement admise(2).
Le bien-être n'est pas proportionnel à notre consommation matérielle. Il faut redéfinir ce que nous appelons le confort. La débauche de choix dans les supermarchés est-elle le signe de notre liberté ou le témoin de notre accoutumance? Le bien-être consiste à trier dans les possibles et à se priver de certains choix. Et derrière cela, il doit y avoir des décisions politiques. Je cite souvent, écrit Nicolas Hulot, cette pensée d'Einstein: «Notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des intentions.» Nous ne manquons pas de moyens mais il nous faut préciser nos intentions, exercer notre choix. Or, choisir c'est renoncer: nous ne pourrons pas être sur tous les fronts. Pouvons-nous, par exemple, continuer de mettre chaque année dans les budgets militaires des sommes 30 fois supérieures à ce qui permettrait de sortir l'humanité de la misère?
A titre de comparaison, brûler 1 litre d'essence, dégage 2,3 kilos de CO2. Le cycle de vie d'une voiture correspond à 50 tonnes de CO2. Une recherche sur Google au moins 0,02 gramme - voire 7 grammes selon un scientifique. Quant aux chiffres mondiaux, les activités des 6 milliards et quelque d'êtres humains ont dégagé environ 27 milliards de tonnes de CO2 en 2007, soit 4,5 tonnes par personne et par an. Un paquet de chips de 35 grammes=75 grammes de CO2.
L'homme produit, consomme, et jette ses déchets sans arrêt et sans pitié pour son environnement ou pour le monde qui lui fournit ses ressources. Comment peut-on donner une image, comment peut-on représenter la consommation d'un seul être humain ou d'un groupe? Pour donner un visage à notre consommation les écologistes ont développé une sorte de comptabilité des ressources: l'empreinte écologique. - La moyenne mondiale de l'empreinte écologique est de 2,5 ha par personne. - Un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait autant qu'un Européen, il faudrait l'équivalent de deux planètes supplémentaires. - Un Américain du Nord a besoin du double d'un Européen pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait cinq planètes supplémentaires.
Ressources vitales
L'humanité peut être durable si elle veut s'en donner les moyens, ce qui passe notamment par le partage et l'autolimitation. Un seul exemple pour illustrer: il faut 15.000 m² de terres agricoles pour nourrir un Occidental moyen et entre 1000 et 2500 m² pour nourrir un végétarien. Aurons-nous assez de ressources pour nous nourrir? Au-delà des angoisses et des peurs, la véritable grande question posée par le peuplement sera celle des ressources: les pays, les sols, la Terre pourront-ils nourrir - et supporter - une population de 9 ou 10 milliards d'habitants?
Pour en revenir à la situation de débâcle écologique actuelle, le malheur viendra des modes de vie dépensiers occidentaux, des politiques industrielles, des égoïsmes nationaux, de comportements que nous pourrions changer. Selon le rapport 2008 de l'Agence internationale de l'énergie (World Energy Outlook 2008), nous passerons de 700 millions de voitures à 1400 millions qui rouleront encore au pétrole en 2030, émettant plus de 10 milliards de tonnes de C02 qui vont stationner dans l'atmosphère et mettront 120 ans pour disparaitre. Le changement climatique est en marche, cette course vers l'abîme a déjà ses victimes dans les pays démunis Le respect des niches écologiques et de l'espace vital propres aux autres grandes espèces n'a pas été prévu dans les calculs de l'empreinte écologique qui est éminemment anthropocentriste. Nous n'aurons bientôt plus que 800, 400, 200, 50... mètres carrés pour vivre, sur un sol biologiquement mort, dans un décor nu, pollué, galvanisé. Dieu a dit à Adam et à Eve: «Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre.» (Genèse 1,28). C'est à partir de ce précepte que nous avons défini L'empreinte écologique. Peut-être qu'il faille mieux appliquer ce hadith: «Irhamou man Fi al ardh yarhamkoum man fi sama.» Prenez soin de tout ce qui vit sur Terre, il sera pris soin de vous au ciel.
C'est, écrit le professeur Michael Klare, une ère de guerres pour les ressources, qui nous attend. John Reid, le secrétaire à la Défense britannique, a averti que le changement climatique global et l'épuisement des ressources naturelles se conjuguent pour accroître la probabilité de conflits violents portant sur la terre, l'eau et sur l'énergie. Selon lui, le changement climatique «rendra encore plus rares des ressources, l'eau propre, la terre agricole viable, qui sont déjà rares» et cela va «accroître plutôt que décroître la probabilité de conflits violents». Dans un rapport de 2003 il écrivait: «La violence et les turbulences découlant des tensions créées par des changements abrupts du climat impliquent une menace pour la sécurité nationale, différente de ce que nous avons l'habitude de voir aujourd'hui. (...)
Des confrontations militaires peuvent être déclenchées par un besoin désespéré de ressources naturelles comme l'énergie, la nourriture et l'eau plutôt que par des conflits autour de l'idéologie, de la religion ou de l'honneur national.» Et même si ces désastres sociaux vont se produire principalement dans le monde en développement, les pays plus riches seront entraînés dans la spirale de tels troubles, soit en participant à des opérations de «maintien de la paix et d'aide humanitaire», soit en ayant à repousser des immigrants non désirés ou encore en ayant à combattre outre-mer pour l'accès à des approvisionnements en nourriture, pétrole et minéraux.
«Dans ce monde d'Etats guerriers» prédisait en 2003 un Rapport du Pentagone, «la prolifération des armes nucléaires est inévitable». Au fur et à mesure que le pétrole et le gaz naturel vont s'épuiser, de plus en plus de pays se rabattront sur l'énergie nucléaire pour satisfaire leurs besoins d'énergie, et cela «va accélérer la prolifération des armes nucléaires avec le développement par les pays de capacités d'enrichissement et de retraitement de l'uranium dans le but de garantir leur sécurité nationale. La supériorité militaire peut apporter l'illusion d'un avantage dans les luttes pour les ressources vitales à venir, mais ne peut pas nous protéger des ravages du changement climatique mondial...En fin de compte, notre seul espoir d'un futur sûr et garanti réside dans une réduction substantielle de nos émissions de gaz à effet de serre et dans une collaboration avec le reste du monde pour ralentir le rythme du changement climatique mondial».
Ilya Prigogine résume ainsi l'ampleur du bouleversement introduit dans la sphère des savoirs: «Sur quelle branche s'engagera le XXIe siècle? Quel futur pour le futur? (...)» «Avec la notion de la probabilité, les idées de l'incertain et des futurs multiples font leur entrée même dans les sciences du microscopique. (...) Nous allons d'un monde de certitudes à un monde de probabilités. Nous devons trouver la voie étroite entre un déterminisme aliénant et un univers qui serait régi par le hasard et, dès lors, inaccessible à notre raison.»(3)
Pour en revenir à l'écologie, l'écocitoyenneté fait référence à l'écologie: la citoyenneté s'exerce aussi vis-à-vis de l'environnement et de la nature. Le citoyen a des devoirs envers la planète sur laquelle il vit, et l'environnement dans lequel il évolue. Ces devoirs sont indispensables, car ils sont le garant du maintien des ressources vitales de la Terre. Il s'agit donc pour chaque citoyen de se comporter quotidiennement en acteur de la préservation de l'environnement, en accomplissant des écogestes dans la vie de tous les jours.
L'écocitoyen trie ses déchets, économise l'énergie, protège la nature, consomme de façon responsable. Il s'informe sur les bonnes pratiques à accomplir, sensibilise son entourage aux écogestes et essaie de faire évoluer les mentalités et de faire changer les comportements. La démarche écocitoyenne ne concerne pas seulement les particuliers: toutes les organisations, entreprises, collectivités, institutions doivent mettre en oeuvre des actions écocitoyennes. Elles s'inscrivent ainsi dans une démarche globale de développement durable.
(*) Ecole nationale polytechnique
1.Wangari Maathai-Conjuguer la planète au futur: les jeans poussent-ils dans les arbres? Unesco le 23 mai 2005
2.Nicolas Hulot: Interview http:
//www.terra-economica.info/a4459.html Walter, Yannick Labrousse Nicolas Hulot: «Nos écogestes ne sont pas à la hauteur des enjeux»/Temps machine. Le 30/03/2009
3.Ilya Prigogine dans Jérôme Bindé: L'avenir du temps. Jalons pour une éthique du futur. Le Monde Diplomatique. Mars 2002.


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