Escortes armées, filets anti-pirates, lasers aveuglants, les navires empruntant le golfe d'Aden et ses eaux infestées de pirates somaliens disposent de solutions pour minimiser les risques de capture alors que les bâtiments de guerre étrangers peinent à enrayer les attaques. Les états-majors des coalitions navales rappellent à l'envi la difficulté de leur mission compte tenu de l'immensité de la zone à patrouiller. Pourtant, plus de 100 navires de commerce sillonnent le golfe d'Aden quotidiennement avec l'espoir de ne pas être repérés par des pirates aussi déterminés que téméraires. La solution la plus radicale consiste à éviter cette route maritime, et notamment le raccourci du canal du Suez, pour faire le tour du continent par le cap de Bonne Espérance. Peu de compagnies maritimes ont fait ce choix: les surcoûts (carburant, allongement du trajet) inhérents à cet itinéraire demeurent en effet supérieurs à ceux des polices d'assurance qui ont explosé à cause de la piraterie. Le commandant des forces navales américaines, le vice-amiral William Gortney, a plaidé cette semaine en faveur d'une présence armée à bord des navires marchands américains, une mesure contraire aux traditions du secteur. «Je ne suis pas d'accord avec cette solution (...) On ne va pas tuer des pirates, réels ou présumés, parce que quelques coups de feu ont été tirés en l'air», estime Nick Davis, PDG de la société privée Anti-Piracy Maritime Security Solutions. Les armateurs peuvent également avoir recours à des escortes maritimes armées, en faisant appel soit aux bâtiments de guerre étrangers qui organisent régulièrement des convois, soit à des compagnies privées. L'une d'entre elles propose pour 45.000 dollars un bateau avec des hommes en arme à bord pour la partie la plus risquée du trajet. De nombreuses compagnies de sécurité privées proposent également du personnel non armé, à l'image du géant britannique G4S qui assure 40 traversées par mois. La marine américaine a récemment encouragé les équipages à adopter une approche «dynamique», citant l'exemple de marins ayant eu recours à des fusées de détresse ou à des lances à eaux au moment de l'abordage, tout comme l'installation de fils barbelés sur la coque du navire. Certains bateaux sont équipés de systèmes acoustiques produisant des fréquences assourdissantes couplés à des lasers qui aveuglent temporairement l'assaillant. Un autre système, commercialisé il y a peu et baptisé le «filet anti-piraterie», s'apparente à un filet flottant placé sur les flancs et à la poupe du navire et empêchant les embarcations de pirates de s'approcher suffisamment près du bateau pour lancer leurs grappins. Selon Nick Davis, le système s'est déjà révélé efficace pour un navire au mouillage dans le port yéménite d'Al Mukalla. «L'embarcation des pirates s'est trouvée empêtrée. Les trois pirates sont passés par dessus bord», rapporte-t-il.