Les voyageurs à destination de la capitale Alger, ont dû rebrousser chemin hier pendant la journée pour cause de fermeture de la RN25 par les citoyens du village de Tleta, dans la commune de Tadmaït. A l'origine de cette action extrême et comme mentionné dans l'édition de notre journal de samedi, l'attente interminable des indemnités au titre des parcelles de terre nécessitées par la réalisation d'un barrage. En effet, le projet en question a été retenu depuis 1985 mais jusqu'à aujourd'hui les travaux n'ont pas encore débuté. Toutefois, la colère des citoyens a atteint ce stade pour de nombreuses raisons. Tout au début, les autorités ont dû exproprier les propriétaires des terrains en promettant des indemnités aux prix courants. Quelques années plus tard, les villageois constatent que ni les travaux ni les dédommagements ne sont visibles. L'ire est montée d'un cran. Face à cette situation, les autorités ont concédé de rembourser mais aux prix non actualisés. Les concernés refuseront les sommes proposées. Plusieurs fois, ils ont eu recours à la fermeture de la RN 25 pour se faire entendre en vain. D'autres années passent et le statu quo reste de vigueur. Aujourd'hui, après vingt-cinq années d'attente, l'exaspération est à son comble. Regroupés sur la route en question, les citoyens déclaraient hier que leur action sera maintenue jusqu'au règlement définitif du problème. «Nous avons suffisamment attendu et nous en avons maintenant assez», déclarait un citoyen. Cette colère est d'autant plus justifiée aujourd'hui que la situation de ce village est devenue dramatique. Le maire déclarait à L'Expression, dans sa précédente édition, que les villageois vivent une situation intenable. Aucun investissement ne peut se faire sur les lieux pour cause de réquisition des terrains. Les routes ne sont plus praticables car elles ne sont plus inscrites. Les écoliers souffrent par conséquent d'un manque flagrant de transport. Somme toute, Tleta est un village mort avec des citoyens encore vivants. Pour boucler la boucle, cette longue attente a mis les villageois dans une situation où il leur est interdit d'enterrer leurs morts dans leur cimetière. Les élus locaux ont proposé pour aider les villageois le cimetière communal. Or, ce ne sont là que des solutions temporaires car le problème reste sans solution. Le début des travaux du barrage n'est pas pour demain. Et les citoyens n'ont pas encore reçu leurs indemnités en plus du lot de problèmes quotidiens engendrés par la réquisition des terrains. Une lueur d'espoir apparaît cependant, comme le signalera le maire dans sa rencontre avec le premier responsable de la wilaya. En effet, celui-ci a promis d'utiliser les terrains en question même s'il faut tout détruire au début des travaux. Enfin, ce genre d'actions de colère semble être l'unique moyen qui reste aux citoyens pour se faire entendre. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une route ou un siège de la mairie ou de la daïra ne soit fermé. Les élus et les responsables locaux sont en rupture de dialogue avec la population. Ce climat délétère est sans conteste la meilleure manière d'alimenter la violence.