La conférence de l'ONU sur le racisme «Durban II» s'est ouverte hier en l'absence des pays occidentaux qui ont décidé de faire l'impasse sur cette rencontre. La Conférence de l'ONU sur le racisme «Durban II» s'est ouverte hier à Genève dans un climat tendu en l'absence d'une dizaine de poids lourds occidentaux, ayant renoncé à participer en raison de la présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui ne partage pas leurs visions des affaires du monde. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a ouvert la Conférence au siège des Nations unies à Genève en «regrettant profondément» l'absence de ces pays dont les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Italie, le Canada et Israël. «Je suis profondément déçu que certains aient choisi de rester à l'écart», a expliqué M.Ban. «Hors de ces murs, des groupes d'intérêt de nombreuses obédiences politiques et idéologiques se sont opposés dans un climat d'acrimonie. Eux aussi devraient être avec nous et parler», a-t-il ajouté. Pour M.Ban, la conférence, qui doit assurer le suivi de celle, houleuse et très controversée organisée à Durban, en 2001 en Afrique du Sud, devrait être placée sous le signe d'une «nouvelle ère de multilatéralisme» et se caractériser par «moins de confrontation et plus de dialogue, moins d'idéologie et plus de compréhension mutuelle». Car «aucune société n'est immunisée contre le racisme, qu'elle soit riche ou pauvre», a encore déploré le secrétaire général de l'ONU. Le phénomène peut prendre une forme «institutionnalisée, comme l'Holocauste nous le rappelle constamment», a-t-il insisté. Dans un communiqué publié avant la conférence, M.Ban avait «condamné le déni de l'Holocauste». M.Ban a ensuite rencontré le président iranien en fin de matinée, a indiqué son porte-parole sans préciser le contenu de leur entretien. A la veille de la conférence, M.Ahmadinejad avait qualifié dimanche Israël de «porte-drapeau du racisme». Ces attaques, récurrentes chez le président iranien, sont à l'origine de la défection de nombre de pays occidentaux craignant à nouveau des dérapages antisémites, à l'image de ceux qui avaient entaché la réunion de 2001 et entraîné le départ fracassant des Etats-Unis et d'Israël. Révélant une nouvelle fois des divisions européennes, la France et la Grande-Bretagne ont finalement décidé d'être présents quoiqu'au niveau de leur ambassadeur. Et ont prévenu qu'ils quitteraient la salle si M.Ahmadinejad proférait «des accusations antisémites». Israël et le Canada avaient, quant à eux, fait savoir de longue date qu'ils ne seraient pas présents. Dans ce climat tendu, Israël a rappelé hier pour consultations son ambassadeur à Berne après une rencontre entre le président suisse Hans-Rudolf Merz et son homologue iranien dimanche en marge de la conférence, ont indiqué des sources officielles israéliennes. Outre les craintes liées aux propos de M.Ahmadinejad, la plupart des pays occidentaux ont expliqué buter sur le projet de déclaration finale - élaboré par les diplomates - s'inquiétant d'atteintes à la liberté d'expression. Le document, entériné vendredi par le comité préparatoire de la conférence, ne fait pourtant plus mention d'Israël ni de la diffamation des religions, deux «lignes rouges» pour les Occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de l'Holocauste était maintenu contre l'avis de l'Iran. La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a d'ailleurs «exprimé (sa) gratitude à la délégation de Palestine ainsi qu'à l'Organisation de la Conférence islamique pour la flexibilité dont ils ont fait preuve». «J'espère que les Etats membres qui, à mon grand regret, ne sont pas ici, se joindront malgré tout aux efforts pour rendre tangibles les changements dans les vies des victimes du racisme», a déclaré Mme Pillay, qui assure le secrétariat général de la conférence.