Le «morse» c'est lui. Cela fait plus d'un siècle et demi que cet inventeur et peintre à la fois a révolutionné le télégraphe électrique... Qui eût cru que cet ancien étudiant instable et excentrique allait un jour entrer dans les annales de l'histoire. Son nom est intimement lié au télégraphe. Pourtant, Samuel Finley Breese Morse, né un certain 27 avril 1791 à Charlestown près de Boston, (Massachusetts) n'a pas inventé le télégraphe, encore moins le télégraphe électrique. 50 ans auparavant (1793), le télégraphe optique de Chappe permettait la transmission de dépêches à des centaines de lieues. Tandis que Soemmerring, Steinheil, Gauss et Weber en Allemagne, Ampère en France, Schilling à Saint-Petersbourg, Richtie et Alexander en Ecosse et Wheatstone en Angleterre, avaient déjà trouvé des solutions pour transmettre des messages à l'aide de l'électricité. Le génie de Morse a été de concevoir une machine simple, pratique, efficace, bon marché, rustique et surtout de réussir à convaincre (non sans mal) ses contemporains à réaliser une expérience suffisamment spectaculaire pour frapper les imaginations (la liaison Washington-Baltimore, 60 km). Son invention se situe en fait à deux niveaux: la machine, manipulateur-fil-transcripteur sur bande de papier et le code morse, composé de deux signes: courts et longs. Si la machine fut détrônée par la suite par les télégraphes automatiques, télescripteur, etc, le code est toujours d'actualité chez les militaires (quoique les transmissions numériques aient tendance à le supplanter) et les radioamateurs qui profitent de sa très grande résistance aux bruits parasites dans leur trafic radio en télégraphie. Plus connu sous le nom de Samuel Morse, ce physicien-inventeur américain était aussi un peintre au talent avéré. Après des études à l'université Yale (Connecticut) en 1811 où il obtint son diplôme la même année, il a travaillé chez un éditeur à Boston tout en se consacrant à la peinture. Aidé par ses parents, il partira à Londres pour y suivre des études artistiques auprès de Benjamin West. Durant la guerre de 1812, entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, Morse réagit, au mépris des Anglais, envers les Américains en devenant passionnément un pro-Américain. Tout comme la majorité des Américains de cette époque, il accepta les normes artistiques anglaises établies, incluant le style «historique» de la peinture - le portrait romantique des légendes et les événements historiques ayant des personnalités au premier plan, dans de grandes poses et aux couleurs brillantes - En 1813, il a obtenu une Médaille d'or de sculpture de la Société des arts Adelphi. Deux ans plus tard, pensant que les Américains n'appréciaient pas ses toiles historiques, il se remit à faire du portrait à contrecoeur, pour gagner sa vie, mais avec un certain talent. En 1825, il fonda à New York la Société des beaux-arts (National Academy of Design) et de-vient son premier président, pendant 16 ans. Après 1825, établi à New York, il peignait certains des portraits en combinant la compétence technique à l'interprétation audacieuse avec une touche de romantisme qu'il avait reçue en Angleterre. En 1829, il voyage en Europe pour trois ans en France et en Italie pour y étudier les beaux-arts. Trois ans plus tard, c'est sur le «Sully», navire qui le ramène aux Etats-Unis, qu'il conçoit l'idée d'un télégraphe électrique après une conversation sur l'utilisation de l'électro-aimant et les travaux d'Ampère avec le géologue Charles Thomas Jackson. En 1835, il endosse la casquette de professeur de littérature relative aux arts du dessin à l'université de New York et conçoit la première maquette du télégraphe réalisée avec des moyens insuffisants. En 1837, avec l'aide de deux partenaires, Leonard Gale, un professeur de sciences à l'université de New York et Alfred Lewis Vail, plutôt porté sur la réalisation pratique, il cherche à concrétiser son idée. En 1838, il développe le code qui le rendit célèbre. Il tentera sans succès d'intéresser le Congrès américain à son invention et se tourne vers l'Europe, où il échoue également. En 1840 il dépose le brevet pour son télégraphe. Finalement, en 1843, après des démarches opiniâtres, il réussit à obtenir du Congrès une aide de 30.000 dollars pour établir une ligne télégraphique entre Baltimore (Maryland) et Washington DC. Un an après, la ligne était terminée et le 24 mai il envoya le premier message de la Cour suprême du Capitole vers le dépôt de chemin de fer de Baltimore. Samuel Morse envoya un message à l'un de ses partenaires en débutant son message par une invocation de Dieu. A partir de 1846, le télégraphe de Morse est développé par des sociétés privées. Sa richesse et sa célébrité grandissaient.. En 1848, Morse se maria une seconde fois à une pauvre cousine de 26 ans qui était considérée sourde et muette. Ils eurent plusieurs enfants. En 1850, il reconstruisit sur sa propriété un château style villa italienne. Il y passa ses étés avec ses enfants et ses petits-enfants. Il retournait chaque hiver à sa maison de grès à New York. Homme généreux, Samuel Morse a, durant sa vieillesse, fait des dons aussi bien au collège Vassar, dont il a été un fondateur et un administrateur au collège Yale, aux églises, aux séminaires théologiques, aux sociétés de la Bible, aux sociétés de modération qu'aux pauvres artistes. Après sa mort, le 2 avril 1872, à New York, sa renommée en tant qu'inventeur du télégraphe a été obscurcie par l'invention du téléphone, la radio et la télévision, tandis que sa réputation en tant qu'artiste grandissait.