Le ministère de la Santé a fini par rompre un silence qui a duré depuis la mi-avril, alors que l'épidémie faisait courir le monde. Il a fallu 48 heures de réunions pour que le minis-tère de la Santé rende publiques les mesures prises pour faire face à la menace de la grippe porcine. Cela a pris du temps alors qu'une levée de boucliers s'organisait dans le monde. «Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a mis en place un comité ad hoc chargé de suivre l'évolution de la situation de cette maladie infectieuse au niveau international et de proposer les mesures à prendre au niveau national en termes de surveillance, de prévention et de dispositif de lutte», a indiqué dans un communiqué, parvenu hier à notre rédaction, émanant du ministère de la Santé. Des cellules de veille ont été installées et des mesures de contrôle ont été prises au niveau des aéroports, des ports et des frontières. Cependant, le problème se pose quant à la lenteur des autorités à informer les citoyens sur le dispositif arrêté pour faire face à la situation. Depuis la découverte du virus A/H1N1 au Mexique, le ministère de la Santé a observé un mutisme qui a duré 19 jours, mine de rien. Depuis l'apparition de la grippe porcine au Mexique, le 13 avril dernier, jusqu'à hier, le citoyen a été tenu entre le marteau de l'inquiétude et l'enclume de la rumeur. Dure est la communication! Preuve en est, l'élaboration d'un simple communiqué prend l'allure d'un projet à durée prolongée. Cela dit, ledit projet a accouché d'un document rédigé en trois paragraphes. Le ton rassurant, le ministère a affirmé que «le comité a pris sur la base du principe de précaution un certain nombre de mesures urgentes relatives à la surveillance épidémiologique et de préparation à mobilisation, si nécessaire et en fonction de l'évolution épidémiologique internationale». Sur se plan, l'Organisation mondiale de la Santé compte relever à 5 le niveau de l'alerte mondiale. En d'autre termes, l'OMS n'est plus qu'à une phase (sur une échelle d'alerte de 6 degrés) pour déclarer la pandémie. Selon Grégory Healt, porte-parole de l'OMS: «S'il y a une confirmation de cas locaux aux Etats-Unis, nous pourrions en principe passer à la 5e phase.» Déclarée au Mexique, la grippe porcine s'est propagée dans les Etats du sud des Etats-Unis, puis dans le continent américain pour enfin atterrir en Europe via l'Espagne. En cas de «confirmation finale» de cas de grippe porcine dans le pays de l'Oncle Sam, cela équivaudrait à un nouveau foyer de l'épidémie. Pour mieux maîtriser la diffusion du virus A /H1N1, le comité d'urgence, mis en place par l'OMS, explore toutes les voies d'identification de ses caractéris-tiques. Pour le moment, M. Healt a clairement affirmé: «Nous n'avons pas d'information sur la façon dont il fonctionne, dont il se transmet.» Autre point de préoccupation, les transformations futures du virus. A ce sujet, M.Healt a avoué que «la grande inconnue, c'est également comment le H1N1 va se présenter dans ses transmissions futures». Pour le moment, la piste de l'utilisation de l'antiviral Tamiflu est privilégiée. Il y a trois ans de cela, le ministère avait acquis une quantité de 7 millions de doses de Tamiflu. A l'époque, cette quantité était destinée à faire face à la menace de la propagation de la grippe aviaire. De son côté, le groupe pharmaceutique algérien Saidal avait conclu un accord avec la firme indienne Hetero Labs Limited pour la production de 6 millions de boîtes de Tamiflu, sous l'appellation de Saiflu. L'accord a été signé en février 2006 et validé par le laboratoire Hoffman. Cette quantité devait être produite durant l'année 2006. Ainsi, l'Algérie s'est donné les moyens d'atteindre le seuil de 25% de couverture des besoins de la population recommandé par l'OMS. La durée de vie du médicament est de 60 mois. Donc, l'antivirus est censé être disponible sur le marché. Il aurait été judicieux d'informer le citoyen sur ce sujet. Hélas, le communiqué du ministère de la Santé s'est limité à «signaler que les moyens nécessaires à la lutte contre cette épidémie sont disponibles en Algérie et que tout en restant sereins, toutes les mesures nécessaires seront prises au moment opportun». Justement, à la veille de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il est opportun de méditer sur le devoir de respecter le droit du citoyen à l'information.