«La pandémie de la réunionnite» ronge les autorités concernées par la grippe A au moment où 8 millions de nos élèves rejoignent les bancs de l'école. D'abord des sollicitations multiples. Au ministère de la Santé et à celui de l'Education on nous indique, à chaque fois, que les responsables de la communication sont en réunion. Diable! quel plan de vaccination est-il prévu dans les établissements scolaires? Quelles sont les mesures prévues en cas de contamination suspecte ou confirmée au virus A/H1N1? Autant de questions que se posent notamment les parents d'élèves inquiets du fait qu'aucune information n'est disponible quant aux mesures prises ou à prendre pour prévenir le risque de la grippe A. Nous avons tout fait pour avoir au bout du fil Mme Remky, directrice de la scolarisation au ministère de l'Education qui apporta des réponses selon lesquelles «il y a 1380 unités de dépistage et de suivi de la santé scolaire répandues à l'échelle nationale», comme tenait à le rappeler Mme Remky. Ces unités prendront en charge «75% de l'effectif des élèves scolarisés, tous cycles confondus» a précisé, par la suite, la responsable au ministère de l'Education nationale. Qu'en est-il des 2 millions d'élèves restants? Sans apporter de réponses précises, Mme Remky nota que pour le moment, le ministère se trouve «dans la phase de prévention éducative». En cas de contagion «suspecte ou confirmée, nous avons prévu une série de mesures», indiqua notre interlocutrice. Selon elle, ces mesures viseront «la fermeture de la classe fréquentée par le malade, le contrôle systématique des absences, l'organisation des cours de rattrapage avec diffusion par les médias lourds. Sans oublier que depuis avril dernier, nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la Santé publique». Il fallut vraiment courir pour arracher ces quelques informations, quand il appartenait aux ministères de la Santé et de l'Education nationale d'engager une campagne pour informer d'abord, expliquer ensuite, ce qui a été entrepris par leurs départements respectifs pour faire face à cette pandémie mondiale. A l'heure où la grippe A menace le monde, à l'heure où l'Organisation mondiale de la santé annonce que la production annuelle du vaccin contre la grippe porcine «sera largement en dessous de 4,9 milliards de doses» prévues, à l'heure où cette dernière précise que «les fournitures actuelles de vaccins ne couvrent pas les besoins de la population mondiale parmi laquelle n'importe qui est susceptible d'être infecté par un nouveau virus extrêmement contagieux.» Les autorités sanitaires et éducatives de notre pays semblent ne pas avoir saisi la nécessité de communiquer les informations concernant le plan de vaccination qui sera appliqué au niveau des établissements scolaires. Surtout que nous sommes au seuil de l'automne, saison propice pour la propagation de la grippe saisonnière et sans doute de la grippe A. A ce propos, les spécialistes ont même prévu le scénario du pire: une fusion entre le virus de la grippe saisonnière et celui de la grippe porcine. Avec, comme toile de fond, l'évolution ou mutation imprévisible du virus A/H1N1. Et dire que les autorités sanitaires du pays ont suspendu l'achat du vaccin antigrippal sous prétexte de faire face à la menace de la grippe A. Une telle argumentation n'a pas manqué de susciter l'inquiétude et la colère des syndicats autonomes de la santé publique, notamment le Syndicat national des pharmaciens d'officines. Surtout que l'Algérie est censée avoir fait sa commande du vaccin antigrippal, il y a un an. Or, la grippe porcine est apparue, au Mexique, fin avril dernier. Autant dire que c'est l'imbroglio dans toute cette situation alors que les autorités communiquent au compte-goutte, par des avis publiés de manière irrégulière. Quelle quantité de vaccins contre la grippe A, l'Algérie compte importer? Les besoins de la population nationale en la matière seront-ils satisfaits? Quel plan de vaccination pour les élèves dans les établissements scolaires? Pour atténuer l'inquiétude des citoyens, la méthode est simple: faciliter l'accès à l'information, organiser des points de presse, mener une campagne de sensibilisation de proximité. Ce n'est pourtant pas sorcier!