«Le défunt est une meilleure référence pour les actuels chercheurs en histoire, ayant bravé les obstacles entravant le travail de recherche et les sensibilités subjectives», a estimé Gilles Manceron. «Générations engagées et mouvements nationaux - le XXe siècle au Maghreb», tel est le thème du colloque organisé en hommage à l'écrivain et historien nationaliste Mahfoud Kaddache par l'équipe Histoire et mémoire du Crasc d'Oran, en collaboration avec l'Institut Maghreb Europe de l'université de Paris VIIIe (Imeu). Selon les nombreux chercheurs et historiens présents, les contributions de l'historien algérien Mahfoud Kaddache ont jeté les jalons du fondement d'une approche scientifique et objective dans l'écriture de l'histoire du mouvement national algérien. Gilles Manceron, historien français estime que, «l'historien défunt est une meilleure référence et un bon exemple pour les actuels chercheurs en histoire, ayant bravé les obstacles entravant le travail de recherche et les sensibilités subjectives». Il a mis en exergue, dans ce contexte, la qualité de la personnalité humaine de Kaddache, forgée sur des bases solides qui ont concouru à l'édification d'un sens scientifique dans l'étude de l'histoire en tant que matière vivante jouissant de toutes ses composantes et ses dimensions, partant d'une conscience de l'impact de l'histoire sur les sociétés humaines, et sa rigueur dans la présentation de la vérité, quel qu'en soit le prix. Le professeur Mustapha Haddab, spécialiste en anthropologie à l'université d'Alger, estime que Mahfoud Kaddache, «a posé les pierres essentielles d'une nouvelle ère de traitement de données historiques de grandes portées», ajoutant qu'«il avait consacré toute sa vie à chercher dans ses oeuvres des éclairages sur des faits et des données historiques, notamment en ce qui concerne l'histoire contemporaine de l'Algérie, tout en soulignant que ce travail de recherche a donné naissance aux fondements d'une méthodologie de lecture de l'archive et de l'analyse des témoignages et des preuves matérielles sur lesquelles se basent les chercheurs contemporains dans leur travail académique». Pour sa part, l'historien français Benjamin Stora estime que «le parcours scientifique du défunt Mahfoud Kaddache mérite amplement d'être retenu comme symbole de la rigueur et du courage scientifiques, partant de son combat sans relâche pour démarquer l'histoire de toutes influences et sensibilités, et de ses écrits sur le mouvement national et ses différentes tendances, en toute indépendance, dans une époque marquée par de grands enjeux et de grands défis». M.Stora trouve que «celui-ci avait joué un grand rôle dans l'apport d'outils scientifiques pour l'étude de l'histoire de l'Algérie en particulier, et du Maghreb arabe, en général, le considérant comme seul historien à avoir analysé en profondeur la personnalité de Messali Hadj et disséqué par la suite le Mouvement national algérien». L'historien français retient également que Kaddache «attachait une grande importance aux terminologies et concepts intéressant ses oeuvres et manifestait un grand engouement pour la consultation des documents, la connaissance des plus petits détails, des plus simples témoignages, en se référant dans son travail de recherche sur les méthodologies de comparaison et d'analyse scientifique du contenu de chaque version pour aboutir à une historiographie objective des événements, et ce, en parfaite symbiose avec les règles scientifiques mondiales en vigueur dans la sphère académique». Pour sa part, le docteur Aïssa Kadri qualifie l'historien défunt «d'innovateur des méthodes modernes de l'écriture objective de l'histoire et l'un des parfaits connaisseurs des principales données historiques sur le développement de l'Algérie. Il est également l'un des premiers historiens qui se sont intéressés à l'écriture de l'histoire du pays à travers les âges et jusqu'après l'Indépendance», selon M.Kadri qui a mis en exergue la contribution de Kaddache à l'enrichissement de la bibliothèque de l'histoire, notamment à travers les débats engagés avec les artisans du mouvement national et ses lectures critiques de l'archive. Kaddache a légué aux intellectuels un héritage scientifique méritant d'être exploité dans l'écriture de l'histoire, a recommandé le même orateur, exprimant toute sa reconnaissance aux efforts et à l'oeuvre du défunt. Il a écrit plusieurs ouvrages, dont la plus importante est intitulée L'Algérie des Algériens. Cet ouvrage retrace toute l'histoire de l'Algérie, du paléolithique jusqu'au déclenchement de la révolution en 1954. Il a également écrit le livre Histoire du nationalisme algérien, où il étudie l'action politique de l'émir Abd El Kader et de ses amis. A l'Indépendance de l'Algérie, il occupe le poste de professeur d'histoire à l'université d'Alger, puis celui d'inspecteur général auprès de l'éducation nationale...