La consommation de porc étant interdite par l'Islam, des Algériens estiment qu'ils sont à l'abri d'une contamination par le virus A/H1N1. Les jours se suivent et l'inquiétude va crescendo dans le monde. La grippe porcine est en train d'envahir les quatre coins de la planète. Dans les rues d'Alger, l'information s'est répandue plus rapidement par «radiotrottoir» que par les canaux officiels des institutions étatiques. En plus des chaînes étrangères, les citoyens se référent à la presse écrite pour être à la page de l'évolution de l'épidémie à l'échelle mondiale. C'est le cas de Youcef Maâli. En effet, cet ingénieur en agronomie a avoué: «Concernant la grippe porcine, je suis régulièrement l'information sur les chaînes étrangères et à travers la presse écrite.» Youcef semble détenir suffisamment de notions sur le virus A/H1N1. Ainsi, cet ingénieur qui souffle le printemps dira: «Détecté chez l'animal, ce virus est transmissible, également, de l'homme à l'homme. Cela explique sa propagation rapide à travers le monde». Détectée au Mexique le 13 avril dernier, la grippe porcine s'est répandue comme une traînée de poudre en Amérique puis, en Europe. Devant cette situation, l'Organisation mondiale de la santé a installé un comité d'urgence qui a établi une échelle d'alerte de niveau 6 degrés. Désormais, le seuil des 100 cas a été dangereusement, dépassé. Selon les derniers chiffres de l'OMS, «le nombre de personnes infectées par la grippe porcine s'est élevé à 105». «Ce chiffre a été enregistré dans la nuit d'hier et d'avant-hier.» Parmi les cas enregistrés durant la même nuit, l'OMS a signalé «64 cas aux Etats-Unis, 26 cas dont 7 mortels au Mexique, 6 au Canada, 3 en Nouvelle-Zélande, 2 au Royaume-Uni, 2 en Israël, et 2 en Espagne». L'OMS a, toutefois, précisé que ces cas ont été confirmés par ses laboratoires de référence. Entre-temps, une perception éronnée de la propagation de ladite grippe semble gagner la rue algérienne. Du fait de l'interdiction de la consommation du porc par la religion musulmane. Ainsi, Youcef Mesyef, 25 ans pense que «cette maladie ne nous concerne pas». A la question de savoir pourquoi, Youcef a rétorqué, tout simplement: «Les Algériens ne sont pas consommateurs de la viande de sanglier et de porc.» Etrange perception que celle-ci. Surtout que la situation dans la rive nord de la Méditerranéenne suscite des réactions dans les plus hautes sphères étatiques. Dans notre pays, «les autorités ne nous informent pas suffisamment sur cette maladie et n'indiquent pas les précautions à prendre en cas de contamination», a regretté Saber M. Qu'en pense Mustapha Benhabilès cet émigré en Norvège «En venant en Algérie, j'ai dû traverser la Suède, le Danemark, l'Allemagne et la France. En conséquence, je vous assure que je n'ai eu connaissance de cette épidémie qu'en arrivant en Algérie» dira-t-il. L'affirmation de Mustapha semble en contradiction avec la réalité de la diffusion de l'information dans les pays précités. Cependant, ce dernier a soutenu que «le bouche à oreille a fonctionné de manière à nous permettre d'être informés sur la question». Son compagnon, Mohamed Chahid, 45 ans et émigré en Angleterre a nuancé le propos en déclarant: «Dans le pays de Shakespeare, les dispositions sont prises avant la propagation de l'épidémie et l'information est diffusée, en temps réel, par les autorités.» Malheureusement, cela est loin d'être le cas en Algérie. Preuve en est, F.M, une jeune femme de 24 ans a reconnu: «Nous sommes mal informés sur les dispositifs pris pour prévenir la propagation de la grippe porcine». Une question reste posée: si un cas de contamination est «confirmé» en Algérie, les citoyens sont-ils dans les meilleures dispositions pour réagir positivement? Dans l'attente d'une campagne officielle constante, le «radiotrottoir» assure sa fonction.