L'entreprise sera plus fréquentable si elle applique le code de gouvernance, estime son initiateur, Slim Othmani. «Les sociétés étrangères peuvent entrer en relation d'affaires avec leurs homologues algériennes en toute confiance», a estimé hier Slim Othmani, qui a présidé le groupe de travail sur l'élaboration du code de gouvernance des entreprises. Cette déclaration a été faite avant-hier à l'hôtel Sofitel devant un parterre de chefs d'entreprise lors d'une rencontre visant à vulgariser cette nouvelle initiative. Le même message a été adressé aux institutions financières locales et étrangères dans un espoir de lever l'ostracisme qui a frappé les entreprises locales, notamment privées. Les entreprises familiales, souvent constituées en sociétés à responsabilité limitée sont celles qui ont le plus souffert de ce scepticisme des institutions. Elles sont caractérisées par l'opacité dans leur gestion et leur fermeture sur le monde extérieur. Malgré ces carences, Othmani estime que l'Etat n'a pas à diaboliser l'entreprise. «Nous disons à Bouteflika qu'il ne doit pas diaboliser l'entreprise», dit-il. Il trace les prérogatives de chaque partie en précisant que l'Etat doit créer les conditions pour améliorer l'employabilité des citoyens car il ne lui revient pas de s'occuper de trouver du travail aux chômeurs. Ce rôle est celui de l'entreprise, selon lui. Pour l'instant, aucune indication n'a été donnée sur le nombre de sociétés ayant adopté ce code. On sait seulement que c'est le cas pour Alliance Assurance, Helios (hôtellerie) et la Nouvelle conserverie d'Algérie. On sait également que le Conseil national des assurances a sollicité une assistance des initiateurs du code de gouvernance pour accompagner la mise à niveau des compagnies activant dans le secteur, selon Liès Kerrar, président d'Humilis Corporate Finance. Outre l'élaboration du code, les patrons membres du Forum des chefs d'entreprise, du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise et de l'Association des producteurs algériens de boissons aspirent à créer la Maison algérienne de l'entreprise. A ce propos, le consultant Ali Harbi, DG du bureau de consulting Next Step, a dit que le pays a encore des difficultés à créer des champions économiques et ce au moment même où il constate une instabilité des cadres supérieurs préjudiciable à la bonne marche des sociétés. Parmi les questions soulevées par Harbi figure celle du passage de témoin entre les fondateurs des entreprises familiales et leur descendance qui ne se déroule pas toujours dans de bonnes conditions. La menace est grande de voir ces entreprises disparaître si une préparation de la succession n'est pas opérée au bon moment. Il explique alors que le code de conduite vise justement à clarifier le rôle de chaque organe de direction de la société afin que la transition puisse se dérouler en douceur. C'est dans ce sens que Liès Kerrar estime que l'application du code de gouvernance est susceptible de créer les conditions favorables au développement de l'économie de l'Algérie. Le projet de réunir les entreprises et les administrations comme celle des impôts ainsi que les institutions financières dans la Maison de l'entreprise est, quant à lui, présenté comme une opportunité pour faciliter le dialogue entre elles et aplanir leurs différends. Le code a des particularités non négligeables. Il aspire à consacrer les droits des consommateurs des produits et services en obligeant les entreprises à édifier des règles claires sur les conditions de vente. Il incite les chefs d'entreprise à entretenir des relations claires avec les travailleurs dans le respect de la législation sur le travail même si l'adhésion à ce dispositif est volontaire.