Le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, M.Azzeddine Mihoubi, a dressé dans un entretien à l'APS, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de presse, la situation du paysage médiatique national et évoqué les perspectives de l'organisation du métier de journaliste. Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a appelé les organes de presse à contribuer à la lutte contre la corruption et les fléaux sociaux. Comment cet appel pourrait-t-il, selon vous, se traduire concrètement? Azzedine Mihoubi: Le président de la République évalue, à sa juste mesure, la place qu'occupent les médias nationaux, celui d'accompagner les mutations que connaît la société. La corporation indépendamment de son statut et de son caractère, qu'elle soit donc audiovisuelle ou écrite, est un segment essentiel de la société. Parce qu'elle est intégrée dans cette dynamique générale, elle se voit tout naturellement accomplir son rôle d'explication et de sensibilisation. Il ne faut donc pas marquer un quelconque étonnement de la voir manifester tout l'intérêt qu'il y a à traiter l'ensemble des questions qui intéressent la société. Le tout est de le faire en toute objectivité et selon les règles de professionnalisme requis. Les nombreuses questions qui ont marqué la scène nationale ont été suivies et largement commentées par les médias, notamment celles relatives à la corruption et autres dérives révélées dans certaines affaires traitées par la justice. La révision du Code de l'information est actuellement la principale préoccupation du journaliste algérien pour garantir ses droits et consacrer des critères de professionnalisme dans le cadre du respect de la déontologie. Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre à ce propos? Le Code de l'information, revendication lancinante des journalistes, est une plate-forme qui régule la profession. C'est une question qui a été clairement soulignée dans le programme du président de la République qui s'est engagé à réviser le Code de l'information sur la base de l'expérience acquise par l'Algérie dans ce domaine, selon une vision qui ne peut s'inscrire que dans une optique du futur et qui protègerait l'exercice journalistique dans le cadre du respect de l'éthique de la profession. Parmi les mesures qui seront prises dans ce contexte, il convient de citer l'élaboration de la carte professionnelle, mesure très importante qui permettra un assainissement dans les rangs des journalistes. Il n'est pas exagéré de dire, à ce sujet, que nous comptons particulièrement sur cette mesure qui s'inscrit dans un dispositif global pour écarter tous ceux qui s'attribuent faussement le statut de journaliste et qui, en fait, ne font que parasiter et donc nuire à la profession. Nous nous employons actuellement à trouver une formule qui permettra d'associer tous les concernés en se basant sur les différentes expériences en vigueur dans de nombreux pays, tout en prenant en considération la spécificité de l'expérience algérienne afin d'entamer immédiatement cette opération de cartes. Il va sans dire que vingt ans après l'ouverture du champ médiatique national, les dispositions juridiques qui régissent le secteur gagneraient à être actualisées, assouplies et harmonisées pour être au diapason avec les mutations actuelles. Il est tout aussi important de réfléchir à des dispositions qui viendraient consolider celles existantes pour assurer une meilleure prise en charge de la profession, tant en matière juridique que sociale en pensant notamment à mettre en place des mécanismes d'aide aux journalistes. La famille de la presse devrait songer à faire une évaluation de tout le processus, marqué, certes par de nombreuse réalisations pour apprécier à sa juste valeur tout ce qui a été accompli dans le paysage médiatique national. Et comme première remarque, je me contenterai de citer le grand acquis réalisé en la matière, c'est-à-dire une multitude de journaux à la liberté de ton montrée en exemple par nombre de nos partenaires. Il reste cependant à aller vers de meilleurs niveaux de formation et de prise en charge pour davantage de professionnalisme et un produit informatif de meilleure qualité. L'idée de réorganiser les médias publics a été récemment évoquée par certains milieux professionnels. Peut-on, M. le Ministre, avoir votre commentaire à ce sujet? Les entreprises relevant du secteur public ont besoin aujourd'hui d'adapter leurs textes aux changements en cours pour conférer davantage de flexibilité à la gestion et parvenir à un meilleur niveau de professionnalisme par la consécration de la formation continue. Il s'agit donc d'une opération régie par des contrats de performance qui tendent à atteindre un double objectif, à savoir le service public et la prise en compte de la logique du marché. Pour ce qui est de l'entreprise de radiodiffusion, le processus de numérisation déjà entamé se déroule à un rythme accéléré pour opérer le passage du système analogique au tout-numérique avec la contribution de toutes les parties concernées. Ce n'est donc plus un choix, mais un impératif qui dicte la mise au point de textes en adéquation avec ce changement. S'agissant de la Télévision, il faudra établir au préalable un plan de développement qui prévoit le lancement de nouvelles chaînes tout en prenant en considération les capacités technique, financière et humaine. Toutefois, cette question n'est pas urgente. Nous devons faire montre de réalisme au regard des moyens existants en veillant d'abord à renforcer la production nationale tant dans le secteur public que privé.