Constat n L'Algérie a connu ces dernières années un net recul en termes de liberté de la presse, observent certaines ONG à l'image de Reporters sans frontière et la Commission onusienne des droits de l'homme. Une approche contestée par le secrétaire d'Etat chargé de la communication qui refuse d'adhérer à ce constat jugé «antinomique». «Nous sommes habitués maintenant depuis 20 ans à ces jugements», dit-il. Pour Azzedine Mihoubi, invité ce dimanche matin sur les ondes de la chaîne III, «l'évaluation de la pratique médiatique nationale appartient à cette même presse qui est seule habilitée à s'autogérer et à s'autocritiquer». Le mauvais classement, par ces mêmes ONG, de l'Algérie au plan mondial sur cette question de la liberté de la presse, repose, selon le premier responsable du secteur, sur des paramètres discutables. «Cela dépend des paramètres qui ont servi à conclure qu'il y a un net recul si celui-ci a bel et bien eu lieu», a t-il déclaré avant de mettre en avant un peu plus loin quelques chiffres relatifs au nombre de journaux et de radios existant en Algérie : plus de 300 titres de presse dont 76 quotidiens tous types confondus, 50 radios nationales, internationales et locales. Azzedine Mihoubi annonce par ailleurs, l'organisation très prochaine d'ateliers et de journées d'étude pour examiner des voies et moyens de renforcer le professionnalisme dans ce domaine. Il nie à ce titre l'existence d'aucune volonté de la part des pouvoirs publics de museler ou de censurer la presse. «Le gouvernement n'a aucune volonté de museler la presse. Une allégation pareille n'est que fiction car on ne peut pas avoir une volonté d'ouvrir et d'autoriser le lancement de 300 titres de presse pour les museler», a-t-il souligné tout en affirmant que seul l'exercice professionnel et le respect de certains paramètres de la profession pourrait prémunir les journalistes de la pénalisation. A la question de savoir s'il existe une volonté de la part de son département d'abroger l'article 144 du code pénal, Mihoubi estime que cette question «relève de la mission et des prérogatives des instances judiciaires. C'est le rôle de la justice», insiste-t-il. Idem pour l'ouverture du champ visuel. «Chaque chose en son temps», répond Mihoubi qui justifie cette fermeture par l'absence d'environnement approprié et de l'ensemble des conditions sociales, économiques et juridiques adéquates. Enfin, pour raffermir la liberté de la presse, le ministère de la Communication prévoit un plan d'action spécifique. Il s'agit notamment de réadapter le paysage juridique en matière de loi, de règlement et de statut ainsi que des actions de modernisation des entreprises du secteur de la communication aux nouvelles données. Il est aussi prévu la prise en charge par le ministère de la Communication de toutes les dettes des éditeurs, assure Azzedine Mihoubi. Les vœux du P-DG d'Air Algérie A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, j'ai le plaisir d'adresser à tous les journalistes algériens mes vœux les plus sincères pour que cette franchise soit chaque jour renforcée et soit utilisée avec discernement et à raison. Le mot «Liberté» évoque pour moi ce qu'en disait l'écrivain, poète et philosophe Paul Valéry dans Regards sur le monde actuel. Liberté : c'est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens, qui chantent plus qu'ils ne parlent, qui demandent plus qu'ils ne répondent de ces mots qui ont fait tous les métiers, et desquels la mémoire est barbouillée de théologie, de métaphysique, de morale et de politique, mots très bons pour la controverse, la dialectique, l'éloquence, aussi propres aux analyses illusoires et aux subtilités infinies qu'aux fins de phrases qui déchaînent le tonnerre. Aussi, les citoyens algériens doivent-ils cesser de galvauder, d'avilir un tel porteur d'un noble concept et donner toute sa signification à son contenu qui a justifié tant de sacrifices et suscité tant de passions à travers l'histoire et de par le monde. Dans ce dessein, le rôle de la presse n'est pas des moindres. C'est pourquoi je soutiens cette idée de revalorisation de la notion de liberté et j'encourage vivement les professionnels de la presse à persévérer dans leurs efforts de se libérer de la servilité et de la servitude et dans la promotion d'une liberté authentique et responsable.