Elu le 6 mai 2007, le président français se trouve dans la situation paradoxale d'être impopulaire, mais de n'avoir pas de rival crédible pour 2012. Malmené dans les sondages deux ans après son élection, «l'hyperprésident» français Nicolas Sarkozy a adopté une posture de «président-protecteur» face à la crise, tout en continuant d'imposer un style à la hussarde sur la scène mondiale et de susciter parfois l'irritation. «Comme il est très volontaire et très actif dans une période de grande crise qui inquiète les gens, il incarne une figure du capitaine dans son bateau qui tient le cap et qui est solide», analyse Gaël Sliman, directeur de l'institut de sondage BVA. «En continuant de se mettre en scène dans une posture de ‘'président-protecteur'', il se donne des billes lorsqu'il y aura un rebond économique avant la prochaine présidentielle» de 2012, estime-t-il. Elu le 6 mai 2007, le président français se trouve dans la situation paradoxale d'être impopulaire, mais de n'avoir pas à ce jour de rival crédible en vue d'une nouvelle candidature en 2012. Selon une enquête parue hier, 65% des Français se disent «déçus» par son action et 63% jugent le bilan de ses deux premières années de mandat «plutôt négatif'». Mais les sondages montrent également que, si une élection présidentielle se tenait aujourd'hui, il serait très nettement favori. A l'heure où le pays s'installe dans la récession et le chômage, Nicolas Sarkozy, qui se voulait le «président du pouvoir d'achat», a du mal à convaincre, notamment sur son plan de relance axé sur l'investissement. Il est devenu la cible de larges manifestations en France, le pays d'Europe où la contestation sociale face aux licenciements est la plus radicale. Nicolas Sarkozy martèle que, devant une crise économique d'une ampleur historique, il faut poursuivre, voire accélérer les réformes qu'il a promises pour en «sortir plus forts». Il répète aussi que la France est frappée moins durement que ses voisins par la récession. Pour Pierre Cahuc, co-auteur d'un livre récent intitulé «Les réformes ratées du président Sarkozy», les sujets abordés par Nicolas Sarkozy sont les bons mais «la manière dont ils ont été traités, trop superficielle, trop rapide, dans l'opacité, aboutit à des résultats catastrophiques». Le président français, 54 ans, est doté d'une «impatience positive», selon le mot du président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Celle-ci s'est manifestée lors des six mois de présidence française de l'UE en 2008, dans la crise russo-géorgienne et dans les plans de sauvetage des banques, puis dans la préparation du G20 pour une nouvelle régulation financière. Mais c'est aussi l'homme infatigable, dirigiste, cherchant la lumière des projecteurs avec l'aide de sa séduisante épouse Carla, qui est attaqué. Y compris à droite où certains, comme l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, disent ne pas attendre «d'un président qu'il soit survitaminé (mais) sage». L'opposant centriste François Bayrou dénonce, dans un livre-pamphlet, l'«égocratie» du président, tandis que la socialiste Ségolène Royal fustige son «arrogance» et ses «dérapages verbaux permanents». Le volontarisme de «l'omniprésident», terme inventé par l'opposition mais que Nicolas Sakozy dit assumer, amuse aussi parfois ses interlocuteurs étrangers, quand il n'agace pas. «Il ne cesse de faire preuve d'imagination, de créativité» et «il est présent sur tellement de fronts qu'on a du mal à suivre» parfois, a lancé en plaisantant Barack Obama. La presse étrangère s'est beaucoup irritée de propos récemment prêtés à M.Sarkozy, en dépit du démenti de l'Elysée, sur l'inexpérience du président américain, le manque d'intelligence de José Luis Rodriguez Zapatero ou sur l'attitude d'Angela Merkel face à la crise.