La petite terreur argentine est appelée à sortir le grand jeu pour surpasser l'obstacle de Chelsea. Deux buts, une passe décisive, une partition de virtuose: Messi a donné la migraine au Real Madrid lors d'un clasico déjà mythique (6-2) et espère en faire autant à Londres contre Chelsea, ce soir en demi-finale retour de C1, après être passé à côté de l'aller (0-0) avec le Barça. La petite terreur argentine, toujours aussi timide en dehors des pelouses, n'arrive toujours pas à dire «je» mais a été un peu plus expansif que d'habitude devant micros et caméras après avoir atomisé le Real. «C'est vraiment incroyable, tout nous a réussi: le jeu, les buts, impressionnant! Nous avons démontré pourquoi nous devons être champions», s'est lâché «La Puce», fier de faire partie de «l'équipe du plus beau football». Mais s'il veut un jour gagner un Ballon d'Or, il lui faudra marquer la Ligue des champions de son empreinte. L'heure de l'exploit arrive. C'est à Stamford Brigde, ce soir. La finale sera à ce prix. Evidemment, il ne fallait pas s'attendre à des rodomontades du petit génie, meilleur buteur de la Ligue des champions cette saison (huit buts) et du Barça toutes compétitions confondues (36 buts). Tout au plus a-t-il consenti à lâcher du bout des lèvres qu'il se sent «bien pour le match contre Chelsea», qu'il est «en confiance». L'étincelle viendra peut-être de «Pep» Guardiola, qui sait trouver les mots dans le vestiaire mais aussi les coups de poker stratégiques qui font mouche. Comme lors du clasico, où le technicien catalan a innové: Messi s'était pour ce match retrouvé au centre de l'attaque, échangeant son rôle avec Samuel Eto'o. «Sachant comment jouait le Real Madrid, il avait positionné Messi en pointe et moi entre le côté droit et une position de neuf et demi», a expliqué Eto'o. «C'est là que s'est gagné le match». Guardiola pourrait être tenté de renouveler l'expérience à Londres alors que Messi avait été privé d'oxygène sur son côté droit par les joueurs de Chelsea au Camp Nou. L'entraîneur des «Blues», le «Sorcier» Guus Hiddink, avait mis face à lui le Portugais José Bosingwa, un latéral droit pas gêné le moins du monde de se retrouver sur le flanc gauche. Mieux, Bosingwa, également bien épaulé par Florent Malouda et John Terry, était sur son bon pied pour bloquer Messi quand il tentait de repiquer dans l'axe. Malgré maints efforts, «Leo» Messi n'avait pas trouvé la solution, offrant ce soir-là mauvais profil et mauvais visage. Il avait même presque disparu en seconde période. «Pep» Guardiola, fin psychologue soucieux de protéger un joueur encore jeune (21 ans), avait pris sa défense. «Je suis ravi du match qu'a fait Leo. Ce n'est jamais facile pour un attaquant de trouver des espaces, surtout contre des joueurs très forts physiquement», avait assuré le technicien catalan, pour tenter de désamorcer les critiques. Messi s'était défendu, parlant d'un match très compliqué, très difficile, surtout en raison de la façon très défensive dont Chelsea l'(avait) abordé. «Nous avons essayé à de multiples reprises de jouer au football, d'entrer de tous les côtés, mais il ne nous a pas été possible de marquer un but». «Il nous reste un match à jouer et je n'ai pas le moindre doute qu'à Londres nous arriverons à marquer au moins une fois». Un but qui pourrait suffire, même si Chelsea fait de même. Mais difficile de croire que Messi ne voudra pas non plus apporter sa touche de génie aux débats.