Plaque tournante du négoce de l'agroalimentaire de toute la région, la cité des Abattoirs (promotion Kerouani) a été, depuis sa création en 1976, au centre d'une polémique opposant les habitants aux commerçants grossistes activant sur les lieux. A l'origine de ce problème, une véritable anarchie: la cité est devenue au fil du temps un vrai souk. Des camions de tous tonnages, immatriculés dans toutes les wilayas du pays, se livrent à un carrousel étourdissant, pendant toute la journée rendant l'air irrespirable par la fumée dégagée. «Nous sommes condamnés à ne pas ouvrir les fenêtres pour ne pas inhaler la fumée toxique. Nos enfants ne peuvent même pas sortir dans la cour, censée être leur aire de jeu», nous dira un habitant de la cité Kerouani, le coeur visiblement plein d'amertume. En 2000, un arrêté communal a été approuvé pour interdire aux camions de 2,5 tonnes et plus l'accès à la cour de la cité, une autre décision dans la même année avait confirmé l'interdiction des camions, mais le casse-tête chinois des résidants de ladite cité demeure en stand-by. Des promesses leur ont été faites pour le transfert de capharnaüm, mais le projet bute sur d'innombrables problèmes bureaucratiques. De leur côté, les commerçants ne sont pas restés inactifs, ils ont contesté la décision prise par l'APC à l'époque, et la plupart d'entre eux ont pu acheter des appartements des résidants contestataires. Ce bras de fer qui perdure depuis des années verra-t-il enfin le dénouement de cette histoire kafkaïenne? Peut-on résider dans un marché de gros? D'autant plus que la cité Kerouani commence à devenir un point noir qui défigure l'architecture de la ville de Sidi El Kheïr.