L'opacité dans laquelle évolue ce projet a fini par semer le doute au sein de l'opinion locale. Plusieurs mois après le lancement de ce mégaprojet, les Constantinois ne voient toujours rien venir. Les réponses à leurs questionnements se font attendre. Les élus locaux sont confinés dans leur silence et les citoyens gavés de multiples promesses. Le wali, M.Boudiaf, qui est apparu, à maintes reprises, comme agacé d'aborder le sujet du tramway de Constantine, a toujours soutenu que le projet verra le jour. «Les Italiens sont là, à Constantine», s'est-il écrié un jour, sur un plateau de télévision. C'est pour lui, une preuve tangible que le projet ne souffre d'aucun blocage et que les commentaires évoquant son arrêt définitif ne sont que rumeur et pures allégations. Pourtant, plusieurs mois après le «dynamitage» de l'antique tribune du non moins mythique stade Ben Abdelmalek, aucun indice d'activité n'est perçu tout au long du tracé. La réalisation du projet, estimée à 20 milliards de dinars, selon le bureau d'études français, imposera des réaménagements importants du tissu urbain d'une bonne partie de la ville. C'est un argument suffisant pour que les Constantinois se sentent concernés par le moindre détail sur un dossier dont le traitement accuse encore un grand déficit de transparence. Le sacrifice de la tribune du stade qui a vu naître toutes les gloires du football constantinois serait-il vain? Un pan de l'histoire du football constantinois s'est-il écroulé pour rien? Et ce ne seront certainement pas les quelques informations servies au compte-gouttes qui apaiseront les appréhensions. Certains doutent même de la faisabilité du projet en question. Des voix soutiennent que pour enterrer définitivement ce projet, on procédera, dans des délais très courts, à la reconstruction et la modernisation de la tribune du stade avec un petit lifting aux alentours. Les choses se tasseront avec le temps et le rêve de joindre le centre-ville à Zouaghi, un quartier proche de l'aéroport, en 27 minutes sera renvoyé aux calendes grecques au même titre que d'autres projets annoncés en grande pompe. A titre illustratif, on citera la construction d'un grand quartier d'affaires ultramoderne au niveau du vieux Bardo. Le mirage est venu «mourir» sur les berges du Rhumel, dont la crue a déraciné des centaines de familles, envoyées par vagues aux nouveaux ghettos de la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Le wali ne s'était nullement gêné à l'époque à vouloir obstinément transformer un «rendez-vous raté» avec la modernité en une victoire contre l'habitat précaire. «Le vieux Bardo vient d'être débarrassé de ses anciennes bâtisses et c'est mieux ainsi», avait-il déclaré sans pour autant s'étaler sur le sujet. Et les tours modernes avec centres commerciaux, bureaux et autres établissements de haut standing! Circulez, il n'y a plus rien à voir. Bardo ne sera pas Dubaï. Quant au tramway, il faudra attendre que le laurier rose fleurisse au fond du Rhumel. L'opacité dans laquelle évolue ce projet a fini par semer le doute au sein de l'opinion locale. Y a-t-il gel, y a-t-il blocages? Pourquoi tout ce retard? Tant de questions sans réponses! Il est logique et clair que lorsqu'on est sérieusement malmené par un banal problème de déménagement du personnel de la wilaya au niveau du siège situé dans la proche périphérie de la ville, on ne peut pas être en situation idéale pour parler de mégaprojets futuristes, grands consommateurs d'argent et de savoir-faire! Comment peut-on prétendre moderniser une ville alors que l'infrastructure de base telle que les trottoirs et routes s'écroulent dans l'indifférence? Mais que vaudra un tramway dans une ville noyée dans ses fuites d'eau potable et des eaux usées? Un diamant accroché au coup d'une femme lépreuse des quartiers pauvres de Bombay en Inde!