A force de vouloir absolument plaire aux Israéliens et effacer l'épisode de Mgr Williamson, ce prêtre révisionniste, le pape va plus loin dans la repentance. Lors de son séjour en Israël, le pape a rencontré au domicile de Shimon Peres les parents de Gilad Shalit, le soldat franco-israélien disparu en juin 2006. L'entretien est symbolique. En marge de sa tournée au Proche-Orient, lors de la réception qui lui a été offerte par Shimon Peres dans sa résidence de Jérusalem, le pape a rencontré quelques minutes les parents du soldat israélien, Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza par le Hamas depuis sa capture en juin 2006 lors d'une opération. Aucune information sur le contenu de cet entretien n'a pu être obtenue dans l'immédiat. Petit rappel: 11.000 prisonniers Palestiniens (enfants, femmes et hommes), et Israël trouve l'occasion de parler du soldat Shalit. On peut se poser à juste titre la question de savoir: quel est le rapport du pape avec cette histoire? S'il avait reçu les parents de l'étudiant Hamouri ça serait normal puisque sa mère est catholique, et ils n'ont jamais été entendus par personne... Ce serait normal puisque le pape est, dit-on, allé conforter les chrétiens d' Orient. Benoit XVI est principalement en pèlerinage. A moins que certains chrétiens ne soient pas fréquentables du fait qu'ils sont en rapport avec les Palestiniens. En l'occurrence, la mère de Salah Hamouri, française de souche, a eu la mauvaise idée d'épouser un Palestinien En fait, le pape n'a fait que suivre un état d'esprit qui est celui de ne s'intéresser qu' à Israël. N'a-t-on pas vu en effet et comme je l'ai rapporté dans une précédente livraison le gouvernement français traiter d'une façon incompréhensible le cas Hamouri d'une façon marginale. La réponse nous est venue justement d'un courrier adressé par une sénatrice au président Sarkozy: «...S'agissant, écrit le chef de cabinet du président, du parallèle établi entre M.Salah Hamouri et M.Gilad Shalit, il semble difficile de comparer la situation d'un prisonnier qui, après que la justice eut prononcé son jugement, demande sa libération et celle d'un soldat enlevé par un mouvement armé inscrit sur la liste des organisations terroristes de l'Union européeenne malgré ces différences les autorités françaises sont également mobilisées»(1) En clair, un soldat qui a pour mission de tuer n'a rien à voir avec un jeune dont le seul tort était de passer devant la maison d'un religieux avec l'intention de le tuer. Il se trouve que le Hamas, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un mouvement terroriste parce qu'il ose remettre en cause un ordre établi par Israël et conforté par l'Occident. C'est comme si l'on disait que les FFI de Jean Moulin (forces françaises de l'intérieur étaient des terroristes parce qu'elles combattaient les Allemands. Péché éternel A force de vouloir absolument plaire aux Israéliens et effacer l'épisode de Mgr Williamson, ce prêtre révisionniste, le pape va plus loin dans la repentance: il interdit à tout le monde urbi et orbi lors de sa visite à Yed Vashem, de remettre en cause la Shoah - jamais oublier «l'horrible tragédie de la Shoah». - et le sacrifice des 6 millions de Juifs, on est en droit de se demander d'où il tient cette comptabilité macabre, à moins qu'il y eut inclus, les Tsiganes, les Russes bref? tout ceux qui ne sont pas «aryens» dans la terminologie du IIIe Reich. Les critiques ne se sont pas arrêtés malgré ce «chemin de Damas du pape». Les critiques se sont multipliées contre Benoît XVI mardi au deuxième jour de sa visite en Israël, ce qui a contraint le Vatican à sortir de sa réserve pour démentir que le pape ait appartenu aux Jeunesses hitlériennes. On voit que la stratégie sioniste consiste à maintenir l'Occident en état permanent de péché, malgré les milliards de dollars versés, malgré un statut up grading en Europe, qui n'a rien à voir avec la mascarade de l'Union pour la Méditerranée...Rien n'y fit. Israël, nous dit-on, n'est pas content. Il faut revenir à l'histoire. Des centaines d'ouvrages ne s'arrêtent pas de diaboliser l'Occident et la papauté jusqu'à l'écoeurement, mais l'on ne parle pas de saturation, de déni de repentance ad vitam aeternam. C'est comme si l'humanité entière devait expier éternellement pour une «faute» -que les historiens devront bien un jour étudier en termes de faits réels - que l'Occident a commise non pas une fois mais tout au long des deux millénaires. Il y a encore cinquante ans, on disait que les juifs étaient les déicides par prêtre Caiphe interposé. A titre d'exemple de cet inventaire morbide qui tient la papauté en position de coupable, un livre de David Kertzer paru en 2003. Lisons quelques passages commentés par Dominique Javel: «Si le Vatican n'a jamais donné son approbation au génocide - le Vatican s'y est effectivement opposé (du moins tacitement) - les enseignements et les actes de l'Eglise, y compris ceux des papes, ont contribué à le rendre possible. (... L'Eglise fut l'un des principaux promoteurs de la transition entre les vieux préjugés médiévaux antijuifs et la montée de l'antisémitisme politique contemporain au cours du demi-siècle ayant précédé l'holocauste». Toutefois, son approche se veut moins polémique que ce qu'il peut y paraître au premier abord. Il prend soin en effet à la fin de l'introduction de rappeler les liens excellents que son père entretenait avec des prêtres catholiques et l'appel récent de Jean-Paul II à la repentance lors du jubilé de l'an 2000. L'ouvrage est divisé en deux grandes parties inégales par leur longueur. La première, «le maintien de la ségrégation» évoque la période couvrant le XVIIIe siècle jusque dans les année 1870. La seconde, «l'Eglise et la montée de l'antisémitisme moderne» se clôt en 1939. (2) David Kertzer rappelle dans les cinq premiers chapitres les griefs que l'Eglise reprochait aux juifs et décrit par le menu détail les humiliations ou les vexations dont ils pouvaient être victimes: maintien dans les ghettos, baptêmes forcés, accusation de meurtres rituels. Les baptêmes forcés sont largement évoqués grâce à une étude détaillée et bien documentée de la maison des catéchumènes à Rome. (...) L'affaire Mortara, que l'auteur a longuement présenté dans un ouvrage paru en français en 2001, illustra la continuité de la pratique du Saint-Siège. Edgardo Mortara, âgé de six ans en juin 1858 et résidant à Bologne, fut enlevé par la police sur ordre de l'inquisiteur de la ville, au prétexte qu'une jeune domestique catholique l'aurait baptisé secrètement quelques années plus tôt. Il reçut une éducation chrétienne et refusa de rejoindre sa famille et fut ordonné prêtre. Son ministère de prédicateur dans toute l'Europe le fit oeuvrer sa vie entière à la conversion des juifs. (...) L'auteur étudie plus particulièrement la Civiltà cattolica, fondée en 1850, organe officieux de la papauté, et l'Osservatore romano, organe officiel. Tous deux développent une argumentation antisémite -terme qui n'est forgé qu'en 1879 - avec des arguments jouant subtilement sur les notions déjà évoquées d'antijudaïsme et d'antisémitisme. Le chapitre concernant la France est l'occasion pour David Kertzer de livrer une analyse du sentiment antisémite en lien avec le nationalisme. «La combinaison explosive d'une tradition antisémite latente encouragée par l'Eglise et d'un mouvement nationaliste s'identifiant au catholicisme donna naissance à une nouvelle forme d'antisémitisme» (p. 198). Le journal La Croix se fit le propagateur des idées d'identification des juifs avec le capitalisme d'une part et la révolution d'autre part, et l'assimilation à la franc-maçonnerie. A Yad Vashem, Benoît XVI honore les noms niés par la Shoah. Le pape, qui a condamné une fois encore l'antisémitisme, a par ailleurs souligné l'urgence d'un processus pour une paix juste «à prier et oeuvrer sans répit pour que la haine ne règne plus jamais dans le coeur des hommes»; il a en outre rejeté fermement tout négationnisme - allusion à l'affaire Williamson - pour que «jamais plus la souffrance de toutes ces victimes ne puisse être niée». Malgré cela, le rabbin Israël Meïr Lau, président du Conseil du Yad Vashem, a déploré en outre que le pape n'ait présenté aucune excuse pour l'affaire Richard Williamson - l'excommunication de ce prélat britannique qui a nié l'existence des chambres à gaz a été levée en janvier par le Saint-Siège - et n'ait exprimé «aucun mot de regret» pour la responsabilité de son pays d'origine et du régime nazi dans l'Holocauste. Démission? Pourquoi pas... On se souvient de l'affaire Williamson et l'on ne peut s'empêcher de faire un lien avec le discours de Ratisbonne qui, à bien des égards, fut un traumatisme aussi violent que celui des caricatures du Prophète. On ne peut s'empêcher de penser à une forme de préméditation de la part d'un docteur de l'Eglise, ce ne fut donc pas une erreur. On se souviendra aussi des gémissements du monde musulman et des silences lâches des dirigeants des pays musulmans. Changement radical de comportement. Le «crime» de Mgr Williamson a été de dire qu'il ne croyait pas aux chambres à gaz à et dans le sens où pour lui tous les prisonniers étaient considérés de la même façon. Les Tsiganes aussi étaient tatoués et on leur affectait des numéros. Le pape a levé l'excommunication sur les prêtres fondamentalistes dont Mr Williamson. Ce fut un tollé inouï: toute la presse occidentale sans exception a tiré à boulets rouges sur le Vatican. On a même envisagé de destituer le pape pour avoir porté atteinte à la Shoah. Des sondages dirigés avec des questions «appropriées» ont fait dire aux Français qu'ils étaient pour la démission du pape qui lui ne veut pas démissionner!! Ecoutons un journal bien connu pour ses positions qui nous paraissent ambiguës mais qui au fond sont limpides. Lisons la contribution «neutre» du Nouvel Observateur: Le pape Benoît XVI peut-il démissionner? Quarante-trois pour cent des catholiques français souhaitent le départ de Benoît XVI. C'est ce qu'a révélé un sondage Ifop publié par le Journal du dimanche ce week-end. La levée de l'excommunication de quatre prêtres intégristes (parmi lesquels l'évêque négationniste Richard Williamson), l'excommunication d'une Brésilienne suite à l'avortement de sa fille de 9 ans enceinte de jumeaux à l'issue d'un viol, ainsi que les derniers propos du pape sur les préservatifs en Afrique qui, selon lui, «augmentent le problème» du sida, ont largement terni l'image de Benoît XVI. En France, 47% des catholiques non-pratiquants et 31% des pratiquants espèrent désormais que ce pape se démette (...)N'ayant d'autre supérieur que Dieu lui-même, le souverain pontife n'est tenu de faire accepter sa démission par personne. Il est simplement requis pour la validité de sa renonciation «qu'elle soit libre et dûment manifestée». Le phénomène est toutefois resté très rare jusqu'ici.(...) Seuls quatre papes sur 265 ont effectivement renoncé (Pontien en 235, Félix II en 358, Grégoire VI en 1046 et Célestin V en 1294). Le plus souvent sous la contrainte.(3) On remarquera au passage la manoeuvre qui consiste à noyer le problème de Mgr Williamson dans une problématique plus large des maladresses du pape mais aussi à informer les lecteurs qu'une démission du pape n'est pas extraordinaire. Il y a eu des précédents. Comment a été perçu le voyage du pape en Jordanie? A l'opposé, des Frères musulmans, le Front de l'action islamique (FAI), ont estimé que le pape n'était «pas le bienvenu» s'il ne s'excusait pas pour ses «propos contre l'Islam». Dans un discours de bienvenue, le patriarche latin de Jérusalem et Jordanie, Mgr Fouad Twall, avait auparavant demandé au pape «de prier pour nous et de bénir notre pays et notre peuple», avant de lui offrir un calice doré. La journée avait été décrétée fériée pour les chrétiens par les autorités jordaniennes. Le pape arrive à un moment délicat. Israël compte profiter de cette visite pour améliorer son image, entachée de la dernière offensive contre Ghaza qui a tué plus de 1400 Palestiniens. Pour Benoît XVI, cette première visite en Terre sainte vise à soutenir les chrétiens de la région, toujours moins nombreux. «La fidélité à vos racines chrétiennes, la fidélité à la mission de l'Eglise en Terre sainte réclament à chacun de vous un courage singulier», a-t-il dit devant des fidèles dont certains étaient venus d'Irak et de Syrie. Il a particulièrement relevé «le courage de la conviction», l'action de «solidarité avec les pauvres, les personnes déplacées et les victimes des grandes tragédies humaines». Le pape Benoît XVI a dénoncé, samedi 9 mai, dans l'enceinte de la plus grande mosquée de Jordanie, la «manipulation idéologique de la religion» qui peut déboucher sur des violences. Le pape parlait devant des dignitaires religieux musulmans dans l'enceinte de la mosquée al-Hussein ben Talal d'Amman, au deuxième jour de son premier voyage dans un pays arabe. Il s'est inscrit en faux contre ceux qui «soutiennent» que «la religion est nécessairement une cause de division dans notre monde» et «prétendent que moins d'attention est prêtée à la religion, (...) mieux cela est». Admettant «l'existence de tensions et de divisions entre les membres des différentes traditions religieuses», Benoît XVI a affirmé que «c'est souvent la manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques, qui est le véritable catalyseur des tensions et des divisions, et parfois même des violences dans la société». «Musulmans et chrétiens, précisément à cause du poids de leur histoire commune si souvent marquée par des incompréhensions, doivent aujourd'hui s'efforcer d'être connus et reconnus comme des adorateurs de Dieu (...) toujours conscients de l'origine commune et de la dignité de toute personne humaine».(4) Le roi de Jordanie pour sa part déclare: «Les voix de la provocation, des idéologies ambitieuses de division font planer la menace de souffrances indicibles. Nous devons rejeter un tel cours pour l'avenir de notre monde». Le roi a souhaité que ce dialogue «puisse apporter une contribution importante en Terre sainte...où nous devons, ensemble, aider à lever l'ombre du conflit, à travers un règlement négocié qui réponde aux droits des Palestiniens à la liberté et au droit des Israéliens à la sécurité.» On constatera comme à l'accoutumée que les Arabes font «assaut» d'allégeance de voeux pieux. (*) Ecole nationale polytechnique 1.Lettre du chef de cabinet du président de la République à une sénatrice le 9 avril 2009 2.David Kertze: Vatican contre les juifs. Le rôle de la papauté dans l'émergence de l'antisémitisme moderne. Ed.Laffont, 2003.Rapport de Dominique Javel 23 juin 2003 3.NouvelObs: Le pape Benoît XVI peut-il démissionner? Lundi 23 mars 2009 4.En Jordanie, Benoît XVI dénonce la «manipulation» de la religion: Le Monde 09.05.09