Deux jours après son investiture, M.Obama a fait ce qu'il croyait juste en ordonnant la fermeture de Guantanamo et en interdisant des méthodes d'interrogatoire autorisées par Bush. L'ancien président américain George W.Bush avait prévenu son successeur Barack Obama: le pouvoir mettrait à l'épreuve des réalités son engagement à rompre avec les pratiques décriées employées contre les terroristes. Les collaborateurs de M.Obama assurent que celui-ci n'a rien renié de sa promesse. Mais des décisions comme celle probable de rétablir les tribunaux militaires d'exception chargés de juger les suspects de terrorisme ou celle annoncée de s'opposer à la publication de photos illustrant les sévices que des soldats américains auraient pratiqués sur des prisonniers en Irak, en Afghanistan ou ailleurs confirment combien l'héritage laissé par M.Bush sera difficile à liquider. Peu avant de céder la place, M.Bush expliquait qu'il avait pris certaines décisions sans tenir compte du vacarme ambiant. M.Obama «se trouvera lui aussi dans cette situation», prédisait-il. «Il devra faire ce qu'il croit juste.» Deux jours après son investiture, M.Obama a fait ce qu'il croyait juste en ordonnant la fermeture du camp de Guantanamo et en interdisant des méthodes d'interrogatoire autorisées par l'administration Bush pour faire parler les suspects de terrorisme et dénoncées par leurs détracteurs comme des actes de torture. Mais depuis, la présidence Obama se bat avec les fantômes de la présidence Bush. Avec la décision de M.Obama de contester une injonction de justice ordonnant au Pentagone de publier des dizaines de photos de sévices, c'est la réalité de la nouvelle ère de justice et de transparence promise par M.Obama qui s'est trouvée remise en question. Une autre polémique couve avec l'annonce attendue hier du rétablissement par M.Obama des tribunaux militaires d'exception mis en place par M.Bush pour juger certains suspects de terrorisme, tout en améliorant les garanties légales des prévenus. Selon un responsable gouvernemental qui a requis l'anonymat, le nouveau cadre légal prévoirait des restrictions sur l'usage, lors du procès, de témoignages non confirmés et écarterait les confessions d'accusés obtenues par la CIA avec des techniques d'interrogatoire controversées, telle la simulation de la noyade. La gauche qui s'est ralliée derrière M.Obama, considéré comme le grand pourfendeur de la «guerre mondiale contre le terrorisme» de M.Bush, se prend à douter. Une grande alliée comme la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est sommée de s'expliquer sur ce qu'elle savait des interrogatoires de la CIA. Les adversaires républicains retrouvent de la voix et retournent contre les démocrates tous les arguments qui ont servi à les battre. Une grande organisation de défense des libertés accuse ouvertement l'administration Obama d'adopter les «politiques d'opacité» de l'administration Bush en refusant de rendre publiques les photos de sévices. La déception a été d'autant plus profonde que le gouvernement a d'abord dit son intention de mettre les photos sur la place publique. Entre-temps, les généraux ont fait remonter leurs inquiétudes au sommet de l'Etat. M.Obama a tranché en «commandant en chef», a expliqué son porte-parole Robert Gibbs. C'est un titre dont M.Bush se réclamait volontiers pour justifier des décisions contestées. La publication en avril de notes internes secrètes qui avaient fourni l'argumentaire légal aux méthodes controversées employées sous la présidence Bush a déjà donné lieu à confusion et émotion. Par une singulière ironie, la décision de M.Obama de stopper la publication de nouvelles photos de sévices lui a attiré les louanges de ses Adversaires.