Le provider privé se plaint de difficultés financières. L'opérateur historique met en avant les règles de la commercialité. Le feuilleton autour de l'affaire opposant Eepad à Algérie Télécom n'est pas près de connaître son épilogue. Il est même en train de prendre une nouvelle tournure qui n'augure rien de bon. Les déclarations contradictoires pleuvent. Les accusations aussi. Hier, encore, chacun y est allé de son lot. Les responsables des deux opérateurs se sont adonnés à un chassé-croisé. Entre-temps, 87.000 abonnées à l'Eepad sont déconnectés depuis mercredi après que Algérie Télécom ait décidé de couper les ponts pour une facture impayée. Une redevance que reconnaît le président-directeur général de l'Eepad, Nouar Harzallah, mais qui n'a pas manqué d'accuser à demi-mots: «C'est une histoire de concurrence plus qu'une histoire de facture.» «La baisse de 50% des prix de l'Adsl décidée par l'ancien ministre, Boudjemaâ Haïchour, a eu un effet négatif, et nous assistons à la disparition d'un très grand nombre d'ISP»,a-t-il affirmé. «Une décision qu'on a été obligés de suivre au risque de voir la perte de notre parc au profit d'Algérie Télécom», a-t-il ajouté. Néanmoins, le patron de l'Eepad regrette que cette décision soit «appliquée uniquement en amont mais pas en aval» et de soutenir que «Algérie Télécom a continué à appliquer la tarification à 100%, c'est là qu'est survenu l'endettement». Selon ses propos, l'Eepad se serait acquittée de 111 milliards sur une facture de 200 milliards. Et le patron du provider privé de révéler que le dossier est actuellement au niveau de l'Arpt qui aurait rendu un verdict en sa faveur. Sur sa lancée, il dénoncera le procédé d'Algérie Télécom qui, «au lieu d'engager un comité de pilotage, comme avec des partenaires étrangers, ils ont préféré couper Internet un mercredi soir à 87.000 abonnées». Et de citer en exemple le cas du fournisseur d'accès et de services Internet Djaweb, filiale du groupe Algérie Télécom, qui aurait, selon ses propos, des factures plus importantes «et pourtant AT a décidé d'absorber Djaweb». A toutes ces accusations, Moussa Benhamadi, président-directeur général d'Algérie Télécom avait répondu, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale, que l'Eepad n'était pas obligée d'appliquer les décisions du gouvernement car ce n'est pas une entreprise publique. Et de souligner: «Nous, en revanche, nous sommes une entreprise publique et nous devons exécuter les instructions et les décisions prises par le gouvernement.» «Nous sommes menacés de fermeture et de licenciement», s'est-il plaint, allusion aux menaces du Premier ministre de récupérer la totalité de ses dettes estimées à 700 millions de dinars. «Ce n'est pas à Algérie Télécom d'assumer la gestion des autres. Algérie Télécom ne revendique que son dû», a-t-il souligné.