Elle accuse le président de l'APN d'actionner la machine des représailles contre son parti. Le bras de fer opposant le Parti des travailleurs (PT) au président de l'Assemblée populaire nationale (APN) se durcit. La secrétaire générale du PT ne compte pas se taire. «Celui qui me bâillonnera n'est pas encore né», a-t-elle déclaré, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Alger. Elle accuse Abdelaziz Ziari, président de l'APN, d'actionner la machine des représailles contre sa formation. Selon elle, M.Ziari veut à tout prix se venger du Parti des travailleurs. «On considère que le président de l'APN transforme des questions politiques, notamment la question des législatives anticipées en des questions personnelles et prend l'APN pour une entreprise personnelle», a-t-elle estimé. Cette guerre est née suite à la revendication du PT de dissoudre l'APN et d'organiser des législatives anticipées. M.Ziari a mal apprécié cette revendication. Il a ouvert les hostilités en déclarant que Louisa Hanoune ne représente rien devant 36 millions d'Algériens. Cette dernière a riposté violemment le 11 mai dernier. Elle est revenue hier à la charge. Elle estime que M.Ziari a pris plusieurs mesures répressives pour se venger des positions de son parti. Un grave dérapage s'est produit, selon elle, au sein même de l'Assemblée. Le 13 mai dernier, le président de l'APN aurait transformé sa réunion avec les présidents des groupes parlementaires consacrée à l'organisation des séances relatives au débat sur le Plan d'action du gouvernement en un réquisitoire contre le PT. «Il veut dissoudre le groupe parlementaire de notre parti», a-t-elle dénoncé. Il a été ainsi décidé le lancement d'un journal officiel qui aura pour but de légitimer le nomadisme politique. «Le député ne doit pas rester prisonnier de son parti», avait estimé M.Ziari. Pour Mme Hanoune, cette mesure vise en réalité à revoir la composante de l'Assemblée validée par le Conseil constitutionnel pour des raisons obscures. Le président de l'APN ne s'est pas contenté de cela. Bien au contraire. Le 14 mai, a ajouté Mme Hanoune, le chef de cabinet de M.Ziari a informé le vice-président du groupe parlementaire PT, M.Ramdane Taâzibt, que les indemnités de ses députés seront versées dans leurs comptes personnels au lieu du compte du parti. Selon l'intervenante, quatre députés ont été approchés pour les convaincre. Ce qui constitue une interférence dans le parti et une tentative de corruption. «Ce qui s'est passé est une dérive sans précédent et M.Ziari encourage la corruption», a-t-elle déploré. Plus grave encore, la conférencière accuse le président de l'APN d'avoir incité des députés à s'attaquer à son parti. De son côté, M.Taâzibt a indiqué que ses tentatives à faire entendre raison à M.Ziari et arrêter ses attaques contre le PT sont restées vaines. «M.Ziari pense que nous avons dépassé la ligne rouge en proposant la dissolution de l'APN», a-t-il déclaré lors de son intervention. M.Taâzibt a également indiqué que le président de l'APN a mis en garde le PT qu'il pourrait subir le même sort que le FFS qui n'est pas représenté à l'Assemblée. Il faut rappeler que le parti de Hocine Aït Ahmed a refusé depuis 2002 de participer aux législatives. «Le président de l'Assemblée veut bâillonner le PT et prendre l'APN pour une société personnelle en violation de toutes les lois», a expliqué le secrétariat politique (SP) du PT dans une déclaration préliminaire. Par ailleurs, Mme Hanoune a indiqué que son parti prendra toutes les mesures nécessaires pour se défendre. Elle a averti également que ses députés répondront à toutes les provocations visant son parti lors des séances de l'Assemblée. «Il y a même des menaces de ne pas me laisser intervenir», a-t-elle dit. Ainsi, Mme Hanoune a chargé le président de l'Assemblée d'assumer toute dérive pouvant intervenir lors des débats sur le Plan d'action du gouvernement qui sera débattu aujourd'hui. «Le secrétariat politique prend à témoin l'opinion nationale et les institutions concernées de ce dérapage dangereux qui représente une atteinte au pluralisme partisan et encourage le délitement politique à l'intérieur de l'Assemblée», a conclu le SP dans sa déclaration. Le feu est donc ravivé. Les débats d'aujourd'hui risquent d'être houleux. Mme Hanoune a réitéré sa revendication: une Assemblée constituante.