La presse était dimanche au grand complet à la conférence de Louisa Hanoune. Et pour cause : la secrétaire générale du Parti des travailleurs allait révéler « une information urgente sur une dérive grave à l'Assemblée populaire nationale ». Ainsi présentée, le public retint pour un temps son souffle et les journalistes, venus en nombre couvrir sa conférence de presse, ne pouvaient s'empêcher de penser que la pasionaria de l'extrême gauche allait (enfin) crever bien des abcès et révéler quelques esclandres politico-financiers menaçant les fondements mêmes de l'Etat-nation. Il n'en fut rien. Ou presque. Même Louisa Hanoune ne peut révéler que ce qu'elle a… comme difficulté à sauver son groupe parlementaire d'une probable dissolution, « voulue et désirée par le président de l'Assemblée ». Le président du groupe et sa porte-parole se trouvent au cœur d'une « machination » orchestrée par Ziari afin, dit-elle « de nous faire payer nos prises de position au sein de l'assemblée et nos appels renouvelés à dissoudre l'APN ». « Ziari a actionné la machine de représailles contre le PT et sa secrétaire générale après qu'on ait demandé au président de la République de dissoudre l'actuelle assemblée et convoquer des élections législatives anticipées ». Par « représailles », Louisa Hanoune entend dénoncer les « méthodes vulgaires » et les décisions du président de l'Assemblée nationale prises les 13 et 14 mai derniers et qui viseraient à dégraisser le groupe parlementaire du PT. Ce groupe, constitué au lendemain des élections législatives de 2007 de 26 députés, est réduit aujourd'hui à sa plus simple expression, avec seulement 13 parlementaires. Le règlement intérieur de l'APN stipule en effet, que pour former un groupe parlementaire, il faudrait présenter, au minimum une dizaine de députés. En l'espace de deux ans de législature, la moitié des députés du PT a succombé aux chants des sirènes et a rallié, sans état d'âme, d'autres formations politiques comme le FLN ou le RND. « Un nomadisme politique que voudrait voir Abdelaziz Ziari s'institutionnaliser au sein de l'assemblée et ce, en totale violation de la décision du Conseil constitutionnel qui a validé les résultats des législatives de 2007. » La porte-parole du PT rendait publique également la décision controversée du président de l'APN de verser aux députés du PT, dans leurs comptes personnels, l'intégralité de leurs indemnités de parlementaire, alors que les sommes en question étaient, jusque-là, versées pour le compte du parti. Abdelaziz Ziari aurait tenté, par l'intermédiaire de son chef de cabinet, de soudoyer certains députés PT, dont Ramdane Taâzibt, vice-président de l'APN, en les incitant à dénoncer les contrats qui les lient au PT contre le versement sur leurs comptes personnels de la totalité des indemnités qui leur sont dues. « C'est illégal. C'est de la corruption. C'est une interférence manifeste dans la gestion de notre parti », considère-t-elle. Les députés du PT s'étaient engagés, précise-t-elle, par écrit et volontairement, à renoncer et au profit du parti, à leurs indemnités respectives conformément aux résolutions du congrès. Se sachant dans l'œil du cyclone, le Parti des travailleurs met un bémol à ses revendications politiques et modère ses exigences. En place et lieu d'une assemblée constituante, barbante revendication de l'opposition démocratique, le PT demande la dissolution de l'APN et l'élection d'une « nouvelle assemblée législative ».