“L'homme qui me bâillonnera n'est pas encore né. J'ai été emprisonnée à deux reprises et cela n'a entamé en rien mes convictions politiques.” C'est en ces termes relativement forts que Louisa Hanoune a tenu à répondre au président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, qu'elle accuse ouvertement d'avoir outrepassé ses prérogatives en essayant de torpiller le groupe parlementaire du Parti des travailleurs. Elle prend à témoin les journalistes présents lors de la conférence de presse qu'elle a animée, hier, au siège de son parti, en rapportant des propos qu'elle attribue au président de l'APN qui aurait affirmé n'attendre qu'une seule chose, d'autres défections parmi les députés du PT, pour dissoudre le groupe parlementaire du parti. “J'estime qu'il s'agit d'une urgence, du moment que le président de l'APN s'attaque directement et nommément à moi et à des députés de mon parti. Je peux admettre qu'il y ait des divergences politiques, ce que je ne comprends pas ce sont ses attaques portées contre ma personne et mon parti, par un président de l'APN qui a oublié ses obligations de réserves et sa neutralité”, raconte encore la secrétaire générale du PT. Elle persiste et signe quant à sa principale revendication relative à l'organisation de législatives anticipées. Elle estime que la révision de la loi électorale est, elle aussi, une nécessité pour mettre de l'ordre dans les assemblées élues. “Je le dis ici, il faut que cesse le nomadisme politique. Chaque élu doit respecter les directives et les statuts du parti qu'il représente. Il faut que les nouveaux textes obligent l'élu non satisfait à rendre son mandat à son parti”, explique-t-elle. Elle lance ensuite une attaque contre l'Assemblée populaire nationale qu'elle juge peu crédible. D'abord, pour le taux de participation aux dernières législatives qui, selon elle, est très en deçà des 35% annoncés et ensuite pour l'attitude de certains députés. “Qu'elle est la crédibilité d'un Parlement dont les députés s'octroient un salaire de 30 millions de centimes par mois, alors qu'ils refusent de voter pour un SNMG de 35 000 DA”, dit-elle encore. Elle va plus loin en remettant en cause l'attribution de l'indemnité d'hébergement à des députés habitant Alger. Elle revient ensuite à la charge pour démonter ce qui serait, selon elle, une tentative de corrompre certains des députés du PT encore fidèles à la ligne politique du parti. “Quatre députés ont été contactés par téléphone pour leur demander leur numéro de compte bancaire personnel, afin que les indemnités leur soient directement versées. Ces représentants du peuple ont évidemment décliné l'offre préférant respecter les engagements pris vis-à-vis des instances du PT. Leurs indemnités continuent à être versées dans le compte du parti et cette mesure est respectée par tous les députés sans exception”, déclare-t-elle. Avant d'ajouter : “Ceux qui sont contre cette disposition ont déjà quitté le parti.” Elle rappelle que ladite disposition n'est pas une invention du PT, mais d'usage courant dans les partis socialistes dans le monde. Elle regrette que l'APN actuelle soit la plus mauvaise composante depuis l'indépendance de l'Algérie, et c'est pourquoi elle réclame des législatives anticipées. Elle espère que les prochains textes qui régiront les élections fassent en sorte qu'il n'y ait plus de fraude ou de marchandage sur le classement des candidats sur les listes. “Des candidats n'hésitent plus à payer 10 millions de dinars pour figurer en bonne place sur les listes électorales et pouvoir ensuite constituer des lobbys à l'APN pour faire des affaires”, affirme-t-elle. D. A.