Des entreprises locales qui ferment et des importations qui augmentent est un décor qui déplaît au patronat. Après le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, c'est au tour de Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, de concentrer ses critiques sur l'Accord d'association avec l'Union européenne. Ce dernier a abouti, selon lui, à des résultats catastrophiques. S'exprimant hier sur les ondes de la Chaîne III, il a mis en exergue la destruction des emplois en Algérie alors que d'un autre côté, «nous finançons les emplois à l'étranger». Pour illustrer ses propos, il rappelle qu'en 2003, l'industrie fournissait 20% des richesses nationales pour se retrouver à un taux de 7% actuellement, quelques années après l'entrée en vigueur de l'Accord d'association avec l'UE. Les pertes subies en termes de disponibilité de produits locaux ont poussé à une tendance plus accrue vers l'importation qui a atteint 40 milliards de dollars. Selon Hamiani, il y avait des préalables à respecter. Il regrette que la mise à niveau des entreprises ne soit pas intervenue avant l'ouverture des frontières pour que celles-ci soient capables de tenir face à des multinationales qui ont l'habitude d'être confrontées aux contraintes des marchés étrangers avec un support de publicité que ne peuvent pas s'offrir les sociétés locales. Il n'est pas, non plus, d'accord pour qu'une partie importante des crédits soit destinée aux entreprises opérant dans le commerce extérieur et non dans l'investissement. Malgré cette réserve, le président du FCE est satisfait du niveau de financement de l'économie estimé à 2000 milliards de dinars. Il n'est pas souhaitable, selon lui, que le secteur privé continue à n'en bénéficier qu'à hauteur de 52% alors qu'il participe pour 75% à la création des richesses du pays et il plaide en ce sens en faveur d'un rééquilibrage. Se prononçant sur le Plan d'action du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l'invité de la radio a relevé «un décalage entre les promesses et la réalité». L'exemple développé est celui relatif au financement des entreprises pas les banques. Selon lui, ces dernières mettent plus de six mois pour accorder un crédit, ce qui est inadmissible à ses yeux. Il veut que l'acte de gestion soit dépénalisé pour laisser au banquier plus de liberté dans sa relation avec l'investisseur. Actuellement, ces professionnels sont harcelés par les juges et sont devenus frileux dans l'exercice de leur fonction. Hamiani se réfère aussi à l'ampleur prise par l'informel pour étayer ses déclarations sur l'incapacité des pouvoirs publics à réguler le marché. Il révèle que 700 marchés informels ont été recensés, ce qui entrave le développement de la PME soumise à une concurrence déloyale. Les entreprises régulièrement enregistrées se trouvent même dans l'obligation de s'aligner sur le système des prix de l'informel alors que les deux sphères ne sont pas astreintes aux mêmes contraintes comme celles de l'impôt et des cotisations sociales. Hamiani reconnaît que le gouvernement et le patronat avaient fini par admettre, dans le passé, l'existence d'une part de l'informel dans l'économie pour générer de l'emploi, mais actuellement les proportions occupées par le commerce du conteneur dépasse tout entendement. Les entreprises privées n'ont pas été épargnées par Hamiani car il estime qu'elles cultivent encore un grand secret concernant les paramètres de leur gestion comme le chiffre d'affaires et le nombre d'employés. Il les appelle à ouvrir leur capital même si ce n'est que dans des proportions minimes. Hamiani a aussi abordé les élections en vue de désigner un nouveau président du FCE le 27 mai prochain. Pour l'instant, Slim Othmani, P-DG de la Nouvelle conserverie d'Algérie, se pose en concurrent de Hamiani, lequel y voit une bonne chose pour le fonctionnement des organes de cette association. Une partie des débats de l'assemblée générale sera consacrée à la possibilité de changer le statut du FCE comme association à celui de syndicat, même si Hamiani admet qu'il y a des avantages et des contraintes pour chaque régime. Ce responsable ne perçoit pas comme une critique le fait qu'on dise de lui qu'il affiche son soutien au gouvernement. Selon lui, le fait qu'il y ait des échanges avec le gouvernement a fini par porter ses fruits notamment dans son engagement en faveur de l'économie de marché, ce à quoi il ne peut s'opposer. Il se défend, toutefois, d'être inféodé au gouvernement.