Après la virulente montée au créneau des membres du Forum des chefs d'entreprise (FCE) demandant l'ajournement de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (ZALE), le gouvernement tente de rassurer ses vis-à-vis. El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a déclaré jeudi dernier que des mesures sont prévues pour lutter contre la concurrence déloyale dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à la ZALE. « En cas de concurrence déloyale, de dumping ou de menace sur une filière industrielle nationale, nous allons soit contingenter le produit importé dans le cadre de cette zone, soit différer son importation pour une, deux ou quatre années », a-t-il affirmé d'un ton rassurant dans un entretien à la Radio nationale, non sans distiller au passage les bienfaits de cette adhésion sur l'Algérie et les opérateurs économiques. « C'est un accord politique stratégique qui devrait permettre à l'Algérie de diversifier ses fournisseurs » et aux opérateurs économiques « d'augmenter leurs exportations vers les pays arabes », a-t-il expliqué. Pourtant, les chefs d'entreprise ne comprennent pas les motifs avancés par le gouvernement. L'on se souvient encore que le FCE, par la voix de son président, Rédha Hamiani, avait déploré, lors d'une conférence de presse « l'absence de concertation et de dialogue » entre les autorités concernées et le patronat autour de cet accord qui, d'après lui, « risque d'avoir des effets néfastes sur l'économie à court terme ». Depuis, beaucoup d'encre a coulé : des ministres du gouvernement Ouyahia encensaient les effets positifs de cette adhésion, au moment où des opérateurs économiques locaux sont plus que jamais sceptiques. Il faut reconnaître que la levée de boucliers dans la maison FCE a eu l'effet de faire plier – partiellement – le gouvernement et l'obliger à s'asseoir à la table de négociations. En effet, le ministère du Commerce tiendra une rencontre avec les opérateurs économiques adhérant au FCE jeudi prochain, de l'aveu même de M. Djaâboub. Une rencontre dans le but, a-t-il fait savoir, de réactualiser la liste des produits, réalisée en 2004, dont l'importation est interdite dans cette zone. Par contre, le ministre a déjà planté le décor de la future rencontre en estimant que les avantages comparatifs dont dispose chaque pays ne seront pas remis en cause. Selon lui, il n'y a pas lieu de demander à des pays membres de la ZALE d'augmenter, par exemple, la tarification locale de leur énergie industrielle ou d'opérer une hausse des charges fiscales de leurs opérateurs économiques. Une manière pour lui de fixer les lignes rouges à ne pas dépasser. Ainsi donc, le FCE aura l'opportunité de peser dans les discussions et de poser ses inquiétudes. Détail intriguant : la tenue de cette rencontre intervient au lendemain de la déclaration officielle du FCE favorable à un 3e mandat pour Bouteflika. Il est fort probable que le FCE, soumis à de fortes pressions, a eu à monnayer son soutien au Président afin de voir le gouvernement céder sur certaines « revendications patronales » relatives à l'adhésion à la ZALE. Sur un autre chapitre, le département du Commerce a mis en place un programme de réalisation d'un laboratoire de contrôle des produits de consommation dans chaque wilaya et ce, dans le cadre d'un plan quinquennal 2009-2013, à en croire M. Djaâboub.