L'homme a trouvé le filon pour asseoir cette notoriété internationale à laquelle il commence à prendre goût. Le crane rasé, une gestuelle lente qui rappelle vaguement celle de son père, Seïf El Islam (le «glaive de l'Islam») est le plus «visible» à l'étranger des enfants du Guide libyen El Gueddafi. Qui est donc ce golden boy polyglotte (anglais, allemand, arabe), que la presse occidentale surnomme «le masque diplomatique»? Seïf El-Islam Gueddafi est né en 1972, à Tripoli. Sans se départir de sa culture bédouine dont se revendique viscéralement son père, il semble ouvert et se plaît dans les milieux diplomatiques. Il prône l'ouverture politique et économique et veut être surtout dans l'air du temps: joueur d'échecs et de tennis, il pratique la natation et la plongée sous-marine et apprécie la peinture. Il se distingue de son frère Hannibal connu pour ses frasques, par sa sérénité et surtout pour avoir fréquenté les plus grandes universités du monde. Eduqué en Autriche et en Angleterre, il se fait l'avocat des réformes économiques. Non sans fracas dans le cercle rapproché du Guide libyen, Seïf El Islam propose au régime une sorte de perestroïka à la libyenne. C'est le cas de le dire puisqu'il va jusqu'à afficher ses distances avec le contenu du «Livre Vert» et plaide pour un pluralisme politique et la liberté de presse dans la Jamahiriya. Avec lui, la Libye n'a plus besoin de montrer un visage moderne. Ses relations sont excellentes avec Washington et l'Europe et c'est grâce à lui que la Libye est devenue un pays fréquentable chez les Britanniques. En somme, il est le fils préféré des Occidentaux. Ayant compris les enjeux de la communication, il s'est taillé un petit empire à la façon des émirs du Golfe. Il gère ainsi site Internet, journaux et télévisions. Chemin faisant, l'homme a parfaitement trouvé le filon pour asseoir cette notoriété internationale à laquelle il commence à prendre goût: la fondation El Gueddafi pour les oeuvres caritatives. Dotée de ressources financières considérables, la fondation s'attaque à des questions et dossiers à très haute portée médiatique comme la libération d'otages et des aides aux victimes des conflits et des catastrophes naturelles. C'est cette fondation qui a joué un grand rôle dans la libération des infirmières bulgares. C'est ainsi que Seïf El Islam s'est fait une spécialité pour le «Prix de la paix», ce qui lui a valu le surnom de «masque diplomatique» d'une Libye désireuse de reprendre sa place dans le concert des nations, après avoir été mise au banc des accusés, dans la liste des pays terroristes et occupé une place de choix parmi les pays infréquentables.