Dans le temps où l'on exige des Palestiniens de se réformer, Israël poursuit ses destructions dans les territoires autonomes. Un autre crime de guerre a été commis, l'autre jour à El-Khalil, par l'armée israélienne qui a fait exploser un immeuble dans lequel étaient réfugiés des résistants palestiniens. Ce dynamitage d'un bâtiment où s'étaient retranchés des militants palestiniens assiégés durant près d'une semaine a été commis en toute connaissance de cause. Un meurtre délibéré quels qu'en soient les justificatifs que les officiels israéliens lui ont apporté. C'est dans ce contexte précis, que le président américain, George W.Bush, réitère son appel de départ du président Arafat, dédaignant ainsi les réserves émises par la communauté internationale, notamment ses pairs du G8, quant à une démarche peu réaliste et en-porte-à-faux avec la vérité du terrain. Les Américains, en endossant sans autre précaution les exigences de Sharon, qui conditionne toute ouverture vers les Palestiniens par le départ de Yasser Arafat, ne font ainsi qu'imposer la loi du plus fort en biaisant les données du dossier proche-oriental. L'obstacle à la paix au Proche-Orient, ce n'est pas le président palestinien, mais bien l'occupation par l'armée israélienne des territoires palestiniens, la répression de cette même armée contre un peuple condamné à vivre dans des conditions atroces. M.Bush, dont le «plan» pour le Proche-Orient a été accueilli avec beaucoup de circonspection par la communauté internationale, agit comme s'il était le gouverneur du monde, perdant de vue le fait que le peuple palestinien se bat depuis plus de 55 ans pour faire valoir ses droits. De fait, les Palestiniens rejettent les atteintes portées à la légitimité de l'Autorité autonome et à celle de son président singulièrement. C'est ainsi, que le CEOLP (comité exécutif de l'OLP) dans une déclaration faite, hier, «rejette totalement toute tentative d'atteinte à la légitimité et aux institutions palestiniennes élues, avec à leur tête le président Arafat». L'organisme exécutif de l'OLP affirme, en outre, que «la direction palestinienne, sous l'égide du président Arafat (...) ne va pas plier devant les tentatives de chantage, d'où qu'elles viennent» relevant enfin: «Cette campagne contre la direction palestinienne vise le projet d'indépendance (...) et prépare le plan de cantonnement du peuple palestinien que cherchent à appliquer le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et son gouvernement.» Les Palestiniens mettent également en garde contre les tentatives de l'administration américaine de prendre contact avec des Palestiniens non qualifiés. Réagissant aux propos du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui affirmait que la «direction actuelle palestinienne est défectueuse» et qu'il n'avait «pas de projet de parler» avec Arafat, laissant entendre que des contacts existeraient avec des «responsables palestiniens», le ministre palestinien des Collectivités locales Saeb Erakat indique que «Powell ne trouvera pas un seul Palestinien disposé à le rencontrer en dehors du bureau d'Arafat», avertissant: «L'alternative au président Arafat et à la direction palestinienne serait des combats (inter-palestiniens) sans limites géographiques». Saeb Erakat rappellera aussi que «le président Arafat a été élu directement par le peuple palestinien lors d'élections libres et équitables supervisées par la communauté internationale», appuyant le fait que Bush n'a «ni plan, ni calendrier, ni feuille de route, ni processus, ni substance». Autant dire que le «plan Bush» péchait par irréalisme et impréparation. Mais, pendant ce temps, l'armée israélienne, imperturbable, poursuit son offensive contre les villes autonomes palestiniennes, totalement ou partiellement réoccupées dans l'indifférence quasi générale de l'ONU et de la communauté internationale. Tant que les instances internationales, à leur tête les Etats-Unis, ne reviennent pas au problème de fond qui demeure l'occupation des territoires palestiniens par l'armée israélienne il est vain d'espérer une prochaine sortie de crise au dossier proche-oriental.