Le discours de l'hôte de la Maison-Blanche n'aura pas, globalement, déçu mais un discours n'efface pas des années d'équivoques et de malentendus à propos du monde musulman. Il est évident que la communauté musulmane a pris acte du nouveau discours professé par le président américain, Barack Hussein Obama. Il est tout aussi patent que le monde arabo-musulman attend maintenant des actes, du concret de la part du président de la plus grande puissance mondiale. Le contentieux avec les musulmans est par trop complexe pour que tout puisse s'effacer du fait d'un simple discours aussi généreux pouvait-il être. Et puis, il n'est pas question de générosité mais surtout de respect de l'autre, de la considération de sa différence. Pour cela, Barack Obama doit faire plus qu'un discours, passer aux actes et mettre en actes les principes ainsi énoncés, singulièrement pour ce qui est du conflit israélo-palestinien. M.Obama veut tourner la page d'«un cycle de méfiance et de discorde» entre l'Amérique et le monde musulman et mettre un terme au conflit entre Israël et les Palestiniens. «Ce cycle de méfiance et de discorde doit s'achever», a souligné, à l'université du Caire, le président américain. En vérité, on n'en attendait pas moins d'un président qui voulait rompre avec l'arrogance et la morgue dont son prédécesseur a fait montre envers le quart de la population mondiale. S'adressant à quelque 3000 privilégiés triés sur le volet, le président Obama a ainsi affirmé: «Je suis venu chercher un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l'Amérique et l'Islam ne s'excluent pas.» A la bonne heure! Il n'est en effet pas courant d'entendre un président américain remettre quelque part les choses à l'endroit et admettre que dans un monde multipolaire l'un n'exclut pas l'autre et la coexistence est la mère de toutes les paix et sécurité. Ce n'est pas, en effet, en diabolisant l'Islam comme a pu le faire l'ex-président, George W.Bush que l'on contribue à asseoir la paix et la coexistence dans le monde. M.Obama semble ainsi avoir tiré les leçons des erreurs commises par son prédécesseur lorsqu'il affirme: «Tant que nos relations seront définies par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, à ceux qui font la promotion du conflit plutôt que de la coopération.» L'Islam et le Coran, cités par Barack Obama, ne sont nullement cette caricature répandue par les ennemis de la coexistence entre les peuples et les religions. La communauté musulmane prend acte des déclarations du président Obama qui doit maintenant mettre en concordance ses actes avec ses paroles, singulièrement pour ce qui est de l'avènement d'un Etat palestinien indépendant vivant aux côtés de l'Etat hébreu. Il ne suffit plus de seulement «demander» à Israël de cesser la colonisation, il faut faire en sorte qu'Israël mette immédiatement un terme à l'extension des colonies juives de peuplement en Cisjordanie occupée et le sommer d'appliquer les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU (de 1967 et 1973) qui, toutes deux, vont dans ce sens, qu'Israël n'a jamais appliquées, et a toujours refusé de mettre en oeuvre. Les textes (onusiens) existent qui, tous exigent d'Israël le retrait des territoires palestiniens occupés, il suffit seulement de se donner les moyens de les faire appliquer par Israël. C'est à l'aune de ce que le président Obama peut, ou veut faire, pour que la vision de deux Etats vivant côte à côte ne reste pas un simple slogan ou une vue de l'esprit. Il est patent que ce ne sera ni facile ni évident de mettre en oeuvre les résolutions de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien, d'une part, et se défaire des contraintes du lobby pro-israélien aux Etats-Unis, d'autre part. Mais il y a au moins un fait que Barack Obama semble avoir bien compris pour ce qui est de ce contentieux, il ne peut y avoir de paix au Proche-Orient et encore moins de sécurité pour l'Etat hébreu sans l'existence d'un Etat palestinien viable doté de tous les attributs de la souveraineté. S'il est une chose sur laquelle il ne faut pas se tromper c'est bien que les relations entre les Etats-Unis et le monde arabo-musulman ne seront épurées et ne se feront dans la clarté qu'au lendemain de la clôture du dossier palestinien qui a mis le monde musulman, en général, et arabe, en particulier en stand-by depuis plus de six décennies. M.Obama ne doit jamais perdre de vue que le monde musulman a été spolié de la Palestine, seul le retour de celle-ci dans le concert des Nations guérira les plaies ouvertes un 29 Novembre 1947.