Entre la volonté affichée et la réalité sur le terrain, il y a beaucoup de décalage. Bien que les éléments de la Protection civile aient pris place depuis lundi dernier sur les plages autorisées à la baignade, le coup d'envoi officiel de la saison estivale n'a été donné que jeudi dernier. L'événement a été marqué par une cérémonie inhabituelle. Celle-ci s'est déroulée à El Maghra, une plage de loin la mieux équipée. A cette occasion, elle s'est parée de ses plus beaux atours et a vécu au rythme d'attractions et de festivités qui n'ont de valeur que celle d'affirmer la vocation touristique de la région de Basse Kabylie. Tous les secteurs étaient là. Chacun y allait de sa propre démonstration comme pour dire que Béjaïa est prête pour accueillir ses invités. L'arrivée des estivants est donc officiellement saluée comme il se doit. Comment cela pouvait-il en être autrement lorsqu'on sait tout ce que cela rapporte à l'économie locale, qui, faut-il le souligner, reste liée intimement à la saison de la baignade? Mais la réalité n'est pas aussi reluisante. Des stands de la Protection civile, de la Gendarmerie nationale, de la police, des directions du tourisme, de la jeunesse et des sports, des Douanes, du Parc du Gouraya, de la direction de la santé, ont orné le grand passage vers la plage. Chacun y allait de sa propre démonstration. Chaque action est liée bien sûr à la saison estivale. Les discours aussi. Autant la Protection civile insistait sur la sensibilisation, autant les autres secteurs mettaient en exergue tous les préparatifs destinés à mettre à l'aise le «touriste». Sur le plan culturel, la situation n'est pas en reste, puisque la Maison de la culture a accueilli l'Orchestre symphonique national pour un concert de musique classique sous la direction du maestro Zahia Ziouani. Hier soir, c'était au tour de Djemaoui Africa d'animer un gala musical chaoui. Pour la saison estivale, la direction de la culture compte déployer de gros efforts pour égayer les soirée des estivants. Un Salon de l'artisanat s'ouvrira aujourd'hui dans la ville. Il est prévu également un Festival des arts et cultures populaires, des rencontres cinématographiques, une semaine du rire, et bien d'autres activités. Officiellement, la saison est prévue ainsi. Mais la réalité reste tout de même amère. Un tour du côté du Cap d'Aokas nous a permis de constater toutes les insuffisances qui risquent fort de nuire à la saison. Lieu privilégié des touristes, cet endroit d'où la vue est envoûtante se trouve dans un état lamentable. Accès défoncés, environnement dégradé et une insécurité frappante, voilà l'état dans lequel se trouve ce site. D'autres affichent le même constat. Les plages ne sont pas en reste. Mal nettoyées, elles sont rebutantes et n'incitent pas du tout à la baignade. Bref, en la volonté affichée et la réalité sur le terrain, il y a comme un paradoxe qui en dit long sur la légèreté de la prise en charge de cette saison festive. La saison estivale, qui est un tout, souffre de beaucoup d'insuffisances. Trop de choses manquent justement pour que cela ne laisse pas un goût amer aussi bien pour le commerce que pour les clients.