L'absence de normes ou leur non-application peut conduire à la perte de vies humaines. La directrice du Laboratoire national de toxicologie, Alamir Berkahoum, a appelé à la vigilance avant toute délivrance d'agrément pour les laboratoires d'analyses médicales car une simple erreur d'interprétation peut coûter la vie à des dizaines de citoyens. Cette déclaration a été faite hier, lors d'une rencontre organisée par l'Organisme algérien d'accréditation (Algerac) à Alger pour célébrer la Journée mondiale d'accréditation. Pour illustrer ses propos, elle a rappelé qu'à la fin des années 1990, 60 personnes ont trouvé la mort à Sfisef à l'ouest du pays après avoir bu de l'eau de Cologne contenant du méthanol (en lieu et place des boissons alcoolisées). Ce produit n'aurait jamais dû se trouver dans des flacons de cosmétiques mais le laboratoire ayant autorisé l'utilisation de ce produit a commis une grave erreur. L'analyse a fait ressortir qu'il y a un alcool à 90 degrés mais elle a omis de vérifier si c'est du méthanol, qui tue, ou si c'est de l'éthanol. Un contrôle préalable des compétences et des procédures dont dispose le laboratoire aurait pu contribuer à éviter le drame. Algerac a inscrit parmi ses priorités la santé car il s'agit de former des évaluateurs qualiticiens pour se pencher sur la situation des laboratoires aussi bien publics que privés. Il n'est un secret pour personne que les résultats des analyses effectuées par ces laboratoires ne sont pas fiables et ne pourraient l'être à moins d'obtenir une accréditation. L'accréditation des laboratoires concerne non seulement le domaine biomédical mais aussi ceux de l'agroalimentaire, du bâtiment ou encore du transport. Le directeur général d'Algerac, Nouredine Boudissa, a eu l'occasion de donner un aperçu sur l'activité de cette structure dépendant du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Il a indiqué que les premières accréditations vont être délivrées dès le mois prochain. Le directeur général du laboratoire d'inspection Geral, Djamil Benrabah, a indiqué que sa société sera parmi les trois premières à être agrées par Algérac. En plus de ceux du laboratoire de toxicologie, des responsables d'autres Laboratoires concernés par la démarche étaient aussi présents à la journée d'hier à l'instar de ceux du Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib). L'accréditation ne concerne pas uniquement les relations économiques à l'intérieur du pays. Elle peut se révéler un moyen efficace pour les exportateurs pour pénétrer les marchés internationaux, selon Omar Djebbara, l'administrateur général de l'Association nationale des exportateurs algériens. Même à l'intérieur du pays, des institutions publiques locales ont averti qu'elles ne reconnaissent pas les normes algériennes, selon le témoignage d'Amari Redouane, un responsable du groupe industriel Fondal (fonderies). Sans l'adoption de normes internationales, les entreprises locales sont même empêchées par des maîtres d'ouvrages algériens de soumissionner à des appels d'offres lorsqu'il s'agit de projets à réaliser par des sociétés européennes, selon le témoignage d'un autre participant à cette rencontre. Cette préoccupation de conformité avec les normes internationales est parmi les préoccupations d'Algerac. «Nous avons une coopération dans le cadre d'un jumelage avec le programme Taiex (Technical assistance information exchange) qui est un instrument financé par la Commission européenne pour aider Algerac à obtenir une reconnaissance internationale et participer avec des organismes internationaux d'accréditation comme l'Ilac (International Laboratory Accreditation Cooperation)», a dit Boudissa. Il ajoute qu'il compte obtenir une reconnaissance internationale en 2010. Ce n'est pourtant pas l'accréditation, à elle seule, qui pourrait mettre les laboratoires à l'abri d'erreurs, comme l'a souligné M.Bendaoud, spécialiste dans le domaine de la qualité car encore faut-il que les normes soient réellement appliquées. Pour se rapprocher de cet objectif, Algerac met à disposition des laboratoires ses compétences (signe sous lequel est placée cette journée). «Nous disposons de 86 évaluateurs et experts et 80 autres seront formés afin d'arriver au chiffre de 250 évaluateurs qualiticiens et 500 experts», a dit Boudissa. Il y a 2000 laboratoires d'essai qui ne sont pas accrédités et qui effectuent des analyses pour les entreprises dans divers secteurs comme le textile, le cuir, l'agroalimentaire, l'eau, le plastique et le papier et d'autres encore. Dans le secteur du commerce, il y a 600 laboratoires de contrôle de qualité.