La traditionnelle rencontre annuelle de Béjaïa vous donne rendez-vous cette année avec le 7e art jusqu'au 19 juin. La Maison de la culture de la wilaya de Béjaïa connaît cette semaine un rythme de fréquentation sans précédent. Et pour cause! Entre les activités des affaires religieuses et celles entrant dans le cadre des 7es Rencontres cinématographiques de Béjaïa, on n'a pas où mettre les pieds. Décalées cette année au 13 juin, à une période particulièrement chaude, le public est vraisemblablement un peu moins nombreux comparé aux années précédentes. Quoi qu'il en soit, le public n'a pas boudé d'un iota la soirée d'ouverture qui a vu la projection samedi soir de deux courts métrages, Goulili de Sabrina Draoui (13 minutes), un court métrage audacieux sur les questions que peuvent se poser une jeune fille tiraillée entre sa vie de femme moderne et sa foi musulmane. L'autre court métrage est Sectou (17minutes) de Khaled Benaïssa, plusieurs fois récompensé dans des festivals, un film parabole sur l'Algérie représentée par l'histoire d'une femme qui a perdu la boule après avoir sombré dans un sourd cauchemar duquel elle tente difficilement de sortir. Suivra le film devenu le phénomène de l'année après avoir raflé moult prix -impossible de les citer tous car leur nombre est élevé- tant ce film a scotché plus d'un en termes de sociabilité du sujet et son aspect comique judicieusement abordé. L'histoire d'une Algérie qui a sombré elle aussi dans le silence et qui essaie à chaque fois de se relever et de se réveiller enfin de sa torpeur non sans y laisser quelques plumes. Masacarades, un film qui a encore une fois suscité l'admiration du public qui n'a pas manqué de faire des remarques et poser des questions à n'en pas finir au réalisateur, Lyès Salem, présent à ces «Rencontres». Un invité de marque, riche humainement et plein de talent, puisque réalisateur doublé aussi de comédien. Et le débat a promis d'être encore passionnant le lendemain matin, dans le cadre des cafés-ciné. L'après-midi du dimanche a fait place à une séance de courts métrages variés venus d'horizons divers, de Tunisie avec Maman est une étoile de Marwan Trabelsi à L'histoire tragique du Rwanda par Bernard Auguste dans Waramutseho, ou encore l'Algérie avec Tahar Kessi dans A la merci du vent, en passant par le Maroc avec le truculent Le poisson s'est noyé de Malik Amara. Après la légèreté, si l'on peut dire, place aux choses un peu moins drôles avec la projection du documentaire de Larbi Benchiha, Vent de Sable sur les conséquences et dérapages des essais nucléaires en Algérie dans les années 1950. Le soir ont été programmés deux courts métrages, l'un marocain de Mohamed Nadif, une belle plaidoirie à la séparation amoureuse raconté comme une romance sur un arrière-fond dramatique celui des harraga. Apres un nouveau court métrage intitulé La jeune femme et l'école, Mohamed Nadif s'attelle actuellement à la préparation d'un long métrage ayant pour trame l'immigration clandestine, lequel sera décliné sous forme de comédie. Suivra après le court métrage aux programmes des rencontres, un long métrage de 81 minutes de Souad Bouhati. Intitulé Française: Le film raconte l'histoire de Sofia alias la pétillante Hafsia Herzi (La graine et le mulet), née en France de parents maghrébins qui décide un jour de rentrer au Maroc mais elle, la petite fille qu'elle était, n'a pas encore oublié cet autre pays - la France - dont elle se réclame sans cesse, même 10 ans après. Elle est bien décidée à regagner ce qu'elle appelle «son pays». Or, son père refuse de lui rendre son passeport. Elle jure de passer son Bac afin de retourner en France à 18 ans. Mais la vie s'arrange toujours pour bouleverser nos plans...En dépit de quelques maladresses et faussetés dans les personnages, Sofia, plutôt Hafsia, sauvera l'honneur du film par sa jeunesse hardie et ses fines capacités d'interprétation. Hélas, la réalisatrice n'a pu être présente à Béjaïa pour débattre de son film qui a soulevé un sujet épineux dont s'en est senti proche un Algérien dans la salle. Un dernier film a été projeté tard la nuit dans le cadre d'une séance qui porte bien son nom «le cinéma de minuit». Il s'agissait de Rempart d'argile, un film français de Jean-Louis Bertucelli (1970), l'occasion de revisiter le vieux cinéma français avec un animateur de taille: Abdenour Zahzah.