Le président Nicolas Sarkozy devrait se prononcer demain sur cette problématique. Le débat sur le port du voile islamique refait surface ces jours-ci en France. La polémique née en particulier autour de la question sensible des signes religieux, la laïcité en général, est de nouveau lancée. Ainsi, une soixantaine de députés toutes tendances confondues, ont demandé une commission d'enquête parlementaire sur le port de la burqa. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si la France passera à la phase supérieure? Autrement dit, le gouvernement français proposera-t-il une loi sur le port du voile intégral (le niqab ou la burqa)? Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chatel, n'exclut pas de légiférer alors que Eric Besson juge qu'une loi génèrerait des tensions. Toujours est-il que le gouvernement français n'a pas exclu, vendredi, une loi pour interdire le port du niqab et de la burqa, devant le débat lancé par des parlementaires qui dénoncent ce voile intégral revêtu par certaines femmes musulmanes en France. Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a estimé le19 juin dernier, qu'une loi sur le port du voile intégral serait «inefficace et créerait des tensions qui n'ont pas lieu d'être en ce moment». «En France, nous sommes déjà allés très loin. Vous ne pouvez pas, quand vous êtes fonctionnaire, vous voiler la tête dans les services publics, ni vous présenter avec un voile à l'école», a-t-il rappelé au micro d'Europe 1. Une enquête «doit nous permettre de voir plus clair sur le sujet», de «mesurer l'ampleur du phénomène et puis ensuite de prendre les décisions qui s'imposent», a affirmé le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. «Pourquoi pas une loi», a-t-il dit. Au plus haut sommet de l'Etat, aucune ligne directrice officielle n'a été fixée. Le président français Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il s'exprimerait sur le sujet lundi prochain, lors d'un discours devant le Parlement. «Il faut que le débat actuel débouche sur une loi qui protège les femmes», avait exigé jeudi la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadila Amara, d'origine algérienne. Elle s'est dit «favorable à l'interdiction totale de la burqa dans notre pays», qualifiant le voile intégral de «cercueil qui tue les libertés fondamentales». Michèle Alliot-Marie s'est contentée, de son côté, de poser le cadre du débat: il faut savoir «ce qui relève de la liberté»des femmes et «ce qui leur est imposé et qui doit être combattu», a déclaré la ministre de l'Intérieur et des Cultes. Signe de la sensibilité du sujet en France, où vivent 5 millions de musulmans, la question divise les associations, la classe politique, et jusqu'au gouvernement. En outre, le port du voile intégral est considéré comme «très marginal» par les organisations musulmanes. Quelque 2500 femmes se réclamant du salafisme, un Islam puritain et ritualiste, seraient concernées, selon des enquêtes récentes. C'est dans la périphérie des grandes villes, comme Paris et Lyon, que le phénomène du niqab est le plus visible et en augmentation, selon les parlementaires favorables à son interdiction. L'opposition socialiste a appelé à éviter les solutions «simplistes». «Bien sûr qu'on est opposé à la burqa, au voile intégral, mais ce que je souhaite d'abord c'est que l'on s'occupe de l'insertion de ces populations», a expliqué la dirigeante du PS, Martine Aubry, faisant référence au chômage qui frappe particulièrement les banlieues défavorisées à forte population musulmane. Le Conseil français du culte musulman (Cfcm), organe représentatif de la communauté, s'est élevé contre l'idée d'une enquête parlementaire, craignant un «amalgame» et la «stigmatisation des musulmans». Une idée partagée par Cyrille Aillet, spécialiste de l'Islam à l'université de Lyon: «Ce débat n'a pas lieu d'être dans la mesure où c'est un phénomène ultraminoritaire et où il y a déjà un dispositif législatif en France.» «Légiférer sur ce point c'est faire le jeu des extrémistes car quand ce type d'insigne "burqa-niqab" est porté c'est le signe d'une pratique puritaine de la religion», dit-il.