La déflagration a été entendue à une dizaine de kilomètres à la ronde. Alors que la ville de Larbaâ n'a pas encore oublié ses morts dans des attentats, voilà que la main d'Abou Tourab vient de signer un autre carnage. Bilan: 40 morts et 82 blessés dont certains dans un état grave. En effet, une bombe de fabrication artisanale déposée dans un regard d'égouts, probablement la veille a explosé dans un marché informel à Larbaâ, hier, vers 8h 45, la déflagration a été entendue à une dizaine de kilomètres à la ronde ce qui dénote la puissance de l'engin. A notre arrivée sur les lieux du drame, les traces de l'attentat étaient encore visibles. Des lambeaux de chair étaient collés sur les murs. Des images apocalyptiques renseignent sur l'ampleur des dégâts. Des cris et des pleurs des personnes à la recherche de leurs s'entremêlaient au brouhaha causé par la panique. Des débris de verre et autres restes de marchandises maculés de sang jonchaient le sol. Selon les témoignages d'un rescapé, marchand de son état, rencontré à la polyclinique de Larbaâ, la déflagration l'avait surpris alors qu'il venait à peine d'installer sa marchandise. «Tout ce que j'ai pu constater, c'est le bruit assourdissant d'une forte détonation et puis plus rien. Je n'ai repris connaissance qu'à l'hôpital où j'ai reçu les soins appropriés. Une fois à l'extérieur, j'ai su que la bombe avait fait plusieurs morts», dira-t-il. D'autres rescapés nous diront que cet attentat était prévisible au regard du laisser-aller prévalant dans ce marché qui n'est pas contrôlé. Nous apprenons, par ailleurs, que deux étrangers de nationalité nigériane figuraient parmi les morts. En outre, on croit savoir que les terroristes du GIA auraient ciblé ce marché parce que fréquenté par des repentis de l'ex-AIS. Le nombre de morts, qui s'élève à une vingtaine environ de ces repentis, corrobore cette thèse. Vraisemblablement, cet ignoble acte terroriste répond au mouvement de mobilisation de ces derniers dans la lutte contre les groupes du GIA et ce, tel que nous l'avions signalé dans l'une de nos précédentes éditions où nous avions fait état de la disponibilité de 400 repentis. Rappelons que l'implication des repentis entre dans la nouvelle stratégie d'attaque antiterroriste. Il y a lieu de signaler que, selon les spécialistes de la question sécuritaire, la fabrication des bombes a connu une nouvelle technique en comparaison à celle des années 94. Selon notre source, un espace réduit suffirait largement pour la confection d'engins explosifs. Le général-major de la 1re Région militaire ainsi que les autorités civiles se sont rendus sur les lieux du drame. Nous apprenons qu'une sanction a été prise contre le chef de sûreté de Larbaâ. Ce dernier a été relevé de ses fonctions par les autorités militaires.