Fidèle à sa démarche, la manifestation a réservé une partie de sa programmation aux jeunes réalisateurs maghrébins. La Maison de la culture de Béjaïa a abrité cette année comme l'an dernier la 7e édition des Rencontres cinématographiques où se sont disputées à côté de cet événement d'autres manifestations «casées» de force par la direction de la culture de Béjaïa, en dépit du fait que l'association Project'heurts, l'organisatrice de ces rencontres, ait réservé l'espace 6 mois à l'avance. Aussi, comme à l'accoutumée et fidèle à sa démarche et son accueil chaleureux, la manifestation a réservé une partie de sa programmation aux jeunes réalisateurs maghrébins afin de projeter leurs films et rencontrer à la fois le grand public et les professionnels du cinéma. Les enfants n'ont pas été en reste puisqu'un programme spécial leur a été destiné jeudi matin, programme proposé par le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, une référence en matière. Au chapitre des invités, des réalisateurs et autres professionnels du cinéma, on citera notamment Lyès Salem pour son film Mascarades, Tariq Teguia pour le fantasmagorique, In land et l'ennuyeux Dernier maquis de Rabah Ameur-Zaâmache, le seul réalisateur ayant refusé de se prêter au jeu du débat et celui du cinéma-café- quatre festivals ont été à l'honneur pour cette édition. Il s'agit du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand et du Festival des îles (l'île de la Réunion) à travers deux cartes blanches, ainsi que deux festivals du Maroc, à savoir le Festival international du cinéma méditerranéen et le Festival international du court métrage de Mohammadia. Fort de son succès de l'année dernière, l'atelier de réécriture de scénario de court métrage, baptisé «Côté court» encadré notamment par Tahar Chikhaoui, la star de ces rencontres, a été repris cette année et a concerné quatre stagiaires ayant été sélectionnés suite à un appel à candidature lancé par l'association durant le premier trimestre de l'année en cours. La clôture de cette septième édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa a vu la projection d'abord d'un court métrage intitulé Dihia de Omar Belkacemi, un hymne à l'amour de la mère et les rudes conditions de vie et de travail de celle-ci a fortiori quand elle est mère au foyer dans un village escarpé de Kabylie, élevant de surcroît seule son enfant. La cerise sur le gâteau qui a marqué la clôture est le long métrage de Farouk Beloufa qui date de 1978. L'histoire se situe après la bataille de Kfar Chouba au Liban, en janvier 1975. Larbi Nasri, alias Youssef Sayeh, dans la peau d'un journaliste algérien, est pris dans le tourbillon des événements qui précèdent la guerre civile. Lié à Maha (Nabila Zitouni) journaliste et Hind (Lina Tabbara) activiste palestinienne, et Raouf et Michel qui entourent la jeune et belle chanteuse Nahla, merveilleusement interprétée par Yasmine Khlat, il assiste à la construction du mythe de Nahla, adulée par la population arabe. Un jour, Nahla perd sa voix sur scène. L'atmosphère de crise qui règne autour d'elle, se propage comme une infection. Larbi fasciné, perd pied et s'enlise. Métaphore qui oscille entre la beauté de la vie et la cruauté de la guerre, ce qui caractérise le Liban, le film Nahla est un hymne à la tolérance et à la quête de la solidarité des pays arabes, aussi un cri pour la paix au Proche-Orient, notamment la Palestine dont les habitants ont été chassés de leurs terres et forcés à l'exil. Aussi est-elle profondément suggérée, cette perte de repères et de passé qui les rattache à leur «mémoire». Très beau film, tout aussi émouvant, Nahla porte la touche cinématographique de Youssef Chahine dont le réalisateur Farouk Beloufa ne s'en défend pas, pour avoir travaillé avec lui en tant qu'assistant réalisateur sur Bab El hadid... Le film baigne en effet dans un monde de musique, d'amour et de tragédie. Excellent long métrage qui s'est vu gâché par les nombreuses coupures qui ont émaillé la projection. La copie était en fait défectueuse, pas talonnée et sans sous-titrage en français, jusqu'à porter atteinte à la cohérence du film. Les problèmes techniques ont surgi aussi çà et là durant toute la semaine. Ce qui est peut-être le seul point noir, qu'on ne cessera de dénoncer hélas, chaque année...