Les responsables affirment que 70% des employés de l'Education en ont bénéficié. A quelques jours de l'annonce des résultats officiels du baccalauréat, des voix s'élèvent dans le secteur de l'Education nationale pour poser la question lancinante: où vont les milliards des oeuvres sociales? En 2008, les oeuvres sociales ont dépensé 300 milliards de centimes. Pointée du doigt, la gestion de ces oeuvres suscite toujours des débats parmi des employés qui subissent des ponctions sur salaire de l'ordre de 3%. Gravissime! La répartition des dépenses reste tributaire de manipulations. Corollaire de ce jeu obscur, des sommes importantes sont destinées à des wilayas où les besoins sont en deçà de l'offre. Au fil des années qui s'égrènent, on a l'impression que cette pratique est devenue une règle. Irrités par cette situation défavorable, ces employés demandent à ce qu'ils soient intégrés dans la gestion de l'argent des oeuvres sociales afin d'arrêter cette «hémorragie pécuniaire». D'autre part, ils insistent sur l'ouverture d'une enquête minutieuse qui permet de lever le voile sur le mystère qui entoure cette gestion. Une gestion qui constitue la pierre d'achoppement pour le secteur de l'éducation. Certains accusent, d'autres récusent. S'il est ouvertement reproché aux responsables des oeuvres sociales de mal gérer l'argent mis à leur disposition, ceux-ci affirment que 70% des employés de l'Education en ont bénéficié. Un autre aveu qui ne sera pas sans conséquences. Et Boubekeur Benbouzid se trouve dos au mur, lui qui tient, selon ses dires, au principe de bonne gestion comme à la prunelle de ses yeux. Le mal affecte plusieurs parties et se propage comme une épidémie dangereuse. Les enseignants expriment a qui veut les entendre, leur colère. Ils évoquent des dépassements sans précédent et les conditions dans lesquelles ils exercent leur noble métier. Certains ont tiré à boulets rouges sur les responsables des oeuvres sociales concernant l'acquisition des véhicules dont le paiement s'effectue par facilités. Des ponctions sur salaires persistent en dépit du paiement total du montant de l'achat. D'autres veulent récupérer leur argent déboursé pour des excursions qui n'ont pas lieu jusqu'à aujourd'hui. Ces voyages, ce sont des personnes hors du secteur qui en avaient bénéficié...gratuitement. Les affaires scolaires distribuées à chaque rentrée scolaire dans le cadre des oeuvres sociales rentrent dans cette gestion corrompue. Certains observateurs affirment même que le coût réel (500DA) ne reflète guère celui annoncé (2500DA). Tout en reconnaissant le fait, le président de la commission nationale des oeuvres sociales de l'éducation, Omar Derwich, a précisé que des responsables des oeuvres sociales ont été démis de leurs fonctions. Et d'expliquer que ce sont des erreurs professionnelles qui ne devaient pas être classées dans le cadre de détournement des oeuvres sociales. La crise qui couve au ministère de l'Education nationale risque d'avoir des répercussions fâcheuses sur la rentrée scolaire prochaine. Le problème de gestion dure depuis longtemps. Il y a environ une année, le ministre de l'Education l'a reconnu lui-même. Gestion scandaleuse des cantines, des écoliers ont failli mourir de faim. Sur les 20 milliards de dinars alloués aux cantines scolaires du primaire, une somme importante a été soit dilapidée, soit gaspillée. «Sur les 20 milliards de dinars réservés aux cantines, 12,5 milliards de dinars ont été soit dilapidés, soit gaspillés par les directeurs d'école qui les ont utilisés à d'autres fins», avait dévoilé Benbouzid. Cette somme détournée, le ministre n'a pas précisé si elle concerne uniquement l'année scolaire précédente. Conscient de la difficulté de la tâche, le premier responsable de l'Education estime que «la participation des parents d'élèves et leurs associations dans les établissements scolaires est très importante, et malgré tous les efforts consentis de notre part et de la fédération, beaucoup de choses restent à parfaire (...) Pour ce faire, nous avons besoin de la collaboration des parents d'élèves». Sauf que cette collaboration nécessite une politique éducative claire et cohérente.