«Les services de neurologie souffrent d'un manque terrible en personnel et en équipements», déplore le professeur Arezki. Les maladies neurologiques en Algérie sont en évolution constante. Le constat est fait par le professeur Mohamed Arezki, président de la Société algérienne de neurologie, invité hier au forum d'El Moudjahid. Selon les statistiques avancées, 300.000 épileptiques, 50.000 Parkinsoniens, 100.000 cas d'Alzheimer et 10.000 cas de sclérose en plaques sont enregistrés au niveau national. Aussi, 60.000 nouveaux cas d'AVC (accident vasculaire cérébral) sont recensés annuellement dont 20.000 malades décèdent. D'autres pathologies lourdes concernent les maladies neurogénétiques telles les maladies musculaires, celles du nerf périphérique, les ataxies cérébelleuses sont également enregistrées. Même s'il reconnaît que la prise en charge des malades a connu beaucoup d'améliorations en termes de couverture sanitaire, le professeur Arezki estime néanmoins que les malades souffrent toujours de difficultés et de différents problèmes. Dans son intervention, il révèle qu'il n'existe au niveau national que deux unités d'urgence neuro-vasculaires, un nombre jugé très insuffisant pour la prise en charge des malades. Les services de neurologie sont au nombre de 10 à l'échelle nationale répartis dans les wilayas d'Alger (Aït Idir, Ben Aknoun, Bab El Oued, Mustapha), Blida, Constantine, Annaba, Oran, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Tizi Ouzou, Batna et Sétif. «Ce sont des embryons de services qui souffrent d'un manque terrible en personnel et en équipements à l'exemple de celui de Annaba et d'Oran», regrette le professeur Arezki. De son côté, le professeur Ahmed Nacer Masmoudi, membre de la société déplore les conditions d'hospitalisation des patients qui sont, dit-il, lamentables. «Il n'y a pas que le médicament qui compte, les conditions d'hygiène laissent à désirer. Nous voulons qu'il y ait une humanisation des services», se révolte-t-il et d'ajouter que «les services de neurologie doivent s'améliorer en termes de qualité d'accueil et de prestations». L'appel est donc fait aux autorités concernées pour s'occuper de cet aspect qui demeure très préoccupant. «L'information n'est arrivée au ministère de la Santé que récemment. Il lui faut du temps pour qu'il s'en occupe», a-t-il souligné. Au volet humain, l'Algérie compte une communauté de 300 neurologues, 110 résidents en neurologie (neurologues en formation) et 300 lits de neurologie. «Ce nombre reste insuffisant. Il faudrait 600 neurologues pour la couverture des besoins», considère le professeur Arezki Mohamed. Il estime néanmoins que «nous sommes bien couverts comparativement aux autres pays comme la Tunisie et l'Afrique du Sud qui comptent respectivement 70 et 126 neurologues.» Le professeur Saâdi Mustapha, président de la Ligue algérienne de lutte contre l'épilepsie a, pour sa part, abordé la prise en charge de cette maladie lourde, tant sur le plan familial que social. L'intervenant explique l'évolution des différentes maladies par les conditions de vie qui ont changé ce qui fait que pour certaines pathologies telle les maladies vasculaires cérébrales, plusieurs facteurs y sont derrière entre autres le diabète, l'obésité, le tabagisme, l'hypertension etc. Enfin, les intervenants rappellent la création de comités de réflexion par pathologie et insistent sur le développement de la médecine à domicile.