En Algérie, il existe un fossé entre l'égalité juridique et l'égalité réelle. Le ministère des Relations avec le Parlement a organisé hier une journée d'étude sur la promotion de la représentation politique de la femme. Des intervenants de différents horizons entourant le secteur de la gestion des affaires publiques, mais aussi des experts internationaux de la question de la représentativité de la femme dans les sphères politiques ont participé à cette dernière. Maya Sahli, juriste internationale, enseignante de droit international public à l'Institut diplomatique et des relations internationales et l'Ecole nationale de l'administration, a dans sa communication sur «la représentation politique de la femme en Algérie», brossé un tableau noir de la situation, politiquement parlant, de la femme en Algérie. «La femme algérienne dans les partis politiques est une militante de seconde zone», a-t-elle affirmé en présence de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune Elle a argumenté en avançant que celle-ci «n'exerce pas pleinement son rôle de militante au sein des partis» alors que selon elle, «la Constitution prévoit l'égalité entre les citoyens, quel que soit leur sexe ou leur âge». Elle attribue cela au fait qu'il y ait un fossé entre l'égalité juridique et l'égalité réelle. «Il y a une égalité formelle, dite juridique, qui s'accompagne d'une inégalité réelle, de fait», a-t-elle souligné. Avant d'ajouter: «Nous faisons plus de représentation des partis politiques, mais est-elle accompagnée de représentativité et d'effectivité de la femme avec des prises de décision? Leurs actions sont-elles prises en considération?» Et de conclure: «La culture partisane au sein des partis reste tout à fait dérisoire.» Pour Maya Salhi, le fossé entre l'égalité juridique et l'égalité réelle est aussi perceptible dans les autres instances de l'Etat. Elle cite à titre d'exemple l'existence de seulement deux femmes présidentes d'APC sur les 1541 communes que compte le pays, de deux femmes ambassadrices et de quelques vice-consuls. «Dans le domaine de la féminisation de la fonction diplomatique, nous restons sous-représentées», a-t-elle noté. Pour y remédier, Mme Sahli a appelé à la mobilisation de plus de moyens pour la promotion du rôle de la femme notamment en politique. Cette mobilisation devra passer par l'élaboration de nouveaux textes législatifs. Elle a rappelé à juste titre, la loi organique fixant les modalités d'application de l'article 31 bis introduit lors de la révision de la Constitution, qui devrait «apporter un plus à la représentativité des femmes», selon l'oratrice. Il est selon cette dernière «le fruit de la volonté politique du chef de l'Etat de valoriser la femme en Algérie». Un avis partagé par Mahmoud Khedri, ministre des Relations avec le Parlement. «Lors de son discours du 8 mars, le chef de l'Etat à fait montre d'une volonté politique forte», a-t-il déclaré avant d'ajouter que «le taux de la représentativité des femmes dans les assemblées élues est de l'ordre de 6,65%, il s'agit d'un taux très faible (...) c'est une préoccupation qui pousse à augmenter leur nombre dans les assemblées et les centres de décision.»