Le progrès d'un pays ne peut se faire sans la participation e la femme à la prise de décision. Ce principe universellement admis est loin d'être une réalité dans nombre de pays, dont l'Algérie qui occupe la 113ème position mondiale avec 7,7% de taux de représentation de la femme aux postes de responsabilité. Pourtant, la promotion politique de la femme émane d'une volonté politique du chef de l'Etat. Chercheurs, académiciens et parlementaires d'Algérie, des Emirats arabes unis et d'Espagne se sont penchés hier, lors d'une journée d'étude organisée au cercle de l'armée, sur «la promotion de la représentation politique de la femme : réalités et aspirations». Lors de son allocution d'ouverture, Mahmoud Khedri, le ministre des Relations avec le Parlement, a souligné l'intérêt du président de la République pour la promotion de la représentation politique de la femme, qui s'est traduit, a-t-il dit, par l'introduction de l'article 31 à la Constitution lors de sa dernière révision. Selon lui, la question est vitale pour les pouvoirs publics qui y attachent une importance capitale. Le ministre a avancé des chiffres au sujet du taux de représentation politique de la femme au sein du Parlement : 16,56% dans monde et dans le monde arabe, ce qui démontre non seulement la faiblesse des taux mais aussi que des efforts restent à accomplir dans ce domaine. En tout état de cause, les statistiques sont loin de refléter la réalité de l'Algérie, a-t-il indiqué. La femme est fortement représentée dans plusieurs secteurs : 60% des enseignants, plus de 60% du personnel du secteur de la formation professionnelle, plus de 50% des enseignants universitaires et 30% des magistrats. L'Algérie a entrepris de s'inspirer des expériences d'autres pays, adoptant le système des quotas en vigueur dans 70 états, tout en faisant appel à d'autres mécanismes notamment l'encouragement financier, a-t-il indiqué. C'est au tour du docteur Saïd Mokadem, secrétaire général du conseil consultatif de l'Union du Maghreb arabe, de faire une présentation de la problématique de la journée. Il a mis en exergue la faiblesse de la représentation politique de la femme, notamment dans le monde arabe. Il a estimé que, en dépit de la signature de conventions dans ce domaine, des entraves se posent aux associations et partis politiques. Les tentatives de mettre fin à la discrimination envers la femme se heurtent souvent à des résistances de la part des hommes. Sa représentation dans les parlements reste très faible, et n'atteint jamais les taux souhaités. Le taux de représentativité dans les parlements au niveau mondial est de 17,7%, alors que celui espéré est de 30%, selon lui. En Algérie, ce taux dans le gouvernement n'a pas dépassé 9,6% en 2008. Certains pays arabes ont tenté d'élargir la représentation politique de la femme par sa constitutionnalisation, mais cela n'a pas permis de garantir tous ses droits. L'Irak, qui occupe la première place dans le monde arabe, arrive au 30ème rang mondial avec 25,5%. Les Emirats arabes unis occupent la 44ème place mondiale avec 22,5% ; l'Algérie est à la 113ème position, réalisant un taux de participation de 7,7%. En conclusion, il dira que, sur 150 pays, il y a 143 présidents hommes, les femmes ne représentent que 4%. Elles sont 4,2% de chefs de gouvernement, alors qu'au niveau des portefeuilles, 91 sur les 105 gouvernements sont occupés par les hommes. Mme Maya Sahli a, en évoquant «le rôle et la place de la femme algérienne au sein des instances politiques», estimé que la participation de la femme au gouvernement est insignifiante, puisque seulement 3 femmes en font partie, et de surcroît, dépendant d'un processus nominatif du président de la République. Elle fera état du manque de femmes walis, ajoutant que la féminisation de l'activité diplomatique reste très faible. Sur le plan des assemblées locales élues, elle indiquera que dans les 1 541 communes, il n'existe que 2 femmes P/APC. Le cadre judiciaire serait un peu mieux. L'instance législative fait montre d'un constat d'échec. Pour cette experte internationale et professeur à l'université d'Alger, mis à part certains secteurs, à l'instar de l'éducation, le bilan de la représentation politique de la femme en Algérie est très mitigé, donc insignifiant. Les causes sont multiples, d'après l'oratrice, qui affirme que si l'égalité des citoyens est garantie en vertu de l'article 29 de la Constitution, cependant, il y a une égalité formelle (juridique) qui s'accompagne d'une inégalité réelle. Pour elle, l'article 31 bis de la Constitution révisée va permettre peut-être la promotion de la représentation politique de la femme. Cet article, qu'elle qualifiera de révolutionnaire, est le fruit d'une volonté politique. Elle soulignera la nécessité de s'éloigner du mimétisme et de revenir à la réalité algérienne, lors de la conception de la loi organique pour sa mise en œuvre. Les partis politiques sont, quant à eux, invités à y participer et à faire en sorte que cette loi ne soit pas une redondance décorative. Cette journée d'étude a été l'occasion d'aborder l'expérience des Emirats arabes unis, qui offrent un exemple de développement rapide dans la région. La coordinatrice du département international du ministère de l'Egalité espagnol a présenté le cas de ce pays. A. R.