Il est dur, très dur d'attendre les résultats d'un examen qui décide de l'avenir des dizaines de milliers de lycéens. Walid a mal au foie, Nassima ne dort plus, perd tous ses moyens et Ikram a la colique. Et pour cause, les résultats des épreuves du BAC, c'est dans environ dix jours. Combien seront-ils parmi les 450.000 candidats au BAC, ceux qui pousseront un soupir de soulagement le jour de l'annonce des résultats? Rassurés par le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, ayant affirmé que le taux de réussite sera meilleur que celui de l'année précédente, ces candidats vivent des journées de stress intense. Les heures semblent interminables pour ceux qui sont impatients de connaître le verdict. «Je crains que mon coeur cesse de battre le 10 juillet. Me concernant, c'est vaincre ou périr car je n'aurais jamais le courage de refaire mon BAC après deux tentatives», dévoile Mounir du lycée El Idrissi, à Alger. Dure sera l'attente. Comme hypnotisé, il s'adosse quotidiennement aux murs de l'établissement au sein duquel il a passé 4 années pour voir vite passer le temps qui semble faire une halte. «A plus de deux semaines des résultats, je plonge déjà dans le désarroi, les insomnies et, ipso facto, les cauchemars», enchaîne notre interlocuteur. Etrange, c'est «l'abordabilité» des sujets qui font douter ce candidat inscrit en série lettres. Apostrophé sur sa réaction en cas de succès qu'il considère aujourd'hui comme un rêve, Mounir, taciturne, répond: «ça sera un acquis pour moi et notamment pour mes parents». Les candidats sont différents mais leur inquiétude demeure la même. Brillant durant son cursus, Abdelaziz exclut tout mauvais résultat de son pronostic. L'Apollon, comme ses camarades aiment l'appeler, compte être parmi les meilleurs qui seront récompensés par le président de la République. «Ne voyez-vous pas qu'on a le même prénom?», dit-il amusé. Réussir ou ne pas réussir, c'est la question qui taraude les esprits de l'ensemble des candidats. Après une dizaine d'années de scolarité, cette frange sera soumise à un test capital, le vrai, qui permet d'ouvrir grandement les portes de l'université. Ce qui est surprenant, ce sont ces cancres qui croient à une éventuelle surprise. Ayant passé un Bac en série sciences expérimentales, une spécialité hors de sa portée selon ses dires, Asma d'Alger affirme qu'une lueur d'espoir, aussi minime soit-elle, existe toujours. «Médiocres durant toute l'année, des candidats ont surpris au baccalauréat. Pourquoi pas moi?», se demande-t-elle. Si pour elle le stress de voir son nom sur la liste affichée le jour J dans son établissement n'est qu'un simple détail, tous les autres candidats se tiennent déjà le ventre. Difficultés des sujets pour certains, pièges et erreurs rencontrés dans les sujets pour d'autres, l'attente est un exercice pénible. «Comme si on a la tête sous une guillotine», ajoute Walid du lycée Okba. Dans notre tournée, le hasard nous a permis de rencontrer un candidat ayant exigé un anonymat, qui rêve de décrocher la palme. Tout souriant et ayant une tête semi-dégarnie comme celle d'un intellectuel chevronné, il nous répond en ces termes: «Je serai le meilleur, j'en suis convaincu. Et si malheur il y a, mon nom figurera parmi les lauréats dont le nom sera écrit en lettres d'or.» Le 10 juillet, jour de l'annonce des résultats par SMS, approche à grands pas. Les coeurs des candidats et de leurs familles battent la chamade. «Connaître son sort suite à un simple message envoyé, peut s'avérer fatal», estime Ouarda, candidate pour la première fois dans le nouveau système. Bien qu'il demeure un moyen classique, l'affichage des résultats demeure le système le plus fiable aux yeux des élèves. Même si certains avaient connu leurs résultats par SMS avant l'affichage des tableaux dans les établissements scolaires, ils préfèrent se ruer vers leurs lycées pour s'en assurer. Pour le stress ayant précédé le début des épreuves du baccalauréat, les candidats ont eu recours à d'autres solutions tels des excitants, des vitamines concentrées, des stimulants de la mémoire qui ont failli causé -pour certains - un «Tchernobyl» physiologique. Cette fois-ci, ils attendront patiemment en espérant figurer parmi les grands vainqueurs.