Durant une heure et quart, le public a voyagé à travers le passé de son continent aux mille et une histoires. Magique! Magnifique! Extraordinaire! Inédit! Merveilleux! C'est en ces termes que commentaient les uns et les autres le spectacle à la sortie d'ouverture officielle du Festival panafricain qui a eu lieu dimanche soir au complexe sportif Mohammed-Boudiaf du 5-Juillet. «C'est le plus beau spectacle auquel j'ai assisté», concède, avec émotion, un représentant du corps diplomatique à Alger. Le spectacle était un chef-d'oeuvre au sens propre du mot. Le chorégraphe de renommée internationale Kamel Ouali a excellé dans la mise en scène en confectionnant un agréable tableau aux couleurs chatoyantes, de sons et d'images vivantes. Durant une heure et quart, il a retracé l'histoire de l'Afrique, invitant le public à voyager à travers le passé de son continent. C'est dans un décor ultramoderne, orné de sculptures d'Afrique et de lumières étincelantes, que le spectacle se déroule sur la scène. Le début a été marqué par un tableau sobre mettant en avant une carte de l'Afrique autour de laquelle, un vieux conteur accompagné d'un garçon, introduisit la longue histoire de ce continent. Enchaînant sur les événements historiques, des cavaliers en costumes traditionnels algériens ont fait leur entrée sur le plateau, illustrant ainsi les luttes populaires. De l'esclavagisme passant par le colonialisme jusqu'à l'ère des révolutions et la promotion des libertés, le spectacle raconte les souffrances de tout un continent pendant des siècles. Ce scénario a été monté avec des couleurs et des rythmes de la musique africaine des mouvements artistiques raffinés qui véhiculent les traditions des peuples des 53 pays. La scène était devenue éblouissante avec la présence des stars comme la diva Warda, Césaria Evora et Yousendour. «Le spectacle n'a rien à envier à ceux de Hollywood», commente une jeune fille, fan du 7e art. Incontestablement, le spectacle était inédit. Il y avait de tout, de l'histoire, de la musique, de la danse et de la poésie, de la peinture, de la sculpture. Le metteur en scène a utilisé tous les ingrédients humains et matériels pour offrir une image vive et réelle de ce continent. Le scénario a été au-delà de l'Afrique pour donner un aperçu sur la vie en Amérique au moment où le peuple africain se démenait des affres du colonialisme. Samedi soir, l'enceinte du complexe sportif s'est transformée en une carte de géographie de l'Afrique dans toute sa diversité culturelle. Malgré la chaleur, les invités ont vécu ces moments avec une grande émotion mélangée de chagrin, de joie et de plaisir. Sur place, le verbe s'est éclipsé pour laisser place à la contemplation et à l'émotion. Attirés par les chants rythmés de l'Afrique, les ambassadeurs ne se sont pas retenus et ont synchronisé leurs gestes en parfaite symbiose. Les ministres ont, eux aussi, fortement applaudi les danseurs. Le public a failli perdre son sang-froid L'allocution du Président de la République, lue par son représentant personnel a fait suer l'assistance. Etouffés par la chaleur et irrités par la lenteur du discours, le public n'a pas dissimulé ses réactions et ce, par des sifflements. D'ailleurs, l'interlocuteur a coupé cours à sa lecture. Dans son discours, le Président a rendu un vibrant hommage aux leaders, penseurs, artistes, écrivains et hommes de culture qui ont marqué l'histoire du continent africain, relevant que la dépendance est d'abord culturelle avant d'être économique. De son côté, le président de la commission de l'Union africaine, M.Jean Ping, a déclaré: «Ce festival sera une occasion pour sceller un socle social et culturel pour les échanges entre les pays africains». L'éminente question Où est le Président? Pourquoi n'est-il pas venu? Ce sont les questions qui tracassaient plus d'un. Alors que tous les invités et les VIP étaient présents avant l'heure, l'hôte de la cérémonie, en l'occurrence le Président de la République était le grand absent. La lecture du discours par M.Abdelaziz Belkhadem a étonné toute l'assistance qui commençait immédiatement à scruter la moindre information sur ce changement de dernière minute. Sur place, le décor et la présence de la garde rapprochée du Président n'ont laissé aucun doute quant à la présence du chef de l'Etat. «Ce n'est pas normal, il doit y avoir une forte raison», commente un des organisateurs. «On s'est donné à fond pour la réussite de cet événement», regrette-t-il. Effectivement, le Président était au chevet de sa mère décédée quelques heures plus tard.