La circulation a été interrompue dès les premières heures de la matinée. Hier, dès la matinée, les jeunes de la cité Bâtiments bleus, au centre-ville de Tizi Ouzou, ont recouru à la fermeture de l'axe routier qui mène vers l'entrée de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Selon l'aveu de ces derniers, le choix de cette journée d'ouverture du Festival est une occasion pour attirer les élus et les responsables locaux sur les problèmes de leur cité. Juste devant le portail et sous les affichages du festival, les pneus brûlaient. La fumée parvenait jusque dans les boulevards de l'autre côté de la ville des Genêts. La circulation a été interrompue dès les premières heures de la matinée et ce jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre qui ont convaincu les jeunes de mettre fin à leur action. Ce n'est cependant que partie remise car les jeunes, après avoir attendu vainement un responsable de la commune, sont revenus à la charge. «Ils nous ont promis qu'un responsable arrivera et vous voyez, qu'il n'y a encore personne», affirmait un jeune, déçu par cette fausse promesse. Ce n'est que vers midi que les jeunes ont été reçus par le directeur de l'OPGI propriétaire de l'immeuble qui vit les problèmes soulevés par les habitants. Pourquoi faut-il brûler des pneus et fermer les routes pour se faire entendre par les responsables locaux? Juste à côté de la Maison de la culture qui abrite le Festival arabo-africain des danses et des cultures populaires, une autre culture est naissante. Du côté des cités et des villages, les populations sont en train d'apprendre petit à petit que les responsables locaux n'ont pas la culture du dialogue. Il faut de la violence pour attirer leur attention et écouter les doléances de ceux-là même qui les ont élus un jour. Après des années aux commandes des communes et autres, ils n'ont hélas, pour leur majorité, apporté qu'une nouvelle culture: la violence en lieu et place du dialogue apaisé. En effet, les habitants des bâtiments Bleus ont plusieurs fois adressé des demandes auprès de la mairie de Tizi Ouzou pour intervenir face à la dégradation de leurs habitations. Les responsables du comité de quartier affirmaient que les fondations de tout le bâtiment sont menacées. Les conséquences sont visibles dans la cour: des fissures très dangereuses se multiplient jour après jour. Après des années d'attente et de sollicitations vaines, les jeunes ont adressé, il y a un mois, un courrier à toutes les parties pour les avertir des actions à venir, faute d'écoute et d'attention. Hier donc, ces derniers ont poussé les responsables à discuter directement de leur problème alors que cela aurait bien pu se faire, il y a des jours, des semaines ou des mois, si ce n'était une question de culture.