Le débrayage est venu consécutivement au non-aboutissement des négociations du partenaire social avec la direction générale. Les gares routières et arrêts de bus étaient hier noirs de monde. La tension y est à son comble. Elle a culminé sur des bousculades et des bus bondés de voyageurs, notamment à l'heure de pointe. Pour cause, l'appel de la Fédération nationale des cheminots à une journée de protestation a été «largement suivie par tous les services confondus du réseau de la Sntf», selon un membre fédéral de la Fédération nationale des cheminots, Abd El Kader Sid, contacté hier par nos soins. Le taux de suivi était «de 100%» indiquera notre interlocuteur, avant de poursuivre: «Il y a un seul autorail rapide (Alger-Oran) qui a quitté le quai tôt ce matin, mais en ce moment encore, soit à la mi-journée, ce dernier est resté bloqué au niveau de la gare d'El Harrach à défaut d'aiguilleur qui devra donner la signalisation.» Le débrayage est venu suite au non-aboutissement des négociations du partenaire social avec la direction générale de la Sntf. Ces négociations ont été entamées après la grève du 4 avril dernier suite à l'engagement de l'entreprise à étudier et examiner les revendications des travailleurs. Ainsi, trois mois après le commun accord portant sur l'ouverture des négociations sur le projet dit «Indifoc» dégagé entre la Fédération syndicale et la direction générale sur proposition de cette dernière, le conflit n'a pas trouvé son épilogue. Ledit projet s'articule autour de la nouvelle grille des salaires, la classification des postes de travail et le déroulement du plan de carrière. Le point d'achoppement sur lequel a buté le projet est lié à la nouvelle grille des salaires. Le dossier de salaires «date de l'année 1996» dira, dépité, Abd El Kader Sid. Après trois mois d'attente, il n'y a pas eu «de résultats escomptés», martèle M.Sid, et d'ajouter: «On a l'une des plus faibles grilles de salaires avec une fourchette de 12.000 à 16.000 dinars», souligne-t-il encore. Allant dans le même sens, M.Boulmia, un conducteur mécanicien de son état, dira: «Jugez par vous-mêmes la dégradation de notre situation: après 25 ans d' expérience, le salaire de base d'un conducteur principal peine à excéder les 14.300 DA.» Toutefois, tout en mettant la mésentente sur le compte d'un seul point d'achoppement, à savoir la nouvelle grille de salaires, le directeur des ressources humaines de la direction générale de la Sntf, en l'occurrence M.Tikhlit expliquera que «sous peine de structurer davantage l'entreprise, nous ne pouvons pas satisfaire cette revendication telle qu'elle est exprimée». Ce dernier, qui refuse de voir à travers cet énième débrayage un quelconque signe de rupture entre les deux parties, soulignera qu'en cette journée même de protestation «les négociations se poursuivent». De plus, «les négociations engagées à plusieurs niveaux, à savoir la gestion, la formation, l'amélioration des conditions de travail et le volet médical, se sont sanctionnées par la satisfaction sur différents points», observera le DRH. Par ailleurs, la solution au problème de la Sntf dépendra beaucoup plus des pouvoirs publics que de la seule direction de l'entreprise. Le ministre des Transports, M.Amar Tou a révélé récemment que «le déficit de la Sntf est évalué à 6,5 milliards de DA et que le gel des découverts atteint les 13,6 milliards de DA». Le volume des découverts est de «20 milliards de DA pour les dettes d'exploitation et 34 milliards de DA pour les dettes de l'aide à l'investissement», a indiqué le ministre. Ceci démontre les multiples difficultés auxquelles fait face la Sntf. Néanmoins, dans le cadre de l'assainissement des dettes de cette entreprise, le ministre a déclaré récemment que «l'Etat est prêt à effacer les dettes de la société et de la subventionner, mais à condition qu'elle atteigne ses performances». Enfin, durant cette journée de protestation «le service minimum est assuré par l'encadrement de l'entreprise» selon le DRH.