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A quoi ressemble le quotidien d'un salarié
AVEC LA CHERTE DE LA VIE ET DES SOINS
Publié dans L'Expression le 12 - 07 - 2009

Ce père de famille est employé de bureau dans une administration publique depuis plus de 10 ans. Il touche 17.000 DA mensuellement.
Les effets de la crise économique mondiale commencent à se faire sentir chaque jour un peu plus. Même si pour certains, ces effets sont déjà aux limites, pour d'autres, ce n'est pas demain la veille que la vie changera. Avec un salaire oscillant entre 12.000 et 17.000, les travailleurs arrivent à peine à couvrir les dépenses du mois. Cela, s'ils ont la chance de ne pas recevoir les factures de téléphone, de gaz, de l'électricité ou celle de l'eau.
Pour voir de plus près cette dramatique situation, suivons le quotidien d'un père de famille ayant à sa charge une femme et trois enfants dont l'un est très malade. Ce père de famille est employé de bureau dans une administration publique depuis plus de 10 ans. Il touche 17.000 DA mensuellement, ses enfants sont tous scolarisés. Aujourd'hui, il a presque 50 ans et il n'a jamais exercé convenablement le métier pour lequel il a été formé durant quatre années d'études supérieures à l'université d'Alger. M.Mohemed a fait des études de communication. C'est au quotidien El Moudjahid qu'il passera son stage de formation avec succès. «C'est avec beaucoup de difficultés que j'arrive à finir le mois, parfois avec des dettes, j'ai un fils malade, il a besoin de soins sans arrêt, des factures et les dépenses pour la nourriture avec mon salaire, croyez-vous que je puisse souffler?», s'est-il confié et de poursuivre: «ça fait des années que je ne me suis pas acheté quelque chose, même pas à ma femme, si mon salaire n'est pas dépensé pour les enfants c'est l'Etat qui le reprend...des fois j'ai envie de fuir, mais bon! je refuse que la lâcheté ait raison de moi.»
M.Mohamed dépense en général 300 DA par jour, pour acheter du lait et du pain et assurer un repas modeste à sa famille. Une partie de son salaire est partagée entre les soins et les médicaments pour son fils, lesquels lui coûtent 3000 DA pratiquement chaque semaine, ce qui lui fait une facture qui se situe entre 8000 et 12.000 DA de soins et médicaments par mois. Mais réussira-t-il à régler ces dépenses? «Je suis quelqu'un de très économe et mon épouse m'aide beaucoup. Le plus important pour moi c'est la santé de mon fils et la réussite de mes enfants, les factures viennent bien après et je m'arrange à consommer peu d'électricité, d'eau et le téléphone, ce dernier est utilisé uniquement dans les cas urgents», dit-il avant d'ajouter: «Généralement, j'ai entre 4000 et 6000 DA de factures parfois je m'en sors juste et parfois je suis obligé d'emprunter de l'argent quand il y a des imprévus.» Journaliste de formation, Mohammed n'exercera jamais son métier et c'est dans un bureau qu'il se retrouvera pour gagner sa vie et tenter de subvenir aux besoins de sa famille. Pourtant, cet employé de bureau a un véritable don pour l'écriture. Le destin en a décidé autrement. Voilà donc à quoi ressemble aujourd'hui la vie d'un salarié, universitaire. On en a rencontré des cas encore plus graves. Comme celui de cet administrateur qui perçoit 12.000 DA/mois. Sachant qu'il est père de deux enfants, il a, en plus, à sa charge, l'épouse et sa mère. Pour ce père de famille, la vie est de plus en plus dure et c'est le moins que l'on puisse dire.
«Comment voulez-vous vivre dans les normes quand le citron est devenu un luxe, 200 DA le kg.» «Ne vous étonnez pas que mes enfants n'aient pas goûté a la viande alors qu'ils sont en plein croissance. Que dire des fruits, il faut même pas rêver.» Beaucoup de personnes vont s'identifier en découvrant ces faits et se poseront la question de toujours: la faute a qui? A l'Etat? A la passivité de la société qui ne réagit pas? Aux commerçants cupides qui courent après le gain facile au détriment de la population? A la crise financière mondiale? Ou bien sont-ce toutes ces causes qui provoquent l'instabilité économique et la pauvreté de plus en plus avérée? Ils sont nombreux les spécialistes qui se sont penchés sur la question pour tenter de répondre à un contexte qui s'est imposé impérativement à l'encontre de la société, mais ceux-là mêmes ont réussi à expliquer les causes et les effets mais malheureusement aucun n'a réussi à répondre aux questions des nouvelles donnes.
La couche moyenne qui a marqué la stabilité économique du pays durant de nombreuses années a presque disparu, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres plongent au fond du gouffre.
Des solutions provisoires sont souvent proposées par l'Etat, cependant dans le pays beaucoup pensent qu'il a besoin d'une vraie révolution économique pour que la société puisse retrouver ses repères. Car nul n'ignore que la pauvreté est capable d'engendrer de graves conséquences, notamment pour un pays qui a été gâté par la nature en matière de richesses naturelles.
Cela dit, plus de la moitié de la population algérienne vit à la limite du soutenable. Des familles qui comptent en leur sein des diplômés universitaires n'arrivent même plus à répondre aux besoins essentiels de la vie. Il n'est pas étonnant donc de voir des jeunes prendre le large à leurs risques et périls, en quête d'une vie décente et d'une stabilité financière.


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