La culture africaine «émane de nos concepts et s'enracine profondément dans l'histoire en tant que culture universelle dynamique», a-t-il dit. Le coordonnateur de la délégation soudanaise participant à la 2e édition du Festival culturel panafricain qui se tient jusqu'au 20 juillet à Alger, M.Mohamed Hussein Al Fekki, a qualifié cette manifestation d'«évènement culturel historique». M.Mohamed Hussein Al Fekki a indiqué à l'APS que 40 ans après la tenue à Alger de la 1re édition du Festival culturel panafricain, l'Afrique se relève une deuxième fois pour dire au monde qu'elle «dispose de sa propre culture, quelle est capable de l'exprimer par ses propres moyens et à travers des arts purement africains». «Ce festival réaffirme la diversité de la culture africaine et l'apport des arts africains dans l'enrichissement de la cartographie culturelle mondiale», ajoute M Mohamed Hussein qui est également plasticien et enseignant à la faculté des arts appliqués à Khartoum. C'est-là incontestablement «tout le génie» du festival appelé à opérer le passage de la dépendance culturelle aux pays européens à une spécificité culturelle purement africaine, a-t-il ajouté. Après avoir mis en avant la richesse et la diversité de la culture africaine, M.Mohamed Hussein a précisé que la culture africaine «émane de nos concepts et s'enracine profondément dans l'histoire en tant que culture universelle dynamique». Concernant la participation du Soudan à cette fête africaine, il a précisé que son pays respecte les décisions émanant des recommandations du comité préparatoire du festival ajoutant que «notre premier souci est que nos arts puissent refléter ce qu'on appelle - le cycle de vie - c'est-à-dire "naissance-mariage-décès" et le rituel qui marque chacune de ces étapes». S'exprimant sur la spécificité de la culture soudanaise, le coordonnateur soudanais cite en exemple les rites accompagnant les mariages dans son pays qui compte plus de 150 tribus, d'où la diversité culturelle en la matière mais aussi dans d'autres domaines telle l'accession au trône au niveau de ces tribus, notamment dans le sud du pays et la dominance de la doctrine soufie au nord. Evoquant les dimensions arabo-musulmane et africaine de la culture soudanaise, M.Mohamed Hussein a affirmé que la culture soudanaise était caractérisée par la tolérance entre les religions qui s'expriment de manière indépendante sans choc ni animosité. Concernant l'image du Soudan liée aux conflits et guerres, l'intervenant a précisé que les médias occidentaux ont joué un grand rôle en matière de diffusion de cette image «à des fins purement politiques». Certaines parties tentent de faire de la langue arabe un moyen de discorde alors qu'elle constitue la langue commune à tous les soudanais, ajoute M.Mohamed Hussein. Par ailleurs, le plasticien n'a pas manqué de mettre en relief l'art plastique, soulignant la nécessité de faire une distinction entre l'art plastique en tant que concept européen et l'art décoratif qui n'est autre qu'une pratique ancrée dans la vie de tous les jours. Pour ce qui est de l'art plastique, il a précisé que les tableaux sont généralement abstraits pour les profanes qui sont plutôt initiés dans les arts décoratifs, présents dans la vie de tous les jours à travers les décors et sculptures des maisons. A une question sur la difficulté de dépasser le caractère local des artistes soudanais en particulier et africains en général, le coordonnateur de la délégation soudanaise souligne: «Notre problème est que nous ne savons pas nous présenter aux autres...et nos médias son incapables de nous présenter comme il se doit». Pour ce qui est du Soudan, «les plus grandes oeuvres artistiques dans les domaines de la littérature, de la poésie ou de l'art plastique ont été produites par des Soudanais à l'étranger», à l'image de l'écrivain feu Tayeb Salih dont les oeuvres «ont été connues à l'étranger avant d'être présentées au Soudan», notamment son roman Saison de la migration vers le nord, l'un des cent meilleurs romans du XXe siècle et traduit dans plus de 20 langues.