Les salariés sont loin d'être des champions de la productivité mais ils ont obtenu une augmentation des salaires. Sur les 7000 travailleurs d'Arcelor Mittal, seulement 3500 d'entre eux interviennent dans le coeur du métier. En outre, la productivité est loin d'être le point fort de ces travailleurs, comparativement aux normes admises dans le monde des aciéries. Ces déclarations ont été faites hier à l'hôtel Sheraton, lors de la conférence de presse organisée par le nouveau directeur général du complexe, Vincent Le Gouic. Ce dernier a aussi évoqué le pacte d'entreprise signé avec les représentants des travailleurs pour encadrer leurs relations avec l'entreprise. Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat des travailleurs, a indiqué en marge de la conférence que la direction du complexe a consenti à satisfaire leurs revendications salariales. Le pacte, engobant des questions autres que le dossier des salaires, a été signé entre les deux parties le 9 juillet dernier et prévoit une augmentation des salaires et des primes à hauteur de 35%. Le directeur du complexe, Vincent Le Gouic, a souligné que d'autres mesures pourraient être prises au sein de l'entreprise dans le domaine social. Il n'exclut pas des départs volontaires si la nécessité se fait ressentir. Signe des tensions toujours persistantes entre la direction générale et le syndicat, Kouadria a nié devant la presse qu'une telle probabilité soit à l'ordre du jour. Même Vincent Le Gouic n'a évoqué cette possibilité que dans le cadre d'un plan de redéploiement des ressources humaines. Selon lui, la productivité de son usine est très en deçà des normes admises dans le secteur. Mais, ajoute-t-il la compression des effectifs n'est pas à l'ordre du jour car la nécessité d'augmentation des capacités de production permet de garder les travailleurs à leurs postes. Le directeur général est conscient que la demande en Algérie des produits en acier est très importante. Arcelor Mittal ne couvre d'ailleurs que 25% de la demande en rond à béton (produits longs dans le jargon des aciéries). 600.000 tonnes sont produites actuellement. Il précise alors qu'il n'y a pas lieu de parler de monopole. Il va même jusqu'à dire que 200.000 tonnes de cette marchandise sont entreposées dans les ports algériens. L'ensemble de la production du complexe, tous produits confondus sera de 750.000 tonnes en 2009 contre 650.000 en 2008 et 1,3 million en 2007. L'usine fournit également 50.000 tonnes de tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière. En 2008, il y a eu deux convertisseurs (transformant la fonte sortie des hauts fourneaux en acier) qui ont explosé, ce qui explique la chute de la production. 12 millions de dollars sont nécessaires pour l'achat de deux nouvelles machines qui seront disponibles en janvier prochain pour reprendre la tendance vers une hausse de la production, selon le directeur général. La capacité du complexe est de 1,8 million de tonnes. La matière première est fournie par la mine algérienne, ce qui fait qu'Arcelor Mittal n'importe rien pour sa production et n'exporte rien, car la demande locale est encore loin d'être satisfaite. La crise n'a donc pas touché le groupe en Algérie, ce qui n'est pas le cas dans le reste du monde. En Europe de l'Ouest, la réduction de la consommation est de 50% si l'on compte le déstockage. Cette crise a fait que les prix de la tonne de rond à béton ont baissé de 1200 à 600 dollars dans l'ensemble du pourtour méditerranéen. Ces donnes liées à la production ne sont pas sans impact sur l'organisation du travail car l'entreprise doit réaliser des performances. Or, les 7000 travailleurs ne sont pas assez performants. Seulement 3500 d'entre eux sont exploitants alors que d'autres activent dans des domaines non liés directement au métier de l'acier. Revenant sur le pacte de l'entreprise, le directeur général et le secrétaire général du syndicat ont souligné qu'il a été décidé la constitution d'un comité d'éthique pour prévenir les crises au sein du complexe. L'allusion est faite aux affaires de détournement des déchets ferreux, par exemple. Désormais, le complexe veut parvenir à une transparence plus accrue dans sa gestion mais pas nécessairement à une bonne communication. Le directeur général a reconnu lui-même, qu'il n'est pas très doué dans l'utilisation du micro. Le directeur général a aussi évoqué le projet de réalisation d'une usine à Jijel mais sans donner d'échéances. Il estime que ce ne sont pas les mesures du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, imposant au capital étranger de s'associer avec des nationaux à 51%, qui va entraver ce projet. Selon lui, il n'y a pas que l'investissement qui détermine la performance de l'entreprise car la gestion est une autre donne non moins importante.