Redoublement des attaques, nombre record de soldats étrangers tués: la flambée de violence augure du pire à quelques semaines de l'élection présidentielle en Afghanistan, que les talibans se sont juré de faire dérailler, estiment les experts. «Depuis le début, nous avons dit que nous nous attendions à ce que les rebelles profitent de cette période électorale pour faire passer leur message. Ils ne veulent pas voir ce gouvernement réussir, ils ne veulent pas que les gens aillent voter», a averti le contre-amiral Gregory Smith, porte-parole du commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal. A un mois des élections présidentielle et provinciales du 20 août, les violences ont atteint des niveaux inégalés depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis. Malgré la présence de près de 90.000 soldats étrangers dans le pays, les insurgés parviennent toujours à mener des attaques et infliger de lourdes pertes, civiles et militaires. Encore samedi, les talibans ont lancé une équipe de kamikazes à l'assaut de Khost (sud-est). Un civil a été tué et 17 personnes blessés dans cette attaque, la troisième de ce type en cinq jours dans un pays ravagé par des décennies de guerre et secoué par une insurrection islamiste. «De nouveau, de très graves problèmes de sécurité se font jour dans le Sud et l'Est de l'Afghanistan», souligne Haroun Mir, expert auprès du Centre afghan de recherche et d'études politiques à Kaboul. Ces attentats démontrent que «des éléments issus des rangs d'Al-Qaîda ou des talibans veulent perturber les élections», dit-il. Selon un site indépendant, qui recense les pertes militaires en Irak et en Afghanistan, 67 soldats étrangers sont morts depuis le début du mois de juillet sur le sol afghan, un nombre jamais égalé depuis 2001. La quasi-totalité des victimes de juillet ont été tuées par des engins explosifs artisanaux. L'envoyé spécial des Etats-Unis pour le Pakistan et l'Afghanistan, Richard Holbrooke, avait admis samedi à Kaboul l'ampleur de la tâche et le fait que l'organisation des élections serait «extraordinairement difficile». Des élections «sont difficiles à organiser en toute circonstance, et les tenir pendant une guerre est extraordinaire. (...) Aucune élection ne peut être parfaite et cette élection est confrontée à des défis nombreux et complexes», a-t-il mis en garde. Car même dans les districts où les forces étrangères ont réussi à déloger les talibans, la tenue d'un scrutin ne va pas de soi. «Ce secteur a été longtemps aux mains des talibans», faisait par exemple remarquer le ministre afghan chargé de la lutte contre le trafic de drogue, le général Khodaidad, lors d'un déplacement dans le district de Garmsir (province du Helmand).